La Coccinelle des livres

L’épuisement

Livre écrit par : Christian Bobin Maison d’édition : Gallimard
Chronique créée le 29/07/2020 4 commentaires
« La poésie c'est suivre son coeur en allant à la fête. » Cette petite phrase résume à elle seule l'effet Bobin. Ouvrir un de ses livres, c'est vêtir sa petite robe de fête. C'est un rendez-vous nécessaire avec le soleil. Si l'épuisement guette, plongez dans ce petit livre de Bobin, le magicien conteur du soleil levant. Comme un funambule dans la toile de la Beauté, comme un baladin dansant dans les jupes de la vie, Bobin expire le souffle de ce que la vie offre de meilleur. L'épuisement guette, personne n'est à l'abris dans la machine infernale de notre société, Bobin offre ici un excellent palliatif pour voir la vie en rose. C'est au coeur du pessimisme et du malheur qu'il renverse la tendance pour nous offrir un uppercut qui résonne comme le plus beau chant qui soit: la vie qui bat dedans et dehors, la vie partout, la vie elle et seulement elle. Il se penche ici sur divers sujets pour faire jaillir de cet épuisement un regard empreint de bienveillance et de musicalité. de la solitude, il fait jaillir l'essence du bonheur, ses quarante-trois ans à l'époque deviennent un trois ans et quarante ans, si les chômeurs sont épuisés c'est à cause de la trop grande présence du travail que corrobore notre société, si les vieux n'ouvrent plus les yeux c'est parce qu'ils ont oublié l'enfant qui sommeille en eux. Et toujours l'amour : « L'amour est le réel désencombré de nos amours imaginaires. » Et aussi l'écriture : « L'écriture c'est le coeur qui éclate en silence. » Et évidemment des enfants : « J'aime les enfants de trois ans. Je les vois comme des fous ou des aventuriers du bout du monde. Il n'y a que l'enfance sur cette terre. » Lire Bobin, c'est respirer la vie, c'est respirer mieux. C'est comme un enfant de trois ans, mettre ses doigts dans tout et le porter à sa bouche pour se nourrir l'âme et le corps. Lire Bobin, c'est prendre le temps de voir la vie autrement, plus doucement, de s'en imprégner tout entier. Lire Bobin, c'est un repos nourricier. C'est une danse dans le vent. C'est une caresse qui dure et dure. Et ça, ça vaut de l'or. J'aime cet écrivain et j'aime me pelotonner dans ses lignes. J'en ressens une quiétude exceptionnelle, un éblouissement chaleureux. J'en avais tellement besoin. J'ai trouvé cela et plus encore grâce à ce livre.

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