La Coccinelle des livres

Mon acrobate

Livre écrit par : Cécile Pivot Maison d’édition : Calman-Lévy Nombre de pages : 304
Chronique créée le 14/01/2023 2 commentaires

4e de couverture


« Zoé nichait à l’intérieur de moi, dans le moindre repli de ma peau, dans mon
ventre, entre mes bras, derrière mes paupières, dans l’air que je respirais. Elle ne me laissait pas de répit. »

Ce matin, Izia regarde son mari quitter l’appartement  où ils ont élevé leur fille Zoé, renversée par un chauffard  quelques mois auparavant. Izia n’a pas un geste pour
le retenir. Elle est soulagée d’être seule avec son chagrin,  libre de s’enfermer dans la chambre intacte de Zoé.
Mais au fil des jours, la faim, le besoin de marcher,  de sentir le soleil sur sa peau, reviennent. Izia comprend  qu’elle doit vivre cet « après » et trouver une activité  où nul ne sait rien de sa perte. Elle a l’idée de proposer  ses services à des gens souhaitant débarrasser le domicile  d’un proche disparu.
Ainsi Izia devient-elle une drôle de déménageuse.  Pour l’aider, elle embauche Samuel, un jeune homme  au franc-parler déconcertant et aux fragilités touchantes.
Cette rencontre, et toutes celles suscitées par son  travail incongru, sont les premiers fils bien fragiles qui  ramèneront peu à peu cette femme perdue vers la vie.

La mort et l’oubli s’installaient peu à peu dans la chambre de Zoé et je n’y pouvais rien. Ils salissaient tout, n’avaient aucune pitié. Ils ne me laisseraient pas faire. Ils finiraient par transformer sa chambre en mausolée.

C’est bien la première fois qu’une quatrième de couverture me trompe à ce point. « Mais au fil des jours, la faim, le besoin de marcher, de sentir le soleil sur sa peau reviennent… Ainsi Izïa devient-elle une drôle de déménageuse… »

J’imaginais un roman léger et lumineux et il n’en est rien.

Izia et Étienne sont un couple uni, les heureux parents d’une petite fille sensible, joyeuse et pétillante. Zoé a huit ans quand un chauffard ivre la renverse sur le trottoir laissant ses parents dans un désespoir sans fin.

Izia sombre et demande à Étienne de partir, de la laisser seule avec sa souffrance. Après avoir touché le fond, Izia se relève tant bien que mal et se lance comme déménageuse auprès de familles endeuillées. Car pour elle, son chemin de croix c’est auprès des morts qu’elle veut le passer. Auprès de ceux qui souffrent, qui pleurent, qui ressentent le manque. Comme elle, qui voit en tout le souvenir de sa fille.
Pour s’aider, Izia embauche Samuel, un jeune qui ne fait pas dans le sentimentalisme. Ensemble, ils vont aller à la rencontre de ces gens tantôt maladroits, tantôt pressés, tantôt préoccupés après le passage de la faucheuse. S’imbriquent alors de petites histoires dans la grande. Autant de scènettes pour mettre un peu de côté le tragique, l’innommable.

Mon acrobate est un livre émouvant qui traite avec minutie et délicatesse du deuil, de l’amour qui ne s’éteint jamais malgré la peine immense. Qui nous amène à penser qu’en se tenant debout et en étant actif, qu’en laissant le temps faire son boulot, petit à petit, il fait moins froid.

Je ne l’ai pas connue suffisamment longtemps la petite acrobate, Zoé, mais cette môme a fait battre mon cœur tant sa personnalité à travers les souvenirs de ses parents est merveilleuse.

Il n’y a rien de pire que de perdre un enfant, Cécile Pivot a travers des mots et des personnages remplis de douceur et d’authenticité nous pose au bord de la lune, prêts à cueillir la première étoile filante.

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