La Coccinelle des livres

Le paradoxe d’Anderson

Livre écrit par : Pascal Manoukian Maison d’édition : Seuil
Chronique créée le 25/03/2019 0 commentaire
Quand on tutoie la misère, on peut bien tutoyer Dieu... Pourtant ni Dieu ni Karl Marx ni les grands dirigeants n'auront que faire de cette famille de laissés pour compte à travers Aline et Christophe tous deux ouvriers dans une usine en proie aux fracas économiques.
Avec leurs deux salaires, ils remboursent le crédit de la maison, celui de la voiture, remplissent le frigo, paient l'électricité, l'eau, ils arrivent même à épargner un peu pour les loisirs et les vacances. Pourtant, sans crier gare, l'usine de textile d'Aline est délocalisée, même un salaire de misère c'est encore trop pour ces ogres de dirigeants. Quant à Christophe, le profil de son usine n'est pas meilleur et la grève gèle le salaire des ouvriers. Comment continuer à vivre avec un seul salaire minimal, un salaire indécent qui conduirait n'importe qui aux portes de la misère.

Ventres affamés, coeurs décharnés, rêves enterrés, chaque minute sonne le glas de la survie pour redresser cette famille à la dérive. Il faudra compter, oublier la quatre roues, mettre un masque parce que les enfants dans ce monde de prolétaires restent la seule richesse, alors il faut se taire, faire semblant, faire comme avant même si plus rien ne sera comme avant. Léa prépare ses études économiques. Elle se questionne, repense à son grand père Staline pour qui les ouvriers méritaient tout. Elle poursuit sa route vers le paradoxe d'Anderson sans s'imaginer la toile nauséabonde qui se tisse sur les siens. Mathis, le benjamin souffre d'une maladie mal définie, il s'étouffe dans des crises d'asthme qui nécessitent une surveillance quotidienne. Son salut, c'est l'arbre de Tarzan sur lequel il aime se balancer. Arbre qui aura plus d'une symbolique ici, entre insouciance et désespoir.

Le paradoxe d'Anderson de Pascal Manoukian est un roman brillant où l'auteur n'aura de cesse de dépeindre la société où les pauvres doivent être toujours plus pauvres quand les poches des riches débordent de tout ce qui est pris aux pauvres. Triste réalité noire et amère sous une excellente plume vivante et combien réaliste.

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