Voici un roman policier captivant, une addiction littéraire dont l’effet est irrésistible. Je n’ai pas vu les heures passer, engloutie par la lecture. L’intrigue, bien qu’elle puisse sembler simple en apparence, est d’une ingéniosité machiavélique qui nous happe et ne nous libère qu’à la fin.

Deux fillettes âgées de neuf ans, Charly et Amy, meilleures amies inséparables dans la vie quotidienne sont brusquement kidnappées. Chargée de cette enquête sombre et complexe, l’inspectrice Kim Stone prend les rênes avec une équipe hétéroclite à ses côtés. Un SMS glaçant parvient aux parents : « Votre enfant ne rentrera pas à la maison aujourd’hui ». Puis survient un second message textuel encore plus effrayant: celui qui propose la plus grosse somme pour son enfant le reverra tandis que l’autre mourra. Quel cauchemar pourrait être pire pour ces familles que de voir leurs enfants transformés en lots d’une enchère macabre ? La tension atteint son apogée sous ce climat anxiogène. Ce thriller m’a fait penser au livre poignant de Barbara Abel – Derrière la haine (voir ci-bas dans les recommandations).

Grâce à la plume fortement psychologique et immersive de l’auteure Angela Marsons, on se glisse facilement dans la peau des parents désespérés. On pressent naturellement le traumatisme que ce retournement de situation va provoquer pour les deux familles impliquées dans cette enquête inquiétante.

Il y a beaucoup d’éléments que j’ai adorés dans ce livre. Les chapitres courts ont maintenu mon intérêt vif tout au long du récit en me faisant murmurer : « Juste un chapitre de plus » (ce qui résultait souvent en cent pages dévorées jusque tard dans la nuit). Les différents points de vue narratifs enrichissent le récit : les deux familles déchirées par le drame / l’équipe policière menée par Kim Stone dont le passé trouble ajoute une touche supplémentaire d’épice et de mystère à l’intrigue / Charly et Amy prise au piège dans cette terrifiante captivité / les ravisseurs – véritables psychopathes tortionnaires dont la psychologie est suffisamment développée pour comprendre leur attrait malsain pour la violence.

Cependant, j’ai regretté que l’histoire familiale des deux petites filles n’ait pas été explorée davantage. J’aurais souhaité plus d’introspection sur leurs sentiments face à cette ambiance sinistre. Cette profondeur manquait légèrement selon moi. Certaines scènes violentes étaient également assez extrêmes (que je qualifierai « d’interdites aux moins de 18 ans »). La scène sexuelle du prédateur me semblait superflue même si elle contribuait certainement à marquer les esprits et à cerner sans concession l’inhumanité cruelle d’un des prédateurs.

L’inspectrice Kim Stone est brillamment portée à notre connaissance. Son caractère bien trempé nous rend instantanément attachés à elle et les révélations distillées tout au long du récit sur son passé ajoutent une dimension touchante à son personnage. C’est une jeune femme célibataire qui vit seule avec son meilleur ami canin nommé Barney. La scène où elle retrouve son chien dans le livre est particulièrement émouvante en offrant une accalmie bienvenue au milieu de cette atmosphère chargée où chaque individu est sous haute tension.

Avec ses différents points de vue narratifs précisément choisis, ses chapitres courts intensifiant le suspense, une intrigue palpitante sans aucun temps morts et l’amour maternel en toile de fond (bien que j’aurais aimé qu’il soit davantage exploré), Petites filles perdues s’impose comme un roman policier efficace qui marque durablement chaque lecteur audacieux qui ose ouvrir ce récit diabolique.