Ava Webber vient de sortir de prison après près de vingt-cinq ans passés sous les barreaux. Le mystère plane sur les raisons de son incarcération. Pour assurer sa sécurité et sa réinsertion, l’Etat lui octroie un logement et une nouvelle identité. Désormais, elle s’appellera Robin. Elle devra se rendre chaque semaine au cabinet d’un psychologue qui prend un malin plaisir à lui faire ressasser les erreurs du passé. Robin se braque et ne souhaite qu’une chose, aller de l’avant et sentir sur sa peau le vent de la liberté. Après vingt-cinq ans enfermée, Robin est marquée. Elle ne parvient pas à se sentir à l’aise dans cette liberté retrouvée. Les cauchemars la hantent, la peur n’est jamais loin. Elle vit recluse de peur qu’on la reconnaisse. Chaque nouvelle situation à l’extérieur lui demande un effort. A côté vit un homme seul, Bill qui ne tardera pas à faire la connaissance de sa nouvelle voisine. Bill est un ancien SDF, un peu bourru mais pas méchant. Bill et Robin vont doucement s’apprivoiser, rapprochés par leurs blessures communes.
L’histoire de Robin ou Ava est troublante, impossible de s’en détacher. Quelque chose d’hypnotisant me ramène à cette femme. Sa manière d’être inadaptée dans la vie, jetée dans la fosse aux lions en quelque sorte, ses pensées qui tournent en rond et la ramènent en arrière (vingt-cinq ans enfermée, il s’en est passé des choses !). Elle pense à la prison, cette « grande cage dangereuse sans nulle part où aller se cacher, peuplée d’une foule de créatures sauvages, mortelles et prêtes à bondir« .
Plus le temps va passer, plus Robin va se sentir mal. La peur l’enserre, quelqu’un la suit, la traque, on lui en veut.
Roman noir où l’ambiance oppressante est à son apogée. L’héroïne principale, Robin ou Ava est décrite avec grande précision. On est dans sa tête, on ressent ses angoisses, ses difficultés. Plus on avance dans l’histoire, plus le mystère se dissipe. Des noms apparaissent, des pans du passé de Robin, et petit à petit, des pistes plus que troublantes se dessinent…
La jeunesse de Robin prend forme, avec des réminiscences autour de son père, ornithologue. Robin est passionnée par les oiseaux, surtout les oiseaux de proie. Son père comparait souvent la vie aux oiseaux. Robin a continué. J’ignorais par exemple qu’un cygne pour s’accoupler bloquait la tête sous l’eau de la femelle, risquant ainsi de la tuer.
J’ai accompagné Robin plusieurs jours sans pouvoir la lâcher. Ses réactions m’ont semblé à la fois évidentes et tantôt suspectes. Dés que quelqu’un la contrarie par exemple, elle rêve d’aplatir la tête de l’autre dans le mur d’en face. Elle y va fort ! Elle est aussi accro à ses somnifères qu’elle nomme ses « petits amis ». Elle a une piètre opinion des gens qu’elle considère pour la majorité comme des « parasites, résidus qui aspirent autour d’eux sans rien laisser« .
Si vous aimez les romans noirs dont l’ambiance monte crescendo, où les frontières entre réalité et folie sont minces, si vous aimez les romans qui plongent dans la noirceur de l’âme humaine, dans les couloirs d’une société défaillante (quelle prise en charge au final pour les ex détenus ?), Oiseau de proie est pour vous. Une histoire à la Hitchcock très sombre et fascinante à la fois. Pour un premier roman, je dis bravo.