Acquanera: « un roman fascinant et d’une grande force ».
Coup de coeur.
J’ai la main heureuse dans mes dernières lectures piochées au hasard, j’aligne de nombreux coups de cœur ! (La véritable histoire de Gaya Sharpe, Tempêtes et brouillard et Acquanera).
Je viens de découvrir la plume de Valentina D’Urbano, autrice italienne avec son deuxième livre édité en français chez Philippe Rey: Acquanera. Je suis sous le charme.
L’autrice relate ici l’histoire trouble, troublée, troublante de trois femmes seules (Elsa la grand-mère, Onda la fille, Fortuna la petite fille), une histoire teintée d’obscures malédictions, dans un village isolé d’Italie : Roccachiara.
La dernière fille, Fortuna revient après de nombreuses années près de sa mère Onda suite à la découverte d’ossements humains à Roccachiara qui ne laissent rien présager de bon. Cette nouvelle va engendrer pour Fortuna un ressac de souvenirs douloureux.
Élevée en grande partie par sa grand-mère Elsa, Fortuna grandira sans l’amour de sa mère Onda. Elle portera sur son dos le poids de la malédiction qui s’étend sur sa famille, sur sa grand mère et sa mère. Les deux femmes en effet détiennent des dons mystiques qui les laisseront en marge des villageois adeptes des racontars et des pensées moyenâgeuses.
J’avais déjà apprêté mon bloc note pour établir l’arbre généalogique des personnages et ne pas m’y perdre. Mais le talent de Valentina D’Urbano est tel que d’entrée de jeu, je suis happée par l’histoire, visualisant très bien toutes ces femmes qui prennent vie sous mes yeux. L’auteure dresse un portrait immersif de chacune de ses femmes, dés leur plus jeune âge, ce qui rend l’histoire très prenante et addictive.
L’ambiance mystérieuse autour de ce lac et de ce village reclus est hypnotisante à souhait. Je ressens le froid, la peur, les dangers. Comme une malédiction…
Les personnages quant à eux évoluent avec ce que la vie leur a donné et avec leur temps. Le fardeau de leurs dons fait d’elles des femmes mal aimées, rejetées et incomprises. Et pour certaines d’entre elles, des mères dénuées d’amour et accablées par le mal de vivre.
« Chacun porte ses deuils cloués sur soi ».
L’autrice évoque avec talent le poids de l’héritage familial, le devenir d’une enfant née au mauvais endroit qu’on aurait préféré « étouffer dans son berceau ».
L’amitié donne également le ton de cette histoire, comme une main tendue de la fatalité vers la résilience.
« Tu es courageuse de m’aimer, moi que personne n’aime, ou presque. Il est facile d’aimer les gens que tout le monde aime. Etre aimé vous rend beau. Mais il faut du courage pour aimer ce dont personne ne veut »
Chaque femme, Elsa, Onda et Fortuna se livrent une à une dans ce roman faisant apparaître le malheur et le destin comme autant de marécages baveux et instables.
Il semblerait qu’il y ait ici des similitudes avec le roman d’Isabel Allende, La maisons aux esprits. Je n’ai pas lu ce livre, peut-être que certains d’entre vous oui.
Je terminerai avec ces lignes d’un critique littéraire italien : « Il faut une imagination de mythographe et une pointe d’effronterie pour imaginer une fable sombre comme celle de Valentina D’Urbano. »
J’ai dans
ma pile à lire le premier livre de Valentina: Le bruit de tes pas. N’hésitez pas à vous joindre à moi si une lecture commune de ce livre vous tente. J’en serai ravie.
Ne reste pas là à pleurer sur ma tombe.
Je ne suis pas là, je ne dors pas.
Je suis les mille vents qui soufflent.
Je suis l’étincelle diamant sur la neige.
Je suis la lumière du soleil sur le blé mûr.
Je suis le crachin d’automne.
Quand tu te réveilles dans le matin calme …
Je suis les étoiles qui brillent la nuit.
Ne reste pas là à pleurer sur ma tombe.
Je ne suis pas là, je ne dors pas.
(Chant navajo)