La Coccinelle des livres

Le consentement

Livre écrit par : Vanessa Springora Maison d’édition : Grasset
Chronique créée le 13/04/2020 0 commentaire
Triste monde que celui de V.
Triste monde où les enfants se caressent entre eux la nuit.
Triste monde où les enfants sont seuls pour grandir. Où il n'y a personne pour les aimer.
Triste monde où les frontières entre le bien et le mal ont disparu. Faute au manque de temps pour l'éducation, pour les valeurs, pour l'amour envers et contre tous.

Ce récit fut certainement un exutoire thérapeutique pour l'auteure qui dresse au-delà de l'abject ses réflexions sur son histoire d'amour. Elle avait quatorze ans. Il en avait cinquante. C'était une gosse, une jolie écolière comme G. aimait l'appeler, il était surtout pédophile et amoureux des nymphettes lolita.

Cette phrase dit tout :
« Comment admettre qu'on a été abusé, quand on ne peut nier avoir été consentant ? »

Si l'histoire entre V. et G. est immorale et choquante, c'est du côté de l'entourage qu'on s'en prend plein la figure.

Comment une enfant de quelques années peut-elle assister si jeune à autant de tableaux obscènes ?
À cinq ans, un camarade de classe lui demande de tenir son sexe pour uriner. À huit, elle assiste sur les pistes de ski à l'exhibition d'un homme nu sous son manteau. Tout aussi jeune, quand elle joue innocemment avec Barbie et Ken, son père lui demande platement « alors, ça baise? ».

Quel monde étrange que celui où les enfants sont si tôt baignés dans l'univers sexuel, sans aucune protection des plus grands, pire, jetée dans la fosse aux lions.

Quand les parents divorcent, le père disparaît très vite de la vie de V. Prétexte pour retrouver l'espoir d'un père chez G, trente six ans son aîné qui la couvre d'adoration.
La mère est assez vite au courant et comble du surréalisme, elle accepte la situation de sa fille de quatorze ans dans le lit d'un homme de cinquante. Comble de l'aberration : « Quand j'annonce à ma mère que j'ai quitté G., elle reste d'abord sans voix, puis me lance d'un air attristé : « Le pauvre, tu es sûre ? Il t'adore !   » ».
Quand V. se retrouve embarquée pour plusieurs semaines à l'hôpital pour un streptocoque, je suis sans voix quant aux réactions du personnel médical. le gynécologue est un criminel selon moi.

Ce livre m'a dérangée dés le départ. Il semble vouloir énumérer le nombre de scènes sexuelles les plus sordides. Il semble mener la danse de la débauche autour d'une gamine qui manque cruellement d'amour parental et d'éducation. Tout le monde est aux abonnés absents.

Un sentiment malsain m'a poursuivi tout au long de ma lecture. Un énième exutoire sur les dérives sexuelles, les conséquences que l'on devine sur l'adulte en souffrance, les divers traumatismes.
J'ignorais en ouvrant ce livre qu'il s'agissait d'une autobiographie. Peut-être l'aurai-je évité sinon.

Dans mon monde et mon coeur de mère, je ne suis pas parvenue à assimiler une telle somme de déboires pour son enfant.

Autant de yeux fermés.
Autant de coeurs éteints.
Autant de réactions immorales tues et laissées sur le pas de la porte. Comment G., écrivain ait pu publier autant d'horreurs sur ses passions pour les pré-pubères en toute liberté et impunité.

Il y a quelque chose qui manque dans ce récit. Ça semble trop gros, trop lourd, trop à l'envers des lois, de la protection de l'enfance. du coeur, de la conscience, du secours, des bras tendus. Je ne juge pas l'histoire de V., je m'offusque d'une réalité qui me fait vomir et ne m'a pas permis d'apprécier ce témoignage, peut-être un peu trop autocentré, trop intellectualisé où les lignes de l'enfance et ses émotions en construction semblent faire l'impasse. Et surtout indigeste pour moi et ma sensibilité.

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