
Ai-je déjà exploré l’univers de Marcel Proust ? Peut-être à l’école quand j’avais 17 ou 18 ans mais au-delà de sa fameuse madeleine, je n’en ai conservé qu’un vague souvenir. Récemment, une amie sur Instagram (merci mon amie Jeanne), a entamé et achevé la lecture de tous les tomes de « La Recherche », exploit qui m’a fait me sentir bien modeste face à l’érudition sans faille dont elle faisait preuve. Dis-moi, dis-nous Jeanne, y a t’il un avant et un après Marcel Proust ? J’ai tellement l’impression qu’après avoir lu Proust, on ne peut plus être tout à fait le même, qu’il y a quelque chose qui s’éveille au fond de nous, que peut-être même beaucoup de livres nous deviennent insipides. Partage ton ressenti.
Ainsi donc, Marcel Proust ! Une œuvre d’une telle ampleur et densité qu’elle ne peut manquer d’impressionner!
J’ai donc continué à approcher Proust avec prudence via cet essai philosophique des éditions Les Équateurs : Un été avec Proust. En lisant cet essai, je me suis sentie totalement hors du temps, immergée dans une autre époque où le raffinement avait encore toute sa place. Je ne serai pas capable ici de vous faire un compte rendu à la hauteur de ces neuf écrivains ou professeurs émérites. Ce que je peux partager avec vous ce sont des fragments d’émotions qui ont ponctué ma lecture.
Chaque chapitre (d’une brièveté appréciable) s’ouvre sur une citation tirée des livres de Proust. Des phrases courtes pour changer (Marcel ayant habituellement un penchant prononcé pour les phrases interminables). Un encadré résume ensuite succinctement cette citation. C’est beau à lire, cela frappe aux yeux comme un tableau impressionniste saisissant. S’en suit la réflexion philosophique proprement dite : plus complexe certes, mais ô combien fascinante ! Certains passages ont été lus puis relus pour le pur plaisir intellectuel qu’ils procuraient ou la douceur qu’ils apportaient à mon cœur.

Ce que j’ai adoré par-dessus tout dans « Un été avec Proust », c’est cette connexion intime avec quelque chose perdu puis retrouvé avec tendresse et intensité. Qui pourrait oublier la madeleine proustienne ? Ce moment exquis où Marcel Proust décrit si parfaitement les réminiscences que provoquent en lui le simple fait de tremper sa madeleine dans son thé ; il nous fait découvrir alors sa vision de la mémoire involontaire. Ca laisse à réfléchir… Ca donne envie de sortir, de regarder, de vibrer, de fermer les yeux et de se souvenir… Essayez donc.
« Qui n’a jamais ressenti comment un bruit ou une odeur pouvaient ramener à soi un fragment perdu du passé ? »
Dans ses écrits, Proust nomme ce phénomène « mémoire involontaire« . Même si rien ne subsiste pour notre intelligence consciente, tout survit dans une mémoire enfouie qui attend simplement un stimulus fortuit pour faire resurgir ces souvenirs endormis. Cette mémoire involontaire est aléatoire et imprévisible ; elle est aussi spontanée qu’ambivalente.
« Un été avec Proust » est comme une promenade enchantée au cœur du monde proustien : ses lieux fétiches y sont visités; on y découvre aussi ses personnages torturés par leur passion amoureuse ou ceux sublimés par leur amour inconditionnel; on y explore divers thèmes profonds comme celui du sommeil et du rêve. Par exemple:
« Nous sommes tous obligés pour rendre la réalité supportable d’entretenir en nous quelques petites folies« .

Proust était non seulement un grand mélomane mais également un explorateur infatigable de la Beauté ; il semblait se nourrir uniquement des joies extatiques procurées par son art.
Il chercha pendant près d’une décennie à figer le temps grâce à l’écriture méticuleuse de La Recherche du Temps Perdu – véritable odyssée littéraire oscillant entre nostalgie poignante, mélancolie douce-amère, désir ardent, attente fébrile et illusion trompeuse.
En conclusion, lire Marcel Proust ne se fait pas distraitement entre deux séries télévisées ni sur une plage bondée sous un brouhaha incessant. Lire Marcel Proust requiert patience et tranquillité; cela nécessite que nous prenions le temps nécessaire afin d’expérimenter pleinement toutes les sensations que vivent ses personnages vibrants d’humanité.
Cet essai porte merveilleusement bien son titre car en parcourant ses pages on passe véritablement Un ÉtÉ Avec PROUST . N’hésitez pas à découvrir cette très belle scène extraite du film de Raoul Ruiz où l’on observe un Marcel Proust ému et épris d’amour pour la sonate de Vinteuil.
Qui parmi vous a déjà lu Marcel Proust? Impressionnez moi !