La perte d’un être cher, un parent, un ami, un enfant, voici une petite liste de livres qui traitent de ce thème afin de vous apporter un peu de réconfort. Des livres qui m’ont touchée en plein coeur. Je parle également de tout ce qui attrait au deuil, que ce soit une séparation (sentimentale) ou un décès. Vous aurez aussi la possibilité de déposer un mot à la fin de cette page en souvenir d’une personne proche et aimée, disparue trop tôt. Que cette liste de livres soit source d’apaisement vous qui traversez une épreuve douloureuse.
Je souhaite aux gens de mourir en aimant.
D’aimer mille fois et toujours plus.
De tout oublier sauf qu’ils ont aimé comme on les aimait.
Samuel Benchetrit
La nuit avec ma femme
Ce qui fait du mal, dans une rupture, ce n’est pas l’absence d’une présence, mais la présence d’une absence.
Yann Moix
Rompre
La nuit avec ma femme
Samuel Benchetrit
Editions Plon; 25/08/2016; 200 pages
4è de couverture
Un homme ouvre son cœur à sa femme disparue sous les coups d’un autre, venue le visiter le temps d’une nuit. Un voyage intérieur poétique, âpre et intime.
» J’ai passé plus de temps que toi sur cette Terre. Et notre différence, c’est que moi, je t’ai perdue. C’est parce que j’ai continué à vivre que je le sais. J’ai voulu être seul souvent pour être avec toi. Il faut bien donner son temps aux amours invisibles. S’en occuper un peu. Encore maintenant je me demande comment tu vas. Ce que tu fais. Je cherche de tes nouvelles. J’invoque la colère pour que tu la calmes. Quelques rires où tu me rejoindrais. Et le soleil a changé, puisqu’il manque une ombre. Mais je suis heureux. Et c’est à ton absence que je dois de le savoir. «
La nuit avec ma femme
13/03/2019
Mon avis
C’est avec beaucoup d’émotions que je m’apprête à rédiger ce billet…
Samuel Benchetrit et Marie Trintignant ont été en couple plusieurs années. de cette union est né un petit garçon, Jules. Marie quittera Samuel pour les bras de Bertrand Cantat. Ce dernier ayant toujours eu du mal à contenir sa jalousie et sa violence, il acceptera difficilement le passé de Marie avec Samuel. le 1er août 2003, Marie Trintignant décède des suites de ses blessures sous les coups de Bertrand Cantat. Elle laisse orphelin le petit Jules alors âgé de cinq ans.
Ce récit est le cri d’amour et de douleur d’un homme qui se plonge corps et âme dans son histoire avec son grand amour, Marie. C’est beau et puissant.
Beaucoup de virilité dans ce récit d’un homme en colère qui questionne la mort, la vie, les gens, les ombres, qui respire son Amour tout au long de son écriture.
« Les hommes pleureraient s’ils assistaient à l’extinction de la dernière étoile ». Pour Samuel, Marie était la plus belle, la plus émouvante des femmes, une femme attachante et aimante qui s’éparpillait là où l’amour l’appelait.
De l’amour, beaucoup d’amour dans cette nuit avec sa femme.
« L’amour ne meurt pas. Il se réincarne. Tu es ma première. Tu es la naissance en moi. Et en mourant, tu n’as pas emporté l’amour. »
Tout est beau et à fleur de peau, à fleur de mots, à fleur de toi Marie.
Ta mort sera l’alzheimer de l’enfance, de ton Jules. Ta mort sentira dans chaque recoin des hommes que tu laisses. Ta mort est celle de trop, témoignant une fois encore de la faiblesse d’être fort parce que c’est ça quand on cogne sur un chien, un enfant, une femme.
Et après toi, il faudra tuer son enfant et lui massacrer le coeur parce que t’es plus là, que tu ne seras plus jamais là.
Bien sûr qu’il y a aussi de la haine et de la colère pour cet homme qui disait t’aimer mais avec ses bagues aux doigts, il t’a cogné une fois de trop. Mais Samuel laissera les questions de la vengeance et de la justice pour les autres. Cette nuit, tu étais là. Puisses tu entendre cette vibrante déclaration d’amour d’un de tes hommes qui t’a aimé et t’aimera toujours.
Le désir revêt souvent différentes couleurs et nuances. Cette nuit de juillet, pour toi Marie, c’était un noir désir…
J’ai réussi à rester en vie
Joyce Carol Oates
Editions Points, 18 octobre 2012, 552 pages
4è de couverture
Le matin du 11 février 2008, Raymond Smith, le mari de Joyce Carol Oates, s’est réveillé avec un mauvais rhume. Il respire mal et son épouse décide de l’emmener aux urgences où l’on diagnostique une pneumonie sans gravité. Pour plus de sûreté, on le garde en observation. Une semaine plus tard, au moment même où il devait rentrer chez lui, Raymond meurt d’une violente et soudaine infection nosocomiale. Sans avertissement ni préparation d’aucune sorte, Joyce est soudain confrontée à la terrible réalité du veuvage. Au vide. À l’absence sans merci. J’ai réussi à rester en vie est la chronique du combat d’une femme pour tenter de remonter de ce puits sans fond.
J’ai réussi à rester en vie
05/11/2020
Mon avis
Il n’est pas plus tragique de survivre à la perte d’un être cher dans sa matière la plus inattendue. JCO nous confie dans ce récit, le départ soudain de son mari Ray après une pneumonie compliquée.
Elle raconte surtout avec une minutie d’orfèvre les moindres détails du deuil, de la souffrance, du vide. Elle passe les sentiments au peigne fin, son chagrin est gris et palpable face à moi petite lectrice. Inévitablement arrive l’auto médication, ses réflexions sur cette camisole chimique, elle réfléchit au suicide, elle cite Sylvia Plath, donne la parole à Philipp Roth puis les souvenirs reviennent avec Ray. Les jours passent les uns après les autres. Ce n’est pour une fois -et bien appréciable- pas un de ces récits accident – deuil – renaissance. Il y a ici une réelle consistance palpable dans la peine et le vide. J’ai pris le temps de lire ce récit dans cette période charnière. J’ai aimé trouver cet écho que l’être humain n’est pas infaillible, qu’il peut tomber, qu’on peut se dire « souffre, Ray /papa en valait la peine ». J’ai aimé me reconnaître dans ce récit où le chagrin est à sa place. Un peu partout. Dans un chat râleur, un arbre qui refleurit, des amis ou connaissances qui n’ont que faire du chagrin des autres, d’un médecin qui accuse, une tablette de médicaments,… On peut souffrir parce que certaines personnes étaient si importantes et si belles que loin d’elles, le monde semble dépeuplé. L’espoir se joue bien plus tard quand on pourra se dire des mois plus tard comme Joyce, j’ai réussi à rester en vie.
Coccinelle
Florence Belkacem
Editions Le Cherche Midi; 12/03/2020; 144 pages
4è de couverture
Dehors, il fait 5 °C, le temps est gris et venteux. Dans un instant, le prêtre va célébrer la messe d’enterrement de maman. Une coccinelle se pose sur ma main. D’où vient-elle, en ce mois de janvier ?
Quelques semaines plus tard, une deuxième coccinelle surgira, et d’autres encore… J’aimerais imaginer que c’est maman qui se manifeste, et, pourtant, le doute m’assaille. La prudence voudrait que je n’y croie pas, mais, au fil du temps, de nouveaux signes – un papillon, une biche, une bague… – m’entraînent dans un monde parallèle. Comme si les êtres disparus n’abandonnaient pas leurs proches et continuaient à les aider.
Saint Augustin et Victor Hugo auraient-ils raison : les morts seraient-ils « des invisibles, mais pas des absents » ?
Coccinelle
05/05/2020
Mon avis
Coccinelle demoiselle Bête à Bon Dieu Coccinelle, demoiselle Vole jusqu’aux cieux Petit point blanc Elle attend Petit point rouge Elle bouge Petit point noir Coccinelle au revoir Un, deux, trois, voici venir une petite coccinelle. Il fait jour dans la nuit. Quatre, cinq, six, une autre petite coccinelle revient. Il fait froid, c’est l’hiver, mais petite coccinelle est là.
Petite bête du bon dieu, pour Florence, c’est un signe de sa maman récemment éteinte. Quand la mort se voudrait souffrance, grâce à ce récit, la mort ne peut qu’aller se rhabiller. Ouvrez l’oeil, écoutez le chant des oiseaux, la coccinelle a bien plus d’une signification, elle transmet un peu de lumière, elle nous rappelle combien les morts ne veulent pas se laisser oublier. Florence se questionne, elle lit des poèmes, elle lit les pensées des grands philosophes, elle se confronte à un monde qui ne croit pas, elle pose le doigt là où il faut : « Combien d’entre nous prennent encore le temps de se tourner vers le ciel et de suivre un papillon des yeux ? Quand on pense que saint François d’Assise parlait aux oiseaux et que nous nous contentons de les regarder sur un écran » Cette coccinelle est un rendez-vous magique, une petite parenthèse qui s’amarre sur l’âme pour nous redonner confiance, pour nous ouvrir les yeux sur le poumon de la vie. Pour Florence, au décès de sa maman c’est une pluie de coccinelles qui viennent lui chatouiller le coeur. Au décès de son papa, ce sont des rencontres, un papillon, une parfumeuse du joli nom De Claire, qui viennent à elle pour éclairer ses nuits et parer les jours d’une jolie douceur de sentir ses parents près d’elle. Son récit est parfumé de poèmes, de citations qui respirent la joie et l’amour. C’est un récit qui touche et ne peut faire que du bien quand la mort vient chercher ceux qu’on aime. Bernard Werber explorait déjà à merveille la piste de l’au-delà avec l’empire des anges, Florence Belkacem par ses yeux ouverts, son coeur à l’affût et son âme réceptive nous ouvre ici les portes d’un grand royaume : celui où l’amour ne cesse jamais et où le monde de l’invisible n’attend que nous pour recueillir ses nombreux signes et messages ailés.
Furtiva lagrima
Céline Guarneri
28/01/2020; La Trace; 263 pages
4è de couverture
Quelle est cette larme furtive qui coule depuis des années dans le cœur de chacun des membres de la famille Maurand ? Lorsqu’Hadrien apprend que son père, Louis, critique d’art renommé, est plongé dans le coma, il décide de se confronter à son destin balafré. Il part à Lyon retrouver sa famille qu’il a fuie depuis 10 ans.
Mais pourquoi Louis Maurand a-t-il adressé la veille de son accident un courrier à sa femme et a chacun de ses enfants ? Avait-il compris que « la vérité a peu d’amis » ? Qui est cette femme sans ombre, réfugiée sur une île dans la baie de Naples et qui fredonne inlassablement le même opéra ?
Autant de questions qui conduiront les personnages de ce roman poétique à trinquer tous ensemble à leurs ombres et aux humains qui s’y réfugient.
Furtiva lagrima
08/09/2020
Mon avis
À l’image de sa sublime couverture, ce roman est un diamant brut d’où ruissellent des perles de larmes. Furtives car le chagrin est éphémère, puissantes car du chagrin peut naître un chef d’oeuvre quand il s’enracine dans vos veines.
Dans cette famille Maurand, ils sont quatre frères et soeurs. Maxime, l’ébéniste fantôme, Beatrice, la soeur amour, Stanislas, le violoniste bohème et Hadrien le vilain petit canard. Ils ne se voient plus, chacun occupé à sa vie essayant de fuir une enfance difficile auprès d’un père autoritaire et peu démonstratif. Quand le patriarche Louis Maurand, célèbre critique d’art, se retrouve plongé dans le coma suite à un accident de voiture, la famille se retrouve, se rassemble au coeur de ce naufrage des coeurs abîmés. Épouse et enfants recevront une lettre de cet homme que finalement chacun connaissait mal. Ce roman m’a particulièrement émue, passionnée, bouleversée. L’écriture de Céline Guarneri est à la fois intense, gourmande et prodigieuse. Elle dissèque les liens familiaux donnant la parole tour à tour à cette famille marquée autant par l’absence d’un père de son vivant que par la mort de ce dernier. Céline Guarneri évoque le deuil, les non-dits, l’amour, le pardon avec art et délicatesse. Ses personnages sont terriblement attachants, animés, vivants. Ils ne manquent ni de verve, ni de répartie. Plus on avance dans l’histoire, plus la lumière fait force et loi. Furtiva lacrima ou comment accoucher du beau dans les ténèbres du commun des mortels. Flamboyant, magnétique et magnifique.
Tu m’as laissée en vie
Camille Beaurain et Antoine Jeandrey
12/09/2019; Le Cherche-Midi; 128 pages
4è de couverture
Camille rencontre Augustin, son tout premier amour, à 15 ans. Elle qui n’est pas issue du milieu agricole s’installe avec lui à la ferme, où il élève des porcs. Trois ans plus tard, ils se marient. Mais la vie au sein de l’exploitation familiale s’avère tout sauf paisible. Pris entre le travail aux champs, les soins quotidiens apportés aux bêtes, les imprévus sanitaires ou mécaniques, un contexte économique difficile, le couple est étranglé. Très vite, il croule sous les dettes. Après une première tentative, Augustin, âgé de 31 ans, se donne la mort. La fin abrupte d’un quotidien qui devenait insupportable. Comment cet agriculteur, passionné, investi et aimant, a-t-il pu en arriver là ? Y a-t-il des coupables qui l’ont poussé au suicide ? Camille, veuve à 24 ans, témoigne ici avec sincérité de cette misère qui s’est emparée des campagnes au point d’en tuer ses fils.
Tu m’as laissée en vie
06/12/2021
Tu m’as laissée en vie
Camille Beaurain et Antoine Jeandrey
12/09/2019; Le Cherche-Midi; 128 pages
« Tu m’as laissée en vie pour que je témoigne. Tu m’as laissée en vie pour qu’à travers ma voix le pays entier entende la détresse qui secoue le monde paysan. »
J’ose espérer ou rêver qu’après un tel cri du coeur, le monde agricole s’est réveillé sous des cieux plus cléments. Quel drame que celui de cette jeune Camille Beaurain, veuve a 24 ans car son mari Augustin n’en pouvait plus. Assez de la charge de travail incommensurable que subissent les paysans, les imprévus qui chamboulent le quotidien, les fins de mois, les créances, le clivage indécent entre les fermes familiales et les multinationales qui s’en mettent pleins les poches pendant que le producteur s’échine à la tâche pour des pacotilles. Puis cette hostilité, ces visages déshumanisés devant la misère. Ce récit fait froid dans le dos. Il n’est pas larmoyant, il est le reflet d’une réalité aberrante. Un récit qui parle d’amour, d’une histoire d’amour entre un homme et une femme, entre un homme et sa terre. Un récit qui parle de burn out, de désespoir devant l’amour qui ne suffit plus, devant les journées de 16h de dur labeur qui ne suffisent plus. Ils ont beau donner leur maximum, cravacher plus que quiconque, pour eux, ce n’est pas encore assez, l’indifférence, le capitalisme les piétineront quand ils se tiendront à genoux. La colère gronde pour ceux qui restent. Ceux qui subissent. Ceux qui voient. Ceux qu’on voudrait museler. La colère gronde. Parce que la vie ne tourne pas rond. Je lirai pour sure le livre coup de coeur de mon amie Laurence, Ldo : « Pleine terre » de Corinne Royer sur ce même sujet, bien trop d’actualité.
Olivier
Jérôme Garcin
30/08/2012; Folio, 176 pages
4è de couverture
A la veille de ses six ans, Olivier fut fauché par une voiture. Il ne survécut pas à l’accident. II était le frère jumeau de Jérôme Garcin. Olivier a grandi en lui, en même temps que lui. Une présence fantomatique qui lui a donné très tôt le goût du repli, et un étrange rapport à l’existence. Dans ce récit, Jérôme Garcin remonte le fil de ses souvenirs, met en regard les grands textes littéraires ainsi que les écrits scientifiques consacrés à la gémellité. et retrouve à chaque fois un peu de ce frère perdu. Un jeu de miroir et de mémoire pour tenter de dire ce drame qui a déterminé sa vie. Olivier prolonge La chute de cheval et Théâtre intime, deux récits antobiographiques parus aux Editions Gallimard.
Olivier
03/03/2020
Mon avis
« Je suis né le 4 octobre 1956, à minuit pile. Toi, juste après. Tu m’as laissé la priorité. Je devais être pressé de sortir, en éclaireur. Mais tu as été le premier à partir, en reconnaissance. »
À l’âge de six ans, le frère jumeau de Jérôme Garcin, Olivier est fauché par un automobiliste qui prend la fuite.
Jérôme Garcin à travers ce récit autobiographique décrit avec grande finesse les aphtes du vide, du manque.
Comme bon nombre de personnalités dont il rend hommage en partie ici, il est impossible de se remettre de la perte d’un enfant. Impossible de se remettre de la perte d’un jumeau alors que dans le ventre de la mère, les bébés se cajolaient déjà mutuellement.
Jérôme Garcin rend un bien bel hommage à la littérature ainsi qu’à l’écriture. Il ne serait peut-être pas devenu écrivain sans le départ précipité de ce frère, écrire devient une urgence absolue pour exorciser la douleur. Les livres quant à eux lui ont servi à poursuivre ses rêves d’Olivier. Chaque personnage était prétexte à imaginer Olivier.
Sans pathos, à pas feutrés, ce récit aborde bon nombre de thèmes autour de la gémellité avec beaucoup d’amour, de clairvoyance et avec un souci du mot juste dont chacun d’entre eux est choisi avec tact pour un rendu de grande beauté.
Un récit que j’ai aimé lire, dans lequel je me suis sentie bien, un récit réconfortant et libérateur, inutile de crier à l’amour du frère parti trop tôt pour comprendre combien un couple gémellaire peut être déraciné sans son autre. Inutile de s’apitoyer pour ressentir les différents replis et refuges pour panser l’âme.
C’est doux et empreint de vérités qui nous rappellent l’importance de se raccrocher aux fondamentaux pour continuer à avancer, les livres, la musique, le théâtre, autant de fils qui maintiennent le cordon ombilical à la vie.
La délicatesse
David Foenkinos
04/01/2018; Folio; 224 pages
4è de couverture
Nathalie et François sont heureux, ils s’aiment et semblent avoir la vie devant eux…
Mais, un jour, la belle mécanique s’enraye. François décède brutalement.
Veuve éplorée, le cœur de Nathalie devient une forteresse où même les plus grands séducteurs vont se heurter.
Sauf un : Markus, un collègue terne et maladroit, sans séduction apparente. Sur un malentendu, il obtient de la belle un baiser volé. Pour cet outsider de l’amour, c’est un signe du destin : il se lance à sa conquête… tout en délicatesse.
La délicatesse
31/08/2019
Mon avis
À vif… ivre de cette délicatesse qu’empruntent Markus et Nathalie dans cette histoire à fleur de peau. C’est beau. C’est incommensurablement doux, chaud, bienveillant. Ce livre est une caresse, un murmure merveilleux à chaque page… Je me sens bien. Heureuse d’avoir lu cette délicatesse…
Nathalie est belle, d’une beauté simple et évidente qui trouve son essence dans l’authenticité de la vie. Nathalie est passion. Nathalie est émerveillement, quiétude. Nathalie est en vie, dans la vie, pleine de vie.
Jusqu’au jour où son mari François décède brutalement, renversé dans la rue. Nathalie devient cendres. Elle se consume dans l’anéantissement, le deuil, la perte, le vide. Les années passent et sur Nathalie s’est figé le voile de la tristesse. Arrive Markus, un employé de sa boîte, un homme insignifiant que personne ne voit et ne connaît vraiment. Markus est pourtant à lui seul l’incarnation même de la vie. Il a cette délicatesse pour toutes choses. Il a ce regard si particulier pour l’invisible, l’insoupçonnable.
Deux êtres un peu mal dans leur peau qui vont pourtant ensemble sur la pointe des pieds, composer la plus délicate des histoires.
Ce roman est juste merveilleux tant par la poésie élémentaire qu’il regorge, son regard si sensible sur l’art d’aimer, le besoin d’être aimé, l’envie d’aimer. Il touche l’âme sensible pour déposer un océan de caresses et de douceurs. Ce n’est pas un roman niais d’une romance, c’est un roman hymne à la vie et à l’espoir, aux accords toltèques oscillant entre la souffrance et la joie. C’est un nid douillet où s’endort la délicatesse et rien que cela, c’est un bien fou.
J’avais déjà beaucoup aimé le film avec François Damiens et Audrey Tautou mais le livre est tellement lumineux que l’un comme l’autre, je vous conseille de ne pas passer à côté de cette petite pépite.
La mélancolie du kangourou
Laure Manel
03/05/2018, Michel Lafon; 352 pages
4è de couverture
Alors qu’il s’apprête à vivre le plus beau moment de sa vie avec la naissance de sa fille, Antoine est confronté au plus horrible des drames : la mort de sa femme durant l’accouchement. Anéanti par la perte de celle qu’il aimait plus que tout, Antoine a du mal à créer du lien avec son bébé jusqu’à ce qu’il embauche Rose, une pétillante jeune femme à l’irrésistible joie de vivre, pour s’occuper du nourrisson.
Parviendra-t-elle à aider Antoine à se révéler comme père et à se reconstruire ?
IL N’EST JAMAIS TROP TARD
POUR (RÉ)APPRENDRE A AIMER
La mélancolie du kangourou
13/10/2018
Mon avis
Comme j’ai aimé ce roman !
Comme j’ai aimé ce kangourou de père impuissant.
Comme j’ai aimé cette mélancolie de l’amour enfoui.
Comme j’ai aimé Rose, cette fée au grand coeur et cette petite Lou, petit bébé innocent.
Après s’être épanchée sur la délicatesse du homard, Laure Manel se penche ici sur la mélancolie du kangourou avec cette même idée de résilience en toile de fond ou comment une rencontre peut guérir les blessures de l’âme.
Antoine a 36 ans quand il devient père et orphelin le même jour lorsque sa tendre Raphaëlle décède des complications de l’accouchement. Antoine est dévasté. S’occuper de sa fille en plein deuil de son épouse, c’est impossible pour lui. Il en veut à Lou, il en veut à la terre entière de ne pas le laisser tranquille, de ne pas le laisser pour mort devant l’effroyable absence de celle qu’il aime tant. Simone, sa mère se rend compte qu’Antoine ne pourra s’occuper de sa fille, il lui faut de l’aide. Et c’est ainsi qu’ils engagent Rose, une jeune fille bien dans sa peau qui ne demande pas mieux de joindre l’utile à l’agréable en s’occupant du jeune nourrisson. La place de Rose dans cette maison mortuaire devient vite indispensable. Antoine délaisse sa fille, il se noie dans le chagrin pendant que Rose s’occupe, le coeur serré, de Lou. Elle la berce, la nourrit, lui sourit, bref elle lui offre tout ce qu’une mère aimante est censée offrir à son bébé. Sans prendre la place de mère, sans juger le père, elle endosse à 22 ans le plus grand rôle de sa vie.
Ce roman aérien est doux, touchant, sensible, relevant de délicates questions existentielles sur le deuil, la reconstruction, l’amour paternel, la résilience, la patience et surtout il offre un beau regard pétillant sur l’essentiel de la vie à travers les yeux d’une jeune fille pétillante et combien vivante.
La mélancolie du kangourou c’est le rendez vous de la mort avec la vie.
C’est un paradis en enfer. C’est des yeux qui s’ouvrent tout doucement sur la pointe des pieds. C’est un éblouissant hommage à la vie après un drame.
À lire sans modération pour se sentir léger comme une plume.
Rompre
Yann Moix
2/01/2019; Grasset; 128 pages
4è de couverture
Avec ce roman, Yann Moix revient à son thème de prédilection : l’amour (et ses dépendances : la jalousie, la haine, la rivalité, la séduction, l’addiction, etc…)
Et son livre prend la forme d’un dialogue imaginaire (à la manière du Neveu de Rameau de Diderot, ou de L’idée fixe de Paul Valéry) où Yann Moix bavarde, à la terrasse d’un café, avec un ami qui tente de le consoler à la suite de sa dernière déconvenue amoureuse…
Rompre
21/12/2018
Mon avis
Quand l’amour fait mal parce qu’il sonne la fin et la faim de l’autre, voici un roman sous forme de questions-réponses entre un psy et un homme en deuil.
Les questions tournent autour de l’amour, de la souffrance, des sentiments profonds. Les réponses affluent comme autant de pensées d’un être en rumination, en perdition, en réflexion intense.
Un homme qui se questionne sur le couple, l’attachement et suite à un désaccord quitte sa bien aimée, ressentant par la suite les affres de la séparation, du manque, de l’absence. Un côté très intimiste entre mélancolie et philosophie. de belles réflexions avec lesquelles je n’ai pas toujours été d’accord mais qui ont le mérite d’éveiller le débat et qui résonnent dans l’écho de la beauté.
L’amour encore lui et toujours lui, un texte profond, intelligent et sensible. J’ai beaucoup aimé.
Le jour où la Durance
Marion Muller-Colard
4/10/2018; Gallimard; 192 pages
4è de couverture
«Tout le monde n’a pas le don des larmes». Bastien est mort dimanche et Sylvia, sa mère, aimerait croire que cela ne change pas grand-chose. Car Bastien, lourdement handicapé, n’a jamais pu parler ni adresser un regard à quiconque. Alors que passent les premiers jours sans lui, une pluie diluvienne gonfle les eaux de la Durance voisine. Chez Sylvia aussi, la part sauvage menace de déborder à mesure que les souvenirs familiaux affluent.
À travers un récit bouleversant, Marion Muller-Colard questionne le sens de l’amour filial, emportant son lecteur vers des rives inattendues.
Le jour où la Durance
17/05/2019
Mon avis
La Durance dans son lit bleu gonfle, ballonne son ventre poisseux, elle monte et monte, ne se cache pas, ne ment pas, ne triche pas, elle s’en va inonder rues et coeurs secs. Une mère crie, hurle, pleure dans l’orage du ciel, son enfant est mort.
Rivière intarissable d’un déluge émotionnel.
Juste quelques secondes sans air, sans oxygène, juste quelques secondes de rien. C’est bleu qu’est né Bastien, enfant privé du premier souffle de la vie.
Bleu la couleur des larmes.
Bleu l’eau qui coule et déborde.
Bleu le ciel qui pleure à genoux.
Bleu tel des ecchymoses lacérant le petit corps de Bastien qui ne grandira pas comme les autres.
Bastien c’est une plante, un végétal, un arbre, un if. Un if à la nuque rompue, cime renversée, prise de vertige. If, « si »en anglais. Autant de si que laisse planer Bastien depuis sa venue au monde.
Adieu gueule d’amour, la Durance pleure. Tu t’en vas pleurer des rivières.
Le chagrin saigne.
La peine est vaine.
Quand la vie s’éteint.
La mort étreint.
Mère inconsolable.
Sylvia.
Des mots accouchés d’un calice, perforés dans un ventre laiteux, vestige de la vie, trou béant du vide.
Des mots extirpés de la souffrance, du manque, de l’absence. Sensibles, bouleversants, à fleur de toi Bastien.
Sisyphe pleure avec toi Sylvia. Il te regarde pousser ta pierre inlassablement sans parvenir à la mouvoir car tu n’as plus de raison d’avancer, de marcher. Tu t’assieds, Sisyphe à tes côtés. Deux anges déchus que la vie a laissés sur le bas côté. À la vie à la mort, gravez les noms des colombes sur la pierre tombale, l’absurdité se plie en quatre pour toi Sylvia, mère esseulée.
Tu t’en vas pleurer des rivières gueule d’amour. La Durance se gorge, se nourrit des larmes des parents orphelins, la Durance n’en finit pas de pleurer des rivières. Va gueule d’amour, va rejoindre la lumière.
La douleur porte un costume de plumes
Max Porter
16/02/2017; Points; 144 pages
4è de couverture
Une mère meurt. Elle laisse derrière elle deux petits garçons et leur père terrassés par le chagrin. Un soir, on frappe à la porte de leur appartement londonien. Surgit alors un étrange personnage : un corbeau, doué non seulement de parole mais d’une verve enfiévrée, d’un aplomb surprenant et d’un sens de l’humour ravageur. Qu’il soit chimère ou bien réel, cet oiseau de malheur s’est donné une mission auprès des trois âmes en péril. Il sera leur confident, baby-sitter, analyste, compagnon de jeu et d’écriture, l’ange gardien et le pitre de service — et il les accompagnera jusqu’à ce que la blessure de la perte, à défaut de se refermer, guérisse assez pour que la soif de vivre reprenne le dessus.
La douleur porte un costume de plumes
21/07/2018
Mon avis
Comment faire face à la perte d’un être cher, comment apprivoiser le deuil, comment un corbeau peut t’il déployer ses ailes pour que la douleur s’envole à son tour…
Un très joli premier roman que nous offre Max Porter empreint de mots aussi doux que fracassants.
Ces quelques pages ne sont que des mots, des noeux, des cris, des caresses. Petits chapitres où tour à tour se croisent et s’ajoutent la voix du papa, celle des garçons et enfin celle du corbeau qui à mon sens est la plus bouleversante. Bien sûr il faut se laisser aller à cette écriture saccadée où les mots ne forment pas toujours une phrase mais s’élancent tels des images à saisir dans lesquelles il faut s’emmitoufler pour chasser la peine.
J’ai retrouvé mon enfant intérieur dans ce roman, c’est en effet pour ces enfants oubliés, ces peines non cicatrisées, ces oiseaux de passage que ce roman trouve sa force. Saisissez les mots et ne cherchez pas au-delà. Les mots sont suffisamment chauds pour les attraper au vol.
« … Les cendres ont frémi et paru s’impatienter alors j’ai incliné la boîte et hurlé dans le vent
Je t’aime je t’aime je t’aime
… et les garçons ont crié
Je t’aime je t’aime je t’aime
et leurs voix était la vie et le chant de leur mère. Inachevée. Magnifique. L’univers. »
La veillée
Virginie Carton
2/03/2016; Stock; 224 pages
4è de couverture
« C’était si étrange, si inattendu, de se retrouver soudain tous les deux seuls après des années d’éloignement, sans conjoints, sans enfants. Juste une maison vide et un mort à veiller. »
La mort d’un père qui n’a pas livré tous ses secrets.
Deux amis d’enfance pour le veiller.
Marie et Sébastien ont une nuit pour découvrir la vérité.
Et peut-être, enfin, se la dire. Entre rires et larmes, un roman plein de tendresse et d’aveux
Un roman d’amitié.
La veillée
21/08/2022
Mon avis
Virginie Carton, une auteure que je ne connaissais pas. Voilà mon premier livre lu d’elle et ce fut une bien belle surprise.
Quand Sébastien apprend que son père est sur le point de mourir, il fait ses valises et quitte la Toscane pour lui dire un dernier au-revoir. Il est rejoint par sa meilleure amie, Marie. Arrivé sur place, c’est trop tard, Victor est mort. L’épouse et mère, Edith demande à Sébastien et à Marie de veiller le bienheureux. Durant cette nuit de veille, les deux amis vont aller de surprise en surprise, découvrir les secrets de Victor, découvrir sa jeunesse, ses rêves d’adolescent. Un choc pour Sébastien qui pensait tout connaître de son père.
Marie de son côté livrera aussi ses secrets et combien l’amitié de son ami est précieuse à ses yeux.
Les deux amis vont passer une nuit blanche à refaire le monde, à réinventer toute une vie.
Un roman tout en délicatesse, qui nous rappelle qu’avant de mourir, toute une vie s’est glissée, s’est construite au fil des rides, que la mort n’est qu’un passage après avoir donné le meilleur de soi même.
Elle danse dans le noir
René Frégni
octobre 2001; Folio, 144 pages
4è de couverture
Sa femme lui a dit un soir : « Je n’ai plus de désir pour toi ». Le lendemain elle partait avec leur petite fille de six ans, Marilou. Le choc, terrible, le projette quatre ans en arrière, lors de la disparition de sa mère. Passé et présent se télescopent.
Dans la touffeur de l’été, René Frégni ne dort plus, son cœur bat trop fort, écrase tout. C’est un homme foudroyé qui se débat, qui s’accroche aux morts pour ne pas se pendre.
Un hymne d’amour à toutes les amoureuses.
Prix Paul Léautaud 1998
Elle danse dans le noir
11/02/2019
Mon avis
Quand la maladie s’abat sur la mère de René Frégni, les oiseaux se mettent à chanter de plus belle, les enfants naissent, les arbres protègent, le soleil sourit et c’est là qu’elle peut alors danser dans le noir…
Devant l’acharnement thérapeutique et le déclin de sa mère, l’écrivain puise et s’enfonce au plus loin dans la lumière. Même s’il lui est arrivé de cracher au visage de la lune, parce que ravagé par la colère du mal qui tue sa mère à petit feu, il dégorge tout l’amour qui l’a nourri durant toutes ces années. Il sera là tout le long que durera l’agonie de sa mère, puisant sa force dans ses souvenirs, dans tout ce que sa mère lui aura offert sans compter, il restera debout aussi grâce à sa fille Marilou qui elle, du haut de ses dix ans continue de sourire aux fleurs.
Quand la grande faucheuse viendra chercher sa chère et tendre mère, René Frégni deviendra plus amoureux que jamais de la vie, car c’est dans son sein que sa mère respirera pour l’éternité…
Un roman éblouissant, lumineux, poétique où le destin titubera dans la force du coeur d’un fils aimant et reconnaissant pour celle qui lui a donné la vie. du grand Frégni qui arrive à illuminer le plus grand noir. Elle danse dans le noir c’est un ballet d’étoiles, ennivrées par le miracle de l’amour.
Mon acrobate
Cécile Pivot
Editions Calman-Lévy; 17/08/2022; 304 pages
4è de couverture
Ce matin, Izia regarde son mari quitter l’appartement où ils ont élevé leur fille Zoé, renversée par un chauffard quelques mois auparavant. Izia n’a pas un geste pour le retenir. Elle est soulagée d’être seule avec son chagrin, libre de s’enfermer dans la chambre intacte de Zoé.
Mais au fil des jours, la faim, le besoin de marcher, de sentir le soleil sur sa peau, reviennent. Izia comprend qu’elle doit vivre cet « après » et trouver une activité où nul ne sait rien de sa perte. Elle a l’idée de proposer ses services à des gens souhaitant débarrasser le domicile d’un proche disparu.
Ainsi Izia devient-elle une drôle de déménageuse. Pour l’aider, elle embauche Samuel, un jeune homme au franc-parler déconcertant et aux fragilités touchantes.
Cette rencontre, et toutes celles suscitées par son travail incongru, sont les premiers fils bien fragiles qui ramèneront peu à peu cette femme perdue vers la vie.
Mon acrobate
29/08/2022
Mon avis
C’est bien la première fois qu’une quatrième de couverture me trompe à ce point. » Mais au fil des jours, la faim, le besoin de marcher, de sentir le soleil sur sa peau reviennent… Ainsi Izïa devient-elle une drôle de déménageuse… » J’imaginais un roman léger et lumineux et il n’en est rien.
Izia et Étienne sont un couple uni, les heureux parents d’une petite fille sensible, joyeuse et pétillante. Zoé a huit ans quand un chauffard ivre la renverse sur le trottoir laissant ses parents dans un désespoir sans fin.
Izia sombre et demande à Étienne de partir, de la laisser seule avec sa souffrance. Après avoir touché le fond, Izia se relève tant bien que mal et se lance comme déménageuse auprès de familles endeuillées. Car pour elle, son chemin de croix c’est auprès des morts qu’elle veut le passer. Auprès de ceux qui souffrent, qui pleurent, qui ressentent le manque. Comme elle, qui voit en tout le souvenir de sa fille.
Pour s’aider, Izia embauche Samuel, un jeune qui ne fait pas dans le sentimentalisme. Ensemble, ils vont aller à la rencontre de ces gens tantôt maladroits, tantôt pressés, tantôt préoccupés après le passage de la faucheuse. S’imbriquent alors de petites histoires dans la grande. Autant de scènettes pour mettre un peu de côté le tragique, l’innommable.
Mon acrobate est un livre émouvant qui traite avec minutie et délicatesse du deuil, de l’amour qui ne s’éteint jamais malgré la peine immense. Qui nous amène à penser qu’en se tenant debout et en étant actif, qu’en laissant le temps faire son boulot, petit à petit, il fait moins froid.
Je ne l’ai pas connue suffisamment longtemps la petite acrobate, Zoé, mais cette môme a fait battre mon coeur tant sa personnalité à travers les souvenirs de ses parents est merveilleuse.
Il n’y a rien de pire que de perdre un enfant, Cécile Pivot a travers des mots et des personnages remplis de douceur et d’authenticité nous pose au bord de la lune, prêts à cueillir la première étoile filante.
Manifesto
Léonor De Récondo
10/01/2019; Sabine Wespieser; 192 pages
4è de couverture
Pendant la nuit du 24 au 25 mars 2015, Félix de Récondo a cheminé vers la mort. Trois ans plus tard, sa fille Léonor transforme le huis clos de la chambre d’hôpital en un vibrant manifeste, manifesto, témoignant de la liberté et de la force de création que ce père artiste garda inlassablement intactes.
Deux narrations s’entrelacent, qui signent le portrait d’un homme dont la jeunesse fut marquée par la guerre civile espagnole et l’exil : celle de Léonor, envahie par les souvenirs et les émotions de la longue veille aux côtés de sa mère, Cécile ; et celle de Félix, dont l’esprit s’est échappé vers les contrées du passé.
Manifesto
20/02/2019
Mon avis
Léonor de Recondo signe un récit admirable sur la dernière nuit de son père en soins palliatifs.
Sa plume caresse les notes d’une cantilène pleine d’amour et de sensibilité. Des pages d’amour et de douceur aux allures poétiques, une cantate de souvenirs entre Felix son père et son ami Ernest Hemingway. Des pages où l’attente dans la chambre 508 de l’hôpital respire encore et toujours l’amour de Leonor pour son père. Leonor sait que son père va mourrir incessamment. Il a contracté une infection qui le condamne. Pour que la mort vienne chercher son père avec des mains de velours, elle rend la vie à son père dans des voyages de coeur, là où son père a été heureux, là où son père était un homme libre. Car « pour mourir libre, il faut vivre libre ».
Que c’est bon et beau de se faire caresser par de la si belle littérature. Un plaisir au bout des doigts, des mots qui enveloppent, brillent et nous réconcilient avec la douleur.
Envolée
Hélène Machelon
Editions Mame; 8/10/2021; 128 pages
4è de couverture
Un récit choral bouleversant autour de la mort d’une petite fille. À travers un texte profond et authentique, le lecteur entrevoit les sentiments de tous ceux qui entourent les enfants en fin de vie à l’hôpital.
Envolée / Trois petits tours
07/07/2019
Mon avis
« Saviez-vous que les petites filles naissent pour faire tourner leur jupon de princesse jusqu’à s’étourdir, pour massacrer les bâtons de rouge à lèvres en se tordant les chevilles sur les escarpins de leur mère, pour sauter sur les lits et s’admirer dans le grand miroir de l’entrée en récitant des poèmes ?
» Ce passage, premier d’une longue série qui m’aura serré la gorge jusqu’aux larmes témoigne du tableau idyllique que chaque parent peint pour ses enfants, pour sa princesse. J’ai lu d’une traite ce roman qui m’aura captivée des premières pages jusqu’à la toute dernière. Une vraie claque. Rose n’aura pas cette chance. Comme si tous les enfants ne naissaient pas tous sous la même étoile protectrice. Rose n’était pas née pour cette vie. Même si Rose n’était que fécondité. Un premier roman pour Hélène Machelon que je remercie du fond du coeur pour m’avoir adressé si gentiment son roman. du fond du coeur oui, car ce roman m’a émue et serrée le coeur comme jamais. Sur la grande et triste scène de la mort grappillent des gens de l’ombre qui à leur façon raconte leur sollicitude, leur travail, leur malheur pour ceux qui regardent s’envoler les anges au ciel. Une infirmière, une bénévole déguisée en clown, une mère, une employée administrative, un aumônier, une tante, un thanatopracteur, le coeur sec ou bien mouillé, ils ont brodé avec ce qu’ils ont et ce que la vie a fait d’eux les ailes de Rose pour son grand départ. le malheur bat aux portes des parents sur le mauvais trottoir de la vie. On ne pourra pas t’enrober tes cheveux dans un beau chignon, toi Rose qui les perdais par poignée. Rose dans un petit tiroir de la morgue au milieu d’autres voisins fantômes. Rose dans un minuscule cercueil blanc. Le malheur frappe à coups de massue quand un enfant lâche ses derniers battements de coeur après des mois de traitement. Même à son pire ennemi, on ne lui souhaite pareil malheur. L’infirmière fera ce qu’elle peut en ayant conscience qu’elle ne peut avaler toute la misère de ces parents déchus. Prendre de la distance, se blinder. Un constat réaliste quand on sait la réalité harassante qui fouette au quotidien en milieu hospitalier. Une femme clown qui ne souhaite rien de mieux rien de plus que de rendre le sourire à ces enfants malades. Parce qu’ils sont enfant avant d’être malade. Une employée qui ne supporte plus le malheur des autres car comme bon nombre, elle se suffit de son lot de malheurs et tourne le dos à celui des autres. Tout un monde qui gravite autour des parents de Rose nous délivrant des messages forts. Un roman qui parle au coeur, qui réveille notre humanité endolorie, pas de pathos, pas de pitié, non, l’écriture d’Hélène se boit, se gorge d’émotions, se fond sur le coeur. Pas un mot de trop. Une précision dans la construction et dans la qualité d’écriture qui mérite l’attention du plus grand nombre. Des mots qui entortillent le chagrin et le deuil pour qu’au seuil des lendemains viennent se chiffonner et danser la lumière d’un possible où les souvenirs auront tant à aimer qu’ils ne pourront habiller la vie que d’amour. Rose, tu n’étais que fécondité et de toi la vie continue à battre là où tu l’as laissée. Tu ne souffres plus. Tu es en paix auprès des colombes qui sèment pour tes parents la promesse de jours meilleurs. Bravo Hélène ! Pour votre courage, vos espérances, votre dévouement, votre premier roman digne des plus grands. À vous mes amis, foncez, lisez ce roman, partagez cette histoire, approchez les colombes, écoutez les anges. Un roman auto-édité qui mérite vraiment un succès digne des plus grands. Vous l’aurez compris, c’est un franc coup de coeur.
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