Bien que je n’éprouve généralement pas une grande affinité pour la littérature américaine, j’ai découvert en Ellen Marie Wiseman une écrivaine fascinante qui me réconcilie avec la littérature outre-Atlantique. J’avais abordé avec une certaine prudence son deuxième livre traduit en français « Ce qu’elle a laissé derrière elle » (voir mon article en recommandations), et à ma grande surprise, je me suis retrouvée à dévorer ce roman. Ici encore, « La vie qu’on m’a choisie », est un succès retentissant. J’oserais même dire que j’ai préféré ce livre au précédent. Ce fut, donc, un coup de cœur immense.
Fidèle à sa manière de narrer, l’auteure nous plonge dans l’histoire de deux héroïnes attachantes : Lilly et Julia, dont les vies se déploient sur deux périodes distinctes mais intimement liées.
Les années trente, Lilly est une petite fille qui vit recluse dans le grenier du manoir Blackwood depuis sa naissance. Elle n’a jamais eu l’occasion de voir la lumière du jour ni de vivre comme tous les enfants de son âge. Sa mère, qui la maltraite et la considère comme un monstre, voire une abomination, va jusqu’à la cacher au monde entier. Un soir fatidique change tout pour Lilly : elle est vendue à un cirque par sa mère. Ce changement signifie simplement passer d’une prison à une autre. Lilly se questionnera longtemps sur l’image qu’elle renvoie aux autres, en quoi cette petite fille est-elle si abominable comme le prétendait sa mère ? Nous le découvrirons progressivement.
Parallèlement à l’histoire de Lilly vingt ans plus tard, nous suivons Julia qui vient d’hériter du célèbre manoir Blackwood. Elle ressent un lien indescriptible avec les chevaux élevés sur les terres du manoir, Julia s’obstinera à vouloir donner un nouvel essor à cet élevage loin des habitudes malaisantes de ses défunts parents. Cependant, le manoir recèle des mystères sombres qui rendent le quotidien de Julia complexe car elle se retrouve tiraillée par des secrets familiaux qu’elle ne comprend pas. Le lecteur seul possède les clés pour relier ces deux héroïnes dont les destins sont intriqués ; cette constante tension narrative rend l’histoire haletante et passionnante !
La vie que mène Lilly au sein du cirque est parsemée de peurs et souffrances mais également teintée de joie inattendue grâce à un don particulier… Certaines scènes ont été si puissamment décrites que leurs images ont hanté mes nuits ; elles prennent vie en vous étranglant presque d’émotions tangibles.
Le fait que j’ai dévoré ces 512 pages sans interruption aucune témoigne du caractère exceptionnellement remarquable de cette lecture.
Dans ses remerciements, Ellen Marie Wiseman exprime toute sa gratitude envers ses enfants et petits-enfants en affirmant qu’ils sont sa raison d’être et sa plus grande fierté ; cette confession révèle une femme profondément animée par des valeurs authentiques empreintes d’une humanité sincère. Ces valeurs se ressentent tout au long du roman « La vie qu’on m’a choisie » où chaque ligne transpire d’un attachement tangible pour nos deux héroïnes qui n’ont dans leurs poches, que leur gentillesse, leur amour pour les animaux et la rêverie des étoiles.
Quelques scènes peuvent heurter la sensibilité de certains lecteurs; moi qui suis sensible à la cause animale, j’ai surtout ressenti l’amour de Lilly plus fort que tout et sa ténacité à protéger les plus faibles.
Il s’agit là d’un très beau roman qui traverse le temps avec brio offrant aux lecteurs une extraordinaire aventure humaine aux côtés des personnages aussi attachants les uns que les autres malgré certains personnages exécrables.
Comment grandit-on lorsque l’on a été vendu par sa propre mère ? Comment trouver la force nécessaire pour vivre alors que notre monde semble verrouillé ? Comment reconnaître l’amour quand il nous a cruellement manqué durant toute notre existence ? Comment se construit-on lorsqu’on n’a aucun repère ?
Toutes ces questions sont admirablement traitées dans « La vie qu’on m’a choisie » grâce à un style narratif absolument abouti et captivant. La couverture étant aussi sublime que le contenu du livre lui-même – ne passez surtout pas à côté !
Avez-vous lu ce livre ou Ce qu’elle a laissé derrière elle ou encore son dernier que j’ai hâte de découvrir (Là où sont tes racines) ?