La Coccinelle des livres
La mélancolie du kangourou
Chronique créée le 13/10/2018
2 commentaires
Comme j'ai aimé ce roman !
Comme j'ai aimé ce kangourou de père impuissant.
Comme j'ai aimé cette mélancolie de l'amour enfoui.
Comme j'ai aimé Rose, cette fée au grand coeur et cette petite Lou, petit bébé innocent.
Après s'être épanchée sur la délicatesse du homard, Laure Manel se penche ici sur la mélancolie du kangourou avec cette même idée de résilience en toile de fond ou comment une rencontre peut guérir les blessures de l'âme.
Antoine a 36 ans quand il devient père et orphelin le même jour lorsque sa tendre Raphaëlle décède des complications de l'accouchement. Antoine est dévasté. S'occuper de sa fille en plein deuil de son épouse, c'est impossible pour lui. Il en veut à Lou, il en veut à la terre entière de ne pas le laisser tranquille, de ne pas le laisser pour mort devant l'effroyable absence de celle qu'il aime tant. Simone, sa mère se rend compte qu'Antoine ne pourra s'occuper de sa fille, il lui faut de l'aide. Et c'est ainsi qu'ils engagent Rose, une jeune fille bien dans sa peau qui ne demande pas mieux de joindre l'utile à l'agréable en s'occupant du jeune nourrisson. La place de Rose dans cette maison mortuaire devient vite indispensable. Antoine délaisse sa fille, il se noie dans le chagrin pendant que Rose s'occupe, le coeur serré, de Lou. Elle la berce, la nourrit, lui sourit, bref elle lui offre tout ce qu'une mère aimante est censée offrir à son bébé. Sans prendre la place de mère, sans juger le père, elle endosse à 22 ans le plus grand rôle de sa vie.
Ce roman aérien est doux, touchant, sensible, relevant de délicates questions existentielles sur le deuil, la reconstruction, l'amour paternel, la résilience, la patience et surtout il offre un beau regard pétillant sur l'essentiel de la vie à travers les yeux d'une jeune fille pétillante et combien vivante.
La mélancolie du kangourou c'est le rendez vous de la mort avec la vie.
C'est un paradis en enfer. C'est des yeux qui s'ouvrent tout doucement sur la pointe des pieds. C'est un éblouissant hommage à la vie après un drame.
À lire sans modération pour se sentir léger comme une plume.