La Coccinelle des livres

Le sens de nos pas

Livre écrit par : Claire Norton Maison d’édition : Robert Laffont
Chronique créée le 17/03/2022 0 commentaire
On côtoie tous un jour ou l'autre la vieillesse. On pavoise du haut de nos vingt ans le coeur fermé devant ces vieux qui ne parlent plus. Claire Norton à travers ce roman nous plonge dans les pensées d'Auguste, quatre-vingt cinq ans. Il a accueilli dans sa humble maison chargée de souvenirs, son fils Simon et sa bru Nathalie alias Cruela. le couple n'a que faire d'Auguste, le traitant tantôt avec indifférence tantôt comme un rebut. Ils s'imaginent quoi ces deux-là ? Que le vieux est sénile et dépourvu de sentiments ? Juste bon pour un aller sans retour dans un EHPAD ? Voilà tout le talent de Claire. Elle nous place dans le coeur de ce brave homme qui souffre en silence. Il a perdu son épouse aimée, Jeanne, puis son chien Bounty, son fils n'est plus cet enfant complice qu'il a connu dans son enfance, il est froid, distant, indifférent. Pauvre Auguste. On ne s'imagine pas qu'un vieux qui marche clopin-clopant, qui ne parle plus, on ne s'imagine pas combien ça peut pleurer.

Je vous parle d'entrée de jeu d'Auguste car ce bonhomme m'a beaucoup touchée. Il est ce père, ce grand-père qui fut le nôtre, aimant, courageux, complice. On ne peut qu'être ému devant cette grise réalité où vieux et jeunes peinent à se comprendre et à se souvenir du bon vieux temps.

Il y a pourtant cette gamine, Philomène, perdue depuis que sa mère est tragiquement décédée deux mois plus tôt. Sa mère lui manque et elle s'est mis en tête de trouver des réponses sur son accident.

Le sens de nos pas est un roman bien différent des trois autres précédents de Claire. Une double fugue, une rencontre intergénérationnelle, la résilience en bandoulière, le duo insolite va voyager quelques jours pour approcher la mort qui n'aura jamais été aussi vivante qu'ici.

Philomène s'attache très vite à Auguste et le bonhomme sera heureux d'avoir rencontré cette ado espiègle qui « le regarde comme un être vivant, pas comme un vieux grabataire arrivé en bout de course ».

Pas de coup de coeur pour le sens de nos pas qui s'apparente davantage à une plaidoirie philosophique, éthique et existentielle sur nombreux sujets tels que l'euthanasie, la vieillesse, le deuil. Plusieurs fois, j'ai eu envie de lire un cri du coeur, que les personnages secondaires se réveillent de leur léthargie. Simon, le fils d'Auguste qui traîne la patte à aimer son père et à lui chanter, Benoît, le père de Philomène qui aurait dû remplacer Auguste auprès de sa fille dans sa quête de sens. Puis d'autres personnages qui m'ont semblé piqué à la providence, sortis d'une pochette surprise.

Impossible pourtant de ne pas respecter ce quatrième livre de Claire Norton qui malgré mes bémols montre une fois encore son talent de conteuse au coeur tendre et pétri d'humanité.

Merci beaucoup à Babelio et les éditions Robert Laffont pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération masse critique privilégiée.

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