La Coccinelle des livres

Illusion tragique

Livre écrit par : Gilda Piersanti Maison d’édition : Pocket Nombre de pages : 272
Chronique créée le 21/07/2023 14 commentaires

                                                    4è de couverture

En ce torride mois d’été romain, le petit Mario, dix ans, ne monte pas sur la terrasse de son immeuble pour y prendre l’air, mais pour épier son voisin du dernier étage, monsieur Ruper, un homme sans histoire qui vit seul et mène une vie rangée. Personne ne lui connaît la moindre relation, personne ne l’a jamais vu rentrer chez lui accompagné, et pourtant… Tous les soirs, Mario l’observe dans sa baignoire en train de coiffer et de savonner une très jolie jeune femme.
Son ami Riccardo et lui ont décidé d’aller libérer la princesse, parce qu’il n’y a pas d’autre explication : monsieur Ruper l’a enfermée chez lui, elle est sa prisonnière ! Le plus difficile, toutefois, n’est pas de s’introduire dans l’appartement de monsieur Ruper, mais d’en sortir une fois qu’on y est entré…
Dans ce thriller de l’enfance menacée, Gilda Piersanti interroge les méandres infinis de la perversité. Devenir la proie d’un pervers est une malédiction, une vie entière ne suffit pas pour y échapper. Illusion tragique nous entraîne dans une intrigue aux retournements imprévisibles, comme un labyrinthe dont le tracé se recompose à chaque détour, jusqu’au dénouement… inimaginable.
Car la réalité à laquelle nous nous croyons solidement ancrés se révèle parfois n’être que faux-semblant. Le réveil sera alors sanglant, forcément sanglant.

Ces derniers temps, j’ai eu le privilège de découvrir deux merveilles littéraires signées Valentina D’Urbano qui ont su toucher mon coeur. J’ai voulu explorer davantage cette littérature italienne que je connais mal ou trop peu. Après quelques fouilles sur Babelio, j’ai retenu plusieurs romans dont Illusion tragique. Dans ce roman, j’ai retrouvé les nuances et particularités souvent propres à la littérature italienne : des personnages incarnés et une atmosphère presque animale se dégageant d’une Italie souvent sombre et désenchantée.

 

Au centre de l’intrigue se trouve Monsieur Ruper, qui vit au neuvième étage d’un immeuble situé près du Tibre à Rome. Avec sa personnalité mystérieuse et énigmatique, il mène une existence solitaire, sans attaches visibles ni visiteurs connus.
Mario, un garçonnet de dix ans vivant seul avec sa mère dans l’appartement du bas, devrait passer ses jours libres à jouer à l’extérieur avec ses camarades. Cependant, une activité prédomine sur toutes les autres: il est obsédé par l’idée d’espionner son voisin Ruper et cette femme étrange qui semble habiter chez lui mais que personne n’a jamais aperçue. Convaincu que l’homme séquestre cette dame en secret, Mario décide en compagnie de son meilleur ami Riccardo de pénétrer clandestinement dans l’appartement de Ruper – marquant ainsi la fin abrupte et irréversible de leur innocence juvénile.

 

Parallèlement à cela, nous découvrons les pensées obscures d’Elisabetta, « la belle endormie perdue dans les bois de la littérature », une romancière veuve recluse chez elle en compagnie de sa domestique Magda. Au fil des pages, son histoire se clarifie peu à peu : sa souffrance latente, sa solitude pesante et ses démons du passé refont surface. Il nous faut attendre avant de saisir le lien entre ces deux récits distincts mais ce qui est certain c’est que ces deux histoires s’entremêlent progressivement habilement pour imprégner le lecteur. le suspense atteint son apogée tandis que les réponses arrivent telles des éclairs successifs illuminant la trame narrative.

 

Gilda Piersanti excelle dans l’art subtil de brouiller les pistes en abordant frontalement des thèmes forts et poignants. Les traumatismes de l’enfance sont palpables tout au long du récit. L’histoire de Mario nous touche particulièrement lorsque nous prenons conscience des ravages causés par la malchance sur un être jeune et innocent : comment celle-ci peut entailler sa confiance en lui-même, voler son insouciance naturelle et entraver sa liberté.

 

Ce roman traite in fine de thèmes universels tels que l’amour maternel, la solitude accablante, les choix maladroits qui peuvent transformer radicalement notre destin, la fragilité inhérente aux êtres perdus dans un monde indifférent qui ne leur offre plus aucun refuge.
La réalité se confond avec la fiction dans cet imbroglio troublant où non-dits, secrets enfouis et traumatismes passés s’imbriquent patiemment pour créer une oeuvre unique oscillant entre le roman noir, le polar palpitant ou encore la pure littérature contemporaine. Ce mélange éclectique est savoureux et captivant car Gilda Piersanti imprime avec brio et de sa plume experte cette étrange abysse où se cachent les écrivains – offrant ainsi des passages intéressants sur la littérature, son processus créatif complexe, parfois utilisé comme thérapie cathartique.

 

Illusion tragique est donc un roman-miroir sibyllin élégamment stylisé explorant les déséquilibres du psychisme humain face aux fléaux tels que la perversion et le désoeuvrement.

 

« Les personnes auxquelles nous nous attachons occupent souvent la place laissée vide par d’autres qui ont déjà beaucoup compté dans notre vie. La soif d’amour est aveugle, elle se contente de ce qu’elle trouve sur son chemin. »

 

 

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Commentaires

14 commentaires

  • Icône

    Laura

    le 27/07/2023 à 18:07
    Un thriller qui donne envie à découvrir! Il semble à la fois sombre et mélangé avec des éléments du fantastique!
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      magali

      le 28/07/2023 à 15:07
      Coucou Laura, il n’y a rien de fantastique dans ce roman, il est contemporain et très haletant sans touche mystique. Bise.
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    Larie

    le 25/07/2023 à 22:07
    Quelle belle critique,✍️Si je comprends bien ton activité principale est de lire. T’occuper de ton chez toi et tes amis, tes animaux, tu ne travailles plus ?
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      magali

      le 26/07/2023 à 14:07
      Je travaille à être heureuse ☺️ C’est diablement compliqué 😉
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    Marie-Pierre T.

    le 25/07/2023 à 17:07
    Je ne sais plus exactement ce que je t’ai envoyé et ce que tu m’as répondu, Hi Hi !
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      magali

      le 26/07/2023 à 14:07
      Nous avions parlé d’une lecture commune ensemble. C’est ça que je retiens. Quand tu veux ou presque parce que en août il y a la rentrée littéraire qui me fait saliver 🤤
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    SYLVIE

    le 24/07/2023 à 23:07
    Est-ce que j’ai rêvé, ou tu avais publié une première chronique sur ce livre il y a quelques jours, sous laquelle j’avais posté un commentaire ? Les vacances me font peut-être perdre la mémoire !
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      magali

      le 25/07/2023 à 11:07
      Sylvie je perds mon nougat moi aussi. J’ai commis une grossière erreur. En rédigeant mon nouvel article j’ai supprimé maladroitement celui-ci. J’ai du tout recommencer. Et je crois que l’émail de notification pour le Delacourt n’est pas passé. L’informatique et moi j’te jure ça me donne des migraines !
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    babounette

    le 24/07/2023 à 20:07
    Tout à fait Magali. Le bonheur ou la sérénité est à portée de main. Il faut juste le savoir. Et tu l’as compris !
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      magali

      le 25/07/2023 à 11:07
      Merci babou. Oui ne perdons pas le fil de l’essentiel.
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    babounette

    le 24/07/2023 à 18:07
    Encore une belle découverte, ah l’Italie ! Mais pour le moment on est mieux en Belgique, on ne grille pas. À plus !
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      magali

      le 24/07/2023 à 20:07
      Tout à fait Christine mais grâce aux livres on peut voyager sans se faire griller. Et à tous petits prix. Les vacances et moi ça fait deux. Ma petite bulle, mes livres et mes animaux et mon jardin. Ça me suffit largement.
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    argali

    le 24/07/2023 à 15:07
    Je ne connais pas du tout cet auteur.
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      magali

      le 24/07/2023 à 18:07
      Moi non plus jusqu’à peu. J’ai fait des fouilles sur babelio et les avis étaient bons. Une belle surprise.

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