La Coccinelle des livres

Héloïse

Livre écrit par : Ophélie Cohen Maison d’édition : Harper Collins Nombre de pages : 294
Chronique créée le 25/12/2023 22 commentaires

4è de couverture

 

«  Toutes les femmes ont une histoire. La mienne est plutôt moche.  »
À la veille de ses trente ans, au cours d’une nuit entourée des fantômes de son passé, Héloïse va se dévoiler. Portée par les souvenirs et les remords, elle ouvre la boîte de Pandore.
Héloïse est comme poursuivie par un malheur qui sait toujours où la retrouver  : une enfance traumatisée, ballottée de foyers en familles d’accueil, et les décès, les uns après les autres, des êtres qui lui sont chers. Oscillant sans cesse entre ombre et lumière, elle nous amène à nous questionner sur nos propres zones grises.
Noir, intime et dérangeant, un roman à la fois sombre et lumineux dans lequel les émotions sont à fleur de mots.

PRIX « COUP DE COEUR DU JURY » NOIR CHARBON 2021

Chronique

Chère Héloïse,

Tu n’as pas choisi de naître et encore moins cette destinée dans les crocs de lucifer. A peine née, ta mère décède et ton père prend la fuite. Double abandon toi petit être sans défense. Tu connaîtras les foyers, les familles d’accueil où ta colère, ta tristesse vont grossir en toi au fil des années, au fil des épreuves de la vie qui ne t’épargneront pas. Tu auras touché et essuyé le sol des ténèbres et à peine entraperçu la lumière. Tout ce que tu touches disparait. Plus tu grandis et plus tes défenses se font barrière au point que tu te retrouves seule avec l’Ombre, cette voix tonitruante qui te force à embrasser le malin.

Faute d’amour, faute de repères rassurants et bienveillants dans ton enfance, tu t’es construite de travers, gamine aux mille fêlures pour seuls habits.

Tu cries mais personne ne t’entends. Bête farouche et sauvage, tu ne te laisses pas approcher.  A quoi bon puisqu’ils te laisseront encore et encore. Personne ne peut aimer un être aussi fragile et cabossé. Tu te détestes, peu de gens te viendront en aide, une pincée de lumière dans tes enfers, tellement maigre, tellement peu confiante, tu vacilles dans cette lumière qui te fait tourner en boucle, la danse macabre du malheur.

La quatrième de couverture parle de roman policier : « Une merveille indispensable à tous les amateurs de romans policiers différents et originaux ».

Difficile d’établir un genre pour ce roman. Au départ, je pensais qu’il s’agissait d’un témoignage, de l’histoire de l’auteure, Ophélie Cohen qui signe ici son premier roman. Mais non, tout est fictif. Et absolument glaçant. Il y a  un air de Karine Giebel, adepte des voyages sans retour direction l’enfer. J’ai été littéralement prise dans l’histoire d’Héloïse, attendant fébrilement un retournement heureux. Je n’en dis pas plus pour ne rien dévoiler si ce livre vous tenterait.

Moi qui ne lisais plus depuis un moment, j’ai sorti ce livre par hasard de ma pile à lire et dès les premières pages, j’étais en totale immersion dans l’histoire. Tantôt empathique, tantôt écœurée, tantôt désespérée. L’écriture d’Ophélie Cohen est dénuée de fioriture. L’équilibre narratif est garanti sans tous ces effets de style qui peuvent étouffer l’histoire. Héloïse est au coeur de ce roman. On plonge dans ses déchirures avec elle, on sent le sang, la rage, l’absence d’amour qui a fait d’elle une âme errante.

C’est une histoire qui nous rappelle combien beaucoup de choses se passent dans la petite enfance. Dans ces enfances meurtries, sans la main de la résilience, il est difficile d’avancer, de vivre plutôt que de survivre. Le temps passe et certaines blessures se font plus saillantes au regard des absents, du vide qui aspire car il est très difficile de trouver un sens à cette vie si personne ne nous a appris à être heureux, si la vie se montre égoïste et que les anges ont démissionné.

Il y a des êtres qui me hanteront bien des années encore et bien des souvenirs assassins avec ma tignasse blonde haute comme trois pommes qui ne s’oublieront pas, ne s’effaceront pas. Un grand chanteur français a écrit un jour qu’il faut aimer la vie, l’aimer même si le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants.

Ce livre n’est pas joyeux, il n’est pas  dans l’ambiance chaleureuse de noël, avec sa playliste à fleur de peau.

(In the arms of the Angel, Fly away from here. You’re in the arms of the Angel. May you find some comfort here. Angel, Sarah McLachlan). Magnifique chanson que je vous partage plus bas.

 

Héloïse, 294 pages, je t’ai lue en quelques jours, il faut croire que les histoires où règnent les traumatismes d’enfance me cautérisent d’une certaine façon. Beaucoup d’histoires sont sordides. Car c’est bien connu, les garçons ne naissent pas dans les choux et les filles dans les roses.

Une pensée d’Amour à tous ces êtres seuls et dépeuplés en ces temps festifs.

 

Plus encore par ici https://coccinelledeslivres.be/trauma-de-lenfance/

Angel, Sarah McLachlan (2009)

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Commentaires

22 commentaires

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    Sandrine (HundredDreams)

    le 23/01/2024 à 20:01
    Coucou Magali, Un petit passage par ton site pour te dire que je pense à toi. Ta lettre à Héloïse est magnifique, beaucoup d’émotions à te lire, tes mots touchent. Et puis j’ai écouté la chanson de Sarah McLachlan, je ne connaissais pas cette chanteuse, les paroles sont belles. A très bientôt.
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      magali

      le 07/02/2024 à 08:02
      Coucou Sandrine. Merci beaucoup pour ton message par chez moi. La vie n’est pas simple ici mais je m’accroche. Je reviendrais bientôt vers toi car tu es dans les prochaines lectrices à lire Flagrant déni, livre voyageur. Tu me diras si cela t’intéresse.
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    Jeanne

    le 27/12/2023 à 18:12
    La sérénité intérieure n’est pas un acquis, tu sais, elle se cultive au fil des jours et des années. Bah, chaque médaille a son revers, oui, la plupart du temps je suis un ange, tu peux continuer à m’imaginer ainsi 😀 mais parfois le démon se réveille, bah c’est la vie… le secret c’est de faire en sorte de le laisser dormir le plus longtemps possible.
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      magali

      le 28/12/2023 à 12:12
      C’est difficile de laisser les démons dormir quand ils sont là depuis la plus tendre enfance. Ils ont dormi un temps, le temps d’élever et d’aimer un enfant, le temps d’une belle amitié, le temps d’être au près de mon père. La vie donne puis reprend. Et les démons s’en donnent à cœur joie. J’espère j’espère… c’est déjà pas mal. Je t’embrasse mon amie.
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    Jeanne

    le 26/12/2023 à 16:12
    Ça va, Magali, j’ai mes démons comme tout le monde je suppose, je les dompte du mieux que je peux 🤷🏻‍♀️😅. Oui je lis toujours autant, mais pas autant que certains ou certaines, 2 livres par semaine en moyenne.
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      magali

      le 26/12/2023 à 19:12
      Je t’imaginais comme un ange chere Jeanne, pleine de lumière, de sagesse, de sérénité intérieure. 2 livres par semaine c’est très bien. J’espère que tu passes le reste du temps à vivre et à respirer le beau de la vie.
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    Diana

    le 26/12/2023 à 16:12
    Chère Magali, encore une fois je suis venue des nuages et m’arrête pour te lire et sentir quelques liens invisibles qui m’attachent à toi, à babounette, à quelques créateurs, lecteurs qui pensent à tous ces maux (que les humains n’arrêtent pas d’alimenter) en essayant de les panser par leurs mots, leur musique, leurs gestes minuscules. Ton travail est bien loin d’être vain, et en ce qui concerne les fantômes, je les défends, beaucoup d’entre eux nous ont laissé un héritage précieux, je tente de les garder vivants, autrement. T’embrasse et t’envoie mes pensées chaleureuses. Diana
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      magali

      le 26/12/2023 à 19:12
      Chère Diana, De tes nuages, tu es revenue avec de la poussière d’anges, car dans tes mots il y a un océan d’humanité qui moi un peu fantôme ressens avec une chaleur indescriptible. Merci d’être là, de soutenir ces petits créateurs de l’ombre. Nous petits lutins qui luttons pour que des anges comme toi, Jeanne ou Babounette, nous sourient au coin d’un arbre, au coin d’une chronique.
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    Babounette

    le 25/12/2023 à 21:12
    Bonsoir Magali 🐞 , je viens de lire ta lettre à Héloïse, absolument sublime d’émotion, elle est renversante. Je suis très heureuse de voir que tu as pu lire, certes pas une lecture facile ni drôle, mais tu y es arrivée, c’est juste formidable. Comme toi, j’ai pensé à ces personnes si seules, en tout temps, mais plus cruellement en ces jours de fêtes. Aux enfants dans les hôpitaux, aux personnes âgées dans les maisons de retraite, aux sans abris, à celles qui sont tristes chez elles, tu as raison de dire que nous vivons dans un monde déshumanisé, hélas . Je ne suis pas près de toi physiquement, mais certainement en pensées. Et continue à lire surtout, à une époque de ma vie, ils ont été des pansements cicatrisants. Je te fais un énoooorme câlin chaleureux pour que tu aies un peu plus chaud là où ça fait mal. Babounette
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      magali

      le 26/12/2023 à 14:12
      Merci Babou, je ressens tant de belles choses dans tes mots, dans ton cœur. Tant de tendresse aussi. Tu m’apportes beaucoup quand tu déposes un message par ici. Déjà je vois que mon travail n’est pas vain et fantomatique. C’est encourageant. Merci Babou. Moi aussi je te fais un gros câlin.
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    Marie pierre

    le 25/12/2023 à 20:12
    J’espère que tu retrouves l’espoir. Je pense bien à toi et je sais que tu vas parvenir à trouver des ressorts en toi pour aller mieux Bon courage
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      magali

      le 26/12/2023 à 14:12
      Merci Marie-Pierre, Oui j’ai attrapé quelques poussières d’espoir durant mon hospitalisation. Je sais qu’il me faudra du temps. Merci 🌺
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    Jeanne

    le 25/12/2023 à 19:12
    Pauvre Héloïse, la vie s’est montrée bien rude envers elle. J’aime beaucoup la lettre que tu lui adresses, tes mots témoignent de la force de ta compassion à son égard. Je ne sais pas à quoi ça tient que certains êtres soient touchés par la grâce du bonheur et d’autres par la rudesse du malheur. La faute à pas de chance! Ce défaut de chance implique une dose de courage supplémentaire pour tracer sa route. Je t’embrasse 😘.
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      magali

      le 26/12/2023 à 14:12
      Bonne question ! J’ai envie de répondre bêtement : la génétique, le terrain familial, des parents sans passeport pour l’éducation et l’amour. Qui ne protègent pas. Ne voient pas. Et font du mal parce qu’eux mêmes déjà en grande souffrance. La vie me paraît être un long combat. Merci Jeanne pour ton message. Et toi comment vas-tu ? Lis-tu toujours autant ?
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    SYLVIE

    le 25/12/2023 à 17:12
    Tu n’es pas sans amour Magali, les amis ça compte aussi, même si on ne se connaît qu’à travers l’écriture et nos lectures ! J’espère vraiment que 2024 sera une année de renouveau pour toi, et comme tu le dit, une redécouverte du bonheur. Concernant ma jeunesse, je l’ai parfois évoquée un peu sur Babelio, mais c’est loin maintenant, même si on n’oublie jamais certaines choses. J’ai eu l’immense chance d’avoir des grands-parents maternels aimants et présents pour moi quand j’étais malmenée par la vie, il ne se passe pas un jour sans que leur souvenir ne soit présent en moi, particulièrement en cette période de Noël. Je t’en reparlerai peut-être un jour, si l’occasion s’y prête. Je t’embrasse fort, encore.
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      magali

      le 03/01/2024 à 12:01
      Bonjour Sylvie, ma tendre, n 2024 Merci pour ce gentil message que je découvre seulement à l’instant. Les fêtes pour moi me plongent souvent dans un brouillard infini. Nous voilà en 2024 et je te souhaite de garder le cap, la tête haute, le coeur ouvert et les yeux surtout bien grands pour voir ce qu’on ne peut voir la nuit, toutes ces petites merveilles tapies dehors. Je suis heureuse d’apprendre que tu as eu des grands-parents aimants auxquels tu penses chaque jour. Tu dois avoir un mari aussi et des enfants je suppose. Peut-être aussi des animaux. Un métier que tu aimes. Il faudra du temps pour moi. Je me suis réveillée à l’hopital et j’ai vu l’ampleur des dégâts. Maintenant il faut juste avancer. Je pense fort à toi et t’embrasse bien affectueusement.
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    SYLVIE

    le 25/12/2023 à 16:12
    Chère Magali, je commence par te souhaiter une belle fin d’année, meilleure que les mois qui l’ont précédée. Tu parles de résilience, trouve-là en toi, tu sais être forte, la preuve c’est que tu te remets à lire et à partager avec nous. En parlant de livres, je lirai certainement l’histoire d’Héloïse, même si ce n’est pas tout de suite, c’est le genre de thème auquel je ne sais pas résister, adepte de Giebel que je suis ! Peut-être est-ce dû à une enfance et adolescence chaotique, sans doute même, je suis attirée par ce type de récits. Je t’embrasse très fort mon amie 😘, tu es dans mes pensées en ce jour de Noël.
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      magali

      le 25/12/2023 à 17:12
      Tu me réchauffes mon cœur un peu gelé en ce moment avec ton amitié et tes mots duveteux. Merci d’être là. Le 25 décembre n’est jamais un bon jour pour moi. Je ressemble à la petite fille aux allumettes qui erre sous le froid de noël, affamée et sans amour. Je compte sur 2024 pour me nourrir de l’intérieur et accueillir le bonheur sans le fuir. Je ne savais pas que tu avais souffert d’une enfance chaotique. Ma porte t’est ouverte si tu veux te confier. Je t’embrasse bien fort.
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    Katia

    le 25/12/2023 à 16:12
    Joyeux noël! Merci pour ce nouveau retour!
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      magali

      le 25/12/2023 à 17:12
      Joyeux noël à toi chère amie belge 🌺 joyeux noël à toi 🎄
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    Ahlam

    le 25/12/2023 à 14:12
    Juste un coucou ma grande. De belles fêtes à toi. Je suis sur ton blog et j’en parcours tes dernières publi. Bises
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      magali

      le 25/12/2023 à 17:12
      Je vois ça. Merci pour tes commentaires. Ça fait plaisir ❤️

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