La Coccinelle des livres

Envolée / Trois petits tours

Livre écrit par : Hélène Machelon Maison d’édition : Librinova
Chronique créée le 07/07/2019 2 commentaires
« Saviez-vous que les petites filles naissent pour faire tourner leur jupon de princesse jusqu'à s'étourdir, pour massacrer les bâtons de rouge à lèvres en se tordant les chevilles sur les escarpins de leur mère, pour sauter sur les lits et s'admirer dans le grand miroir de l'entrée en récitant des poèmes ? » Ce passage, premier d'une longue série qui m'aura serré la gorge jusqu'aux larmes témoigne du tableau idyllique que chaque parent peint pour ses enfants, pour sa princesse. J'ai lu d'une traite ce roman qui m'aura captivée des premières pages jusqu'à la toute dernière. Une vraie claque. Rose n'aura pas cette chance. Comme si tous les enfants ne naissaient pas tous sous la même étoile protectrice. Rose n'était pas née pour cette vie. Même si Rose n'était que fécondité. Un premier roman pour Hélène Machelon que je remercie du fond du coeur pour m'avoir adressé si gentiment son roman. du fond du coeur oui, car ce roman m'a émue et serrée le coeur comme jamais. Sur la grande et triste scène de la mort grappillent des gens de l'ombre qui à leur façon raconte leur sollicitude, leur travail, leur malheur pour ceux qui regardent s'envoler les anges au ciel. Une infirmière, une bénévole déguisée en clown, une mère, une employée administrative, un aumônier, une tante, un thanatopracteur, le coeur sec ou bien mouillé, ils ont brodé avec ce qu'ils ont et ce que la vie a fait d'eux les ailes de Rose pour son grand départ. le malheur bat aux portes des parents sur le mauvais trottoir de la vie. On ne pourra pas t'enrober tes cheveux dans un beau chignon, toi Rose qui les perdais par poignée. Rose dans un petit tiroir de la morgue au milieu d'autres voisins fantômes. Rose dans un minuscule cercueil blanc. Le malheur frappe à coups de massue quand un enfant lâche ses derniers battements de coeur après des mois de traitement. Même à son pire ennemi, on ne lui souhaite pareil malheur. L'infirmière fera ce qu'elle peut en ayant conscience qu'elle ne peut avaler toute la misère de ces parents déchus. Prendre de la distance, se blinder. Un constat réaliste quand on sait la réalité harassante qui fouette au quotidien en milieu hospitalier. Une femme clown qui ne souhaite rien de mieux rien de plus que de rendre le sourire à ces enfants malades. Parce qu'ils sont enfant avant d'être malade. Une employée qui ne supporte plus le malheur des autres car comme bon nombre, elle se suffit de son lot de malheurs et tourne le dos à celui des autres. Tout un monde qui gravite autour des parents de Rose nous délivrant des messages forts. Un roman qui parle au coeur, qui réveille notre humanité endolorie, pas de pathos, pas de pitié, non, l'écriture d'Hélène se boit, se gorge d'émotions, se fond sur le coeur. Pas un mot de trop. Une précision dans la construction et dans la qualité d'écriture qui mérite l'attention du plus grand nombre. Des mots qui entortillent le chagrin et le deuil pour qu'au seuil des lendemains viennent se chiffonner et danser la lumière d'un possible où les souvenirs auront tant à aimer qu'ils ne pourront habiller la vie que d'amour. Rose, tu n'étais que fécondité et de toi la vie continue à battre là où tu l'as laissée. Tu ne souffres plus. Tu es en paix auprès des colombes qui sèment pour tes parents la promesse de jours meilleurs. Bravo Hélène ! Pour votre courage, vos espérances, votre dévouement, votre premier roman digne des plus grands. À vous mes amis, foncez, lisez ce roman, partagez cette histoire, approchez les colombes, écoutez les anges. Un roman auto-édité qui mérite vraiment un succès digne des plus grands. Vous l'aurez compris, c'est un franc coup de coeur.

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