La Coccinelle des livres

Inuuneq

Livre écrit par : Fiji Maison d’édition : François Junillon
Chronique créée le 26/08/2019 0 commentaire
Inuuneq, drôle de mot et pourtant il veut dire beaucoup, c'est la vision de la vie en langage inuit. C'est d'ailleurs ce dont il est question dans ce roman d'un auteur que je ne connaissais pas, Fiji. La vie, ses richesses, ses bassesses, ses lumières, ses misères.

Antoine vit dans la rue, dans la misère la plus totale. Sa vie a basculé du jour au lendemain, un licenciement puis des dettes à n'en plus finir. Une réalité qui fait peur mais dont il est bon de se soucier car personne n'est à l'abris. Derrière un sans-abri, on oublie trop souvent qu'il y a un humain avec une histoire derrière lui, des souvenirs, de la culture, des réflexions. Oui, un sans-abri, ça ne pense pas qu'à survivre, ça pense aussi tout simplement. C'est le cas d'Antoine qui avec son grand coeur d'artichaut observe le monde qui l'entoure et nous fait part de réflexions d'un premier abord aigries mais pourtant, très réalistes.

Suite à un accident, Antoine se retrouve amnésique. Lui qui rêvait jadis d'être quelqu'un d'autre pour se reconstruire, il n'est aujourd'hui plus personne. N'être personne peut être une fameuse aubaine pour Antoine.

L'écriture de Fiji est poignante. La première partie m'a saisie à la gorge tant les mots s'entrechoquent dans une vérité brute sans pathos ni pitié. Antoine est attachant, émouvant, sensible, intelligent.
La deuxième partie à partir de l'accident m'a par contre un peu déçue, certainement parce que j'avais imaginé une évolution différente du personnage. Que je n'ai pas cerné non plus de corrélation entre le Antoine de la rue, sensible, réfléchi, accusateur et le Antoine amnésique, plutôt linéaire et transparent.
Il y a aussi beaucoup de douleurs et de violences envers la société dans Inuuneq que je peux comprendre car notre monde n'a pas des allures de carte postale. Fiji aurait peut-être pu s'aventurer en seconde partie vers des pages un peu plus lumineuses et porteuses d'espoir. Ce n'est que mon humble avis bien sûr.

Cela reste néanmoins un roman très plaisant qui m'a plu pour ses côtés anti-conformistes et les descriptifs sensibles, sensés sur fond philosophique de notre société à contre courant.

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