La Coccinelle des livres

Celle qui criait au loup

Livre écrit par : Delphine Saada Maison d’édition : Plon Nombre de pages : 272
Chronique créée le 23/12/2022 2 commentaires

4e de couverture


Albane est une infirmière modèle, respectée et appréciée de ses collègues, qui pourtant ne savent rien d’elle. Après des journées éreintantes dans son service, elle s’occupe de ses deux enfants jusqu’au retour de leur père. Elle le fait parce qu’il le faut, sans plaisir. Depuis peu, quelque chose la déstabilise et la dérange chez sa fille de six ans. Albane développe un comportement inquiétant envers Emma, au point d’alerter son mari qui ne lui laisse pas le choix…
D’une écriture intense et fulgurante, Delphine Saada décrit l’effondrement d’une femme contrainte à revenir sur son passé, signant un roman qui trouble et bouleverse.

 

Qu’on ne vienne pas encore maintenant lui parler d’instinct maternel. Elle pourrait en vomir. C’est une foutaise, une étiquette que l’on colle aux femmes. Vous portez l’enfant, neuf mois, vous saurez comment vous y prendre et bien mieux que les hommes. C’est faux. Archifaux. On ne sait rien avant que l’enfant ne soit là. Et quand il arrive, ce n’est pas mieux, on fait comme on peut et on se trompe souvent.

C’est le coeur en miettes que je termine ce roman, bouleversée, ko, effarée, outrée, affligée, en colère et j’en passe.
Je n’ai pas honte d’avoir les yeux remplis de larmes en refermant les dernières pages de ce livre. Cette histoire n’est qu’une fiction et pourtant, oui c’est tout à fait ça…

 

Albane est infirmière, mariée et mère de deux jeunes enfants, Arthur trois ans et Emma six. Sa vie sous tous les plans est sous contrôle permanent. Aucune place pour la spontanéité, la joie, les amis, la famille, les collègues, Albane est un mur de glace. Sa personnalité psychorigide fait froid dans le dos mais le pire chez cette femme n’est pas la. Elle nourrit une indifférence sidérante pour ses enfants et en particulier sa fille Emma. Dépourvue de fibre maternelle, la vie d’Albane nous donne la chair de poule tant rien ne l’affecte. Plus le temps passe et plus elle s’acharne sur sa fille sous mille prétextes.

Tantôt en colère tantôt en empathie pour Albane, elle m’a fait vivre les montagnes russes. On peut comprendre que ce ne soit pas inné la fibre maternelle mais voir des enfants privés d’amour, c’est difficile à imaginer.

Premier roman pour Delphine Saada, médecin, et quel roman !
L’auteure connaît bien le sujet, elle est précise, juste et bouleversante. Elle met en lumière que derrière chaque personnalité dysfonctionnelle se cache un passé trouble.

Beaucoup sont les premiers à juger, à blâmer, à se moquer. La différence fait peur. Ce n’est pas normal de ne pas aimer ses enfants, de ne pas avoir d’amis, d’être une taupe à son travail, juste l’infirmière parfaite. Oui Albane, elle est géniale et parfaite à son travail. Mais elle est seule. Elle le vit très bien, ça l’arrange Albane qu’on ne se mêle pas de sa vie, qu’on lui fiche la paix. le seul que ça dérange c’est Sebastian son mari quand cette fois-là, Albane a dépassé les limites avec Emma.

Ce roman est une claque. Tellement vrai.
Tellement triste.
Tellement ça aussi parfois, la vie.

N’oublions jamais que derrière chaque personnalité marginale se cachent probablement mille petits monstres qui vous ont banni vos rêves et votre capacité d’être comme tout le monde. Merci Delphine Saada d’avoir mis en lumière ces trouble-fête de l’amour, de la maternité, de la vie troubadour, merci pour ces 270 pages qui sont leurs, pour toutes ces étoiles que vous avez allumées dans mon petit coeur meurtri.

Les femmes seront libres lorsqu’elles s’autoriseront à faire éclater les poches de boue qu’elles portent en elles, tout au fond, et qu’elles les laisseront s’écouler et s’infiltrer partout, sans intervenir, sur les moquettes immaculées des intérieurs, sur les trottoirs des grandes villes, quitte à tout éclabousser et tout enlaidir, l’image de la famille parfaite comme les costumes sur-mesure de ces messieurs, pour qu’elles n’aient plus, elles, les mains sales.

En 3 lignes, Celle qui criait au loup c’est…

Un livre bouleversant sur les traumatismes de l’enfance.

Qui nous rappelle combien il est difficile de guérir des blessures du jeune âge.

Un livre mémorable, un livre coup de coeur.

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