La Coccinelle des livres

Ne jamais couler

Livre écrit par : Marie de Brauer Maison d’édition : Leduc Nombre de pages : 109
Chronique créée le 12/02/2023 21 commentaires

4è de couverture

« La grossophobie définit l’ensemble des discriminations que vivent les personnes grosses dans notre société. Elle est constante dans nos vies, de l’enfance à l’âge adulte. C’est une discrimination silencieuse, ignorée, légitimée. Alors voilà, la grossophobie elle est partout, tout le temps. Et tout le monde s’en fout. »
Avec une approche ludique et un humour décapant, Marie de Brauer nous raconte son histoire et son combat contre l’injustice qu’elle vit au quotidien, portés par les illustrations pétillantes de Lucymacaroni.

Extrait

8 ans, c’est l’âge moyen du premier régime en France. C’est un peu jeune, non? Dans l’enfance, la grossophobie peut survenir dans le cercle familial (mise au régime forcé, humiliation…) mais aussi à l’école. Selon l’OMS, 63 % des enfants obèses risquent d’être victime de harcèlement scolaire.

Au travail, maintenant. Une personne grosse a sept à huit fois moins de chances d’obtenir un entretien d’embauche si on voit sur la photo de son CV qu’elle est grosse… La raison? Une personne grosse serait moins dynamique, et même idiote. Super.

Chronique 

Dans cette BD, Marie de Brauer exorcise son mal-être en dénonçant combien il est difficile de vivre avec un surpoids dans une société qui prône la minceur. Elle y décrit son parcours, son enfance, sa vie jalonnée par ses difficultés. Ce n’est qu’après une longue thérapie que Marie finit par accepter son corps mais toute sa vie, elle aura beaucoup souffert, du regard des autres mais surtout de son propre regard auto-critique sur son corps. Il faut se mettre à sa place et comprendre combien les choses de tous les jours sont contraignantes et sources de stress, comme s’asseoir dans un bus (on a peur de prendre trop de place), manger un hamburger sur un banc (on a peur d’être jugé), manger une salade (voilà la grosse qui se met au régime). L’être humain est souvent peu tolérant et à même de clémence. On croit qu’il suffit de moins manger, de faire régime pour maigrir mais ce n’est pas aussi simple. Depuis petite, Marie est très gourmande et s’imaginait jadis boulangère. Je me suis bien sûr questionnée, pourquoi sa maman n’a pas réagi ? Pourquoi toutes ces sucreries à la maison? Se jeter sur les sucreries si petite doit certainement trouver son explication quelque part. La nourriture est souvent un refuge pour panser un mal-être. Marie en parle, il y a eu le divorce de ses parents, son père qui s’en va. Les parents ont un rôle fondamental dans les habitudes alimentaires de leurs enfants, ils ont un rôle essentiel aussi pour palier aux blessures intérieures autrement qu’avec une armoire remplie de confiseries. Du moins, c’est mon avis. Cette BD ne parle pas suffisamment de ces zones d’ombre, surtout quand on sait qu’un enfant obèse a beaucoup plus de chance de le rester adulte. J’aurai aimé comprendre l’enfance de Marie.

 

A côté de cela, c’est une BD qui certainement décomplexera les gens en surpoids, car elle met l’accent sur l’acceptation de son corps. Les images très colorées et dynamiques, l’humour bien dosé rendent l’histoire très plaisante à lire.

Je reste un peu sceptique sur les questions de santé qui ne sont pas ici relevées, être en surpoids nuit à la santé et génère de nombreux problèmes, cardiaques, diabétiques et autre. C’est aussi la cinquième cause de décès dans le monde. Je ne suis pas convaincue qu’il faille banaliser l’obésité comme le fait ici Marie de Brauer. Bien sûr, l’obésité aggrave la santé mentale, Marie en parle d’ailleurs très bien mais l’obésité me semble t’il reste un problème de santé publique aussi. Cette BD occulte ce point important.

 

 

Changer son regard sur les gros (n’ayons pas peur d’appeler un chat un chat, Marie de Brauer le dit plusieurs fois: elle est grosse) est important, faire preuve de tolérance et d’acceptation. Chacun a sa place sur la terre, chacun a le droit d’être en paix avec son corps, petit, grand, maigre ou gros, il n’est pas toujours facile ou même possible d’être autre chose que soi-même. C’est en somme le message que fait passer Marie de Brauer dans cette BD décomplexée.

Autre BD aux Editions Leduc : https://coccinelledeslivres.be/porte-bonheur/

 

 

 

Les autrices: Marie de Brauer et Lucymacaroni (illustratrice)

 

 

 

Marie de Brauer est journaliste, autrice de documentaires et animatrice de podcasts. En 2020, elle écrit La grosse vie de Marie (france.tv slash), un reportage poignant dans lequel elle aborde la grossophobie et son vécu. En 2021, elle revient sur ce sujet lors de l’émission Le grand Oral (France 2). A présent, elle nous livre son récit à travers une BD qui reflète sa vive personnalité et son humour mordant.

 

Lucy Macaroni est une illustratrice et dessinatrice de BD. Elle a vite percé en tant que figure de proue des illustratrices féministes et engagées. Fière de représenter des femmes fortes et unies face à l’adversité, elle a déjà collaboré et participé à de nombreux projets (éditions, médias, mode…) où elle a pu exprimer son engagement.

Commentaires

21 commentaires

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    Isabelle

    le 02/05/2023 à 09:05
    Manger un bonbon ou un gâteau ne rend pas obèse. Votre fils fera comme les autres lorsqu’il ne sera pas sous votre regard. Même peut-être plus parce qu’il en a été privé enfant. L’obésité réunit plusieurs facteurs. L’autrice l’explique très bien dans son livre. Génétique, souffrance morale. Toutes vos remarques sont grossophobes. Comme celles décrites dans le livre justement. Alors …Soit vous n’avez rien compris soit vous n’avez pas lu…soit vous ne voulez pas comprendre…
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    Isabelle

    le 29/04/2023 à 15:04
    Parce que vous pensez que vider les armoires sera suffisant ? La frustration n’est pas la solution. Vous montrez juste une grande méconnaissance du sujet. Avez-vous vraiment lu ce livre ? Vous interprétez les choses. Sa mère fait les choses de façon très intelligente. Elle l’amène à décider pour elle. Tout est dit dans ce livre. Tout. Les causes, le fonctionnement, l’intolérance des autres…la grossophobie quoi ! Et dire qu’il suffit d’apprendre à un enfant à manger sainement… c’est très réducteur !!!
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    Hedwige

    le 21/02/2023 à 13:02
    Anorexie et boulimie ne sont-elles pas toujours des symptômes de souffrance psychique ? Il est étonnant que ce ne soient que les femmes grosses qui sont moquées et rejetées, et non les hommes. C’est encore plus tragique quand les parents bourrent leurs armoires de sucreries parce que ça peut amener l’enfant à assimiler les sucreries au principal signe d’amour qu’il reçoit de ses parents. Et tu as raison de relever que l’obésité entraîne de gros problème de santé. C’est un sujet vaste et qui soulève beaucoup de questions. Merci pour cette lecture, Magali.
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      magali

      le 22/02/2023 à 07:02
      C’est bien vrai Hedwige ce que tu relèves ici. Déjà ce point d’inégalité entre homme et femme. On juge plus vite une femme grosse ou même aux cheveux gris qu’un homme gros ou poivre et sel. Il faudrait qu’une femme soit toujours parfaite. Ce n’est pas juste. Et vrai aussi sur l’anorexie et la boulimie, ça cache de véritables souffrances, terribles souvent. Un plaisir de te lire chère Hedwige, tu me fais bien plaisir.
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    Hedwige

    le 20/02/2023 à 19:02
    La boulimie comme l’anorexie sont des symptômes de souffrances psychologiques sévères et profondes. En plus ces personnes à l’aspect différent sont des cibles privilégiées pour un public qui pense d’élever en rabaissant les autres. Mais comment infuser la notion de respect envers les autres dans une société qui s’accroche à ses différences pour former un bloc de « nous » supérieur aux autres ?
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      magali

      le 22/02/2023 à 07:02
      Il est essentiel dés le plus jeune âge d’insuffler la confiance chez nos enfants. De leur apprendre une bonne hygiène de vie et des valeurs comme autant d’armes et de protections pour affronter la vie.
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    corinne

    le 19/02/2023 à 20:02
    Ton avis est intéressant. Il y a plusieurs causes pour les problèmes de poids même si on voit l’autrice se goinfrer étant petite. Les parents font ce qu’ils peuvent, les enfants aussi.
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      magali

      le 20/02/2023 à 11:02
      Ne pas remplir frigo et armoires de mauvais aliments me semble élémentaire. Mais bon, j’entends ce que tu m’écris.
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    julitlesmots

    le 15/02/2023 à 13:02
    La grossophobie est présente partout ! Je te recommande un excellent livre « La Pandémie » excellent sur cette thématique 😉
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      magali

      le 15/02/2023 à 18:02
      Merci Julie pour ton commentaire. Je vais aller me renseigner sur le livre que tu me suggères. Sinon sur le même thème, j’ai lu et adoré La grosse. Ce livre est magnifique. Je te le recommande (voir mon post).
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    Éric

    le 13/02/2023 à 17:02
    Très beau blog !
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    Claire lectures

    le 12/02/2023 à 23:02
    J’aime beaucoup le regard critique que tu poses sur cette lecture en nous proposant une réflexion intéressante. Je pense qu’il est fondamental d’appeler à davantage de tolérance et de bienveillance, ce dont la société peut cruellement manquer parfois. J’ai entendu bien trop de choses révoltantes à ce sujet et je peux imaginer la souffrance que cela engendre même si je ne l’ai personnellement pas vécu. Ce genre d’ouvrage diffusant des messages d’acceptation de soi et de lutte contre les discriminations est essentiel. Concernant les bémols que tu soulèves, je les comprends tout à fait. Il faudrait que je lise cette BD pour me faire mon propre avis 😌
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      magali

      le 13/02/2023 à 14:02
      Je suis entièrement d’accord avec toi. J’aurai dû aussi lire cette BD avec un autre regard, tu vois, l’ouverture d’esprit, l’empathie, c’est pas si simple que ça. Moi même j’ai des lacunes. C’est en effet important ce genre de livres afin d’appeler à plus de bienveillance.
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    Victoria BONUS

    le 12/02/2023 à 20:02
    Ta chronique est riche et réfléchie. Je suis d’accord avec toi sur plusieurs points : les parents ont un rôle capital à jouer, il faut être tolérant mais c’est également un problème de santé publique. Tu nous offre une belle réflexion sur ce thème. 🤗
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      magali

      le 12/02/2023 à 23:02
      Coucou jolie Victoria, Nous sommes d’accord ! Nos enfants méritent de grandir dans une hygiène alimentaire saine et équilibrée. Les parents jouent un rôle important au service de l’éducation de leurs enfants. Dans cette BD, Marie est livrée à elle-même, elle grignote sans que sa mère ne réagisse. Voilà pourquoi je suis assez mitigée sur cette lecture. Bien sûr tout le monde ne réussit pas ses régimes, certains problèmes causent une prise de poids sur laquelle on manque d’emprise. Mais il me semble important de ne pas banaliser l’obésité. Ne fut-ce que pour la santé.
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    Sylvie

    le 12/02/2023 à 18:02
    J’ai commandé cette BD pour le CDI, parce que je pense qu’il faut dénoncer le harcèlement que subissent les personnes en surpoids, et elles sont nombreuses parmi les ados. Je te rejoins tout-à-fait sur l’importance de contrôler l’alimentation des enfants, chaque fois que je fais les courses je suis ébahie par le contenu de certains caddies, et de constater que certains enfants sont « prescripteurs » des achats, jetant dedans chips, sodas, biscuits en quantité sans que les parents ne mettent leur veto.. J’ai vu un reportage il y a deux jours sur une conséquence de cette malbouffe : des enfants de trois-quatre ans qui ont tant de caries qu’il faut les opérer sous anesthésie générale pour tenter de réparer les dégâts et que les dents définitives puissent pousser normalement ! On ne va pas me dire que les parents ne sont pas responsables… Oui, c’est vrai qu’il faut s’accepter, mais pas toujours facile !
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      magali

      le 12/02/2023 à 23:02
      En effet Sylvie ! Moi aussi je suis outrée devant ces parents qui remplissent leurs caddies de crasses en tous genre. Bon, je comprends que cuisiner sainement n’est pas à la portée de tous. Mais éviter les sodas et les confiseries est un minimum il me semble. Laisser un enfant étudier avec des chips et un coca, c’est terrible ! Un enfant au lit à manger du chocolat, pas mieux. Tout ça m’effraie…
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    Chrystèle

    le 12/02/2023 à 15:02
    Intéressant ! « Les parents ont un rôle fondamental dans les habitudes alimentaires de leurs enfants », oh que oui, je suis une ancienne anorexique du fait d’habitudes alimentaires de mes parents détestables. Seule l’apparence physique était importante, la paraitre, la minceur, et lorsque ma maman, à l’adolescence, m’a fait comprendre que j’étais plus grosse qu’elle, je suis tombée dans l’anorexie sévère (comme mes deux autres soeurs)…Je m’en suis sortie et suis désormais incapable de faire un régime tant ces années là m’ont traumatisée…Maitre ou grosse, je suis bien d’accord sur le fait que l’alimentaire reflète notre mal être. C’est un aspect important du problème au-delà de l’acceptation des personnes et du regard que nous devons changer. Je trouve très bien d’aborder ce thème avec le format BD, ça allège le propos tout en lui donnant un regard un peu décalé. J’aime l’idée.
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      magali

      le 12/02/2023 à 15:02
      Coucou Chrystèle, Je suis d’accord avec toi. Quand on est jeune, on peut souffrir et percevoir son alimentation différemment. Moi aussi j’ai traversé une longue période d’anorexie car j’étais très mal dans ma peau. Ici, dans cette BD, l’autrice ne relève pas vraiment ses habitudes alimentaires de petite fille, on la voit se goinfrer à longueur de journée, seule dans sa chambre. Comment est-ce possible? Ou sont les parents? Il faut tirer la sonnette d’alarme à mon humble avis. Laisser un enfant mal se nourrir, je ne comprends pas. Surtout si jeune. L’anorexie, la boulimie en général, ça survient à l’adolescence quand les parents n’ont plus la main mise sur notre alimentation et nos souffrances intérieures. Mais laisser un jeune enfant mal se nourrir, j’ai du mal à comprendre… L’intérêt dans cette BD est le regard que nous portons sur les gros, ça amène un peu de clémence et de tolérance et ma foi, par les temps qui courent, c’est toujours utile. Nous ne sommes pas tous égaux et détester son corps doit être absolument terrible surtout lorsqu’on ne parvient pas à en changer. C’est de loin le plus important, essayer de s’aimer, vivre en paix et en harmonie avec soi-même.
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        Chrystèle

        le 12/02/2023 à 18:02
        En effet, laisser un enfant mal s’alimenter est de la responsabilité des parents alors qu’avec des ado c’est déjà plus délicat…Oui, si déjà cette BD permet d’amener un regard différent, de la clémence notamment, c’est déjà énorme. Excuse moi pour les fautes dans mon message précédent, mon correcteur automatique a fait des siennes semble-t-il…
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          magali

          le 12/02/2023 à 23:02
          Je te rejoins entièrement. Un enfant surtout jeune a besoin de limites, d’éducation, de restriction et de valeurs. Ici à la maison quand mon fils était petit, il n’y avait pas de soda, ni de confiseries. Je privilégiais les fruits et les collations saines. Sans compter un peu de sport. Évidemment mon fils n’en aurait fait qu’à sa tête si je n’avais pas été derrière d’où l’importance des parents a bien s’occuper de leurs progénitures.

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