La Coccinelle des livres

En garde

Livre écrit par : Amélie Cordonnier Maison d’édition : Flammarion Nombre de pages : 234
Chronique créée le 26/08/2023 10 commentaires

4è de couverture

La narratrice de ce roman a promis à ses enfants et à son mari de raconter ce qui a déchiré leur vie de longs mois durant. Trois ans après les faits, Amélie Cordonnier tient parole et remonte le temps jusqu’à ce jour où tout a commencé. Il y a d’abord eu un courrier, pris pour une mauvaise plaisanterie. Alertée par un appel pour maltraitance, la protection de l’enfance la convoquait en famille à un rendez-vous visant à s’assurer que son fils et sa fille étaient bien en sécurité dans leur foyer. Un simple coup de fil, de surcroît anonyme, pouvait donc provoquer l’envoi d’une lettre officielle vous mettant en demeure de démontrer que vous êtes de bons parents ? Oui. La machine était lancée, et rien ne semblait devoir l’arrêter. Car comment prouver qu’on aime ses enfants ? Dans En garde, Amélie Cordonnier continue d’explorer ce qui se passe – et se cache – dans l’intimité familiale. Elle met en scène l’étau qui se resserre autour d’une famille sous surveillance, dans une course aussi effrayante qu’haletante.

Extrait

Chronique

Dans son dernier roman, paru lors de cette rentrée littéraire chez Flammarion, Amélie Cordonnier nous dévoile l’histoire terrifiante et complexe qu’a été sa vie durant de longs mois. Cette période sombre a pris racine suite à une dénonciation anonyme pour maltraitance contre ses enfants, Lou, une petite fille de sept ans pleine d’innocence, et Gabriel un adolescent de quatorze ans. Tout d’abord persuadée qu’il s’agit d’un sinistre canular, elle reçoit une deuxième lettre qui l’ébranle : un rendez-vous est fixé à la protection de l’enfance quelques jours plus tard. Le cauchemar commence. Des interrogations tourmentent sans cesse son esprit : Qui aurait fait cela? Et pourquoi? La peur s’insinue alors sournoisement dans son quotidien, accompagnée d’une culpabilité omniprésente.
Au départ, on pense nous lecteurs que cette histoire ne peut que vite se terminer. Que les services sociaux vont vite se rendre compte de l’erreur. Mais non. La procédure est lancée et la famille va aller de surprise en surprise et plonger dans un calvaire sans précédent. Car après cette visite à la protection de l’enfance s’invite un inspecteur, Cousin qui va insidieusement s’immiscer dans le quotidien de cette famille de manière si pernicieuse que c’en est effrayant. Certaines scènes font froid dans le dos ! Surtout quand tout allait pour le mieux pour cette famille aimante. Ca pue l’injustice à plein nez ! Ca tue la confiance, l’intimité, le naturel, avec toujours ce mot d’ordre : En garde ! Sur le qui vive.
Le témoignage d’Amélie Cordonnier fait vraiment froid dans le dos et questionne tout au long de cette procédure malsaine. De cette bavure extrémiste qui n’a pas sa place chez monsieur et madame tout le monde. Amélie adoucit son récit infernal avec l’amour que lui porte son mari Alexandre. Certaines scènes très visuelles apportent un peu de fraicheur, comme la nostalgie d’un temps plus clément et plus doux. La scène du téléphone portable d’Alexandre toujours en silencieux avec ses tulipes flétries devant la porte de leur appartement m’a beaucoup fait sourire. Aujourd’hui tout se flétrit. On ne touche plus les enfants. L’odeur des cheveux de Lou manque à Amélie, les je t’aime d’Alexandre tout autant. Petit à petit, la folie et la fatigue vont abimer Amélie qui n’en peut plus et ne trouve plus aucune raison d’être heureuse dans ce climat hostile où règne la suspicion.
J’ai apprécié cette lecture mordante et piquante qui dénonce ce genre de pratique honteuse de dénonciation gratuite. Un voisin jaloux? Une célibataire en mal d’amour? La souffrance des uns a parfois des répercussions désastreuses sur certains, tout autant innocents qu’ils sont. La fragilité craquelle les plus belles familles, le cœur si aimant se pare d’un voile noir, l’aspirateur turbine plus que d’habitude pour taire les larmes qui affluent. Ca fait mal, ça fait peur, ça fait honte car la suspicion menée d’un tambour de maître amène la délitation à petit feu d’une famille qui était heureuse. En quelques mois, tout vole en éclat et je vous assure, que c’en est effrayant !
Je ne sais pas si après avoir lu ce livre j’ai envie de me cacher encore plus dans ma caverne, d’éviter les voisins, d’en dire le moins possible sur ma famille. Près de chez moi, on a retiré la garde des enfants à une mère célibataire (deux maisons plus loin). Je l’entends pleurer chaque fois que je promène mon chien et passe devant chez elle. Le contexte est bien différent ici. Les enfants étaient livrés à eux-mêmes, mal nourris et maltraités. A la vue de tous. La protection de l’enfance ne badine visiblement pas avec le bien-être des enfants mais comporte au vu de ce livre quelques nombreuses bavures. J’espère que depuis cet épisode la famille d’Amélie a repris son petit bonhomme de chemin dans l’amour et leur intimité qui leur est due. Peut-être ont-ils déménagé depuis cet épisode marquant pour essayer tant bien que mal de retrouver une once de sérénité.
Connaissez-vous cette autrice ? Avez-vous lu ses autres romans: Trancher, Un loup quelque part ou Pas ce soir ? Lirez-vous En garde ?

Commentaires

10 commentaires

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    Pounette

    le 15/09/2023 à 13:09
    Ccou magali, envie de m inscrire sur ton site pour échanger sur tes si belles chroniques Je pense fort à toi et t’embrasse Maryline pounettegleeph 😉😘
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      magali

      le 17/09/2023 à 16:09
      Coucou ma pounette, c’est super gentil de soutenir mon bébé blog. J’y suis un peu plus complète. J’ose parler un peu de moi. J’espère que ça te plaira.
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    Hedwige

    le 28/08/2023 à 23:08
    Merci pour ton article si vibrant de compassion et d’indignation, Magali. Je suis capable de lire des thrillers abominables mais quand il s’agit d’une histoire vraie racontée par celle qui a vécu cette abomination, cette perversion, je suis saisie de révolte, d’écoeurement et d’une tristesse qui me déchire durant de longues semaines.
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      magali

      le 29/08/2023 à 10:08
      Je comprends Hedwige. L’auteure m’a tout de même expliqué qu’elle était partie du constat de base : la dénonciation pour imaginer un thriller domestique fictif. Ça pourrait te rassurer ainsi.
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    Jeanne

    le 27/08/2023 à 21:08
    Chère Magali Ce roman me semble bien sombre. Je suis sensible à l’injustice, je suis sûre que la lecture de ce roman me chamboulerait. Je ne connais pas cette autrice.
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      magali

      le 27/08/2023 à 22:08
      Oh oui il y a beaucoup de chance. Parfois la vie nous met bien des épreuves injustes sur notre chemin.
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    Sylvie

    le 26/08/2023 à 23:08
    J’ai lu « Un loup quelque part », qui m’a laissé une drôle de sensation, un peu de malaise… Je ne savais pas que celui-ci est autobiographique, du coup je vais peut-être le lire.
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      magali

      le 26/08/2023 à 23:08
      Oui il s’agit ici d’une histoire vraie et je t’assure que ça glace le sang. Une famille innocente qui vit avec la peur au ventre qu’on leur retire leurs enfants sans raison. Un récit glaçant qui ne peut laisser de marbre. Je te le recommande.
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    Mamichapitre

    le 26/08/2023 à 20:08
    Merci pour ton retour ma Cocci jolie, un roman à découvrir sans aucun doute! Un cercle vicieux qui doit être terrible! Mettre en doute l’amour que tu donnes à tes enfants, faut il être inhumain pour faire vivre cela à une famille? Je comprends de moins en moins les motivations de tous ces frustrés de la vie! Gros bisous ma belle!❤😻
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      magali

      le 26/08/2023 à 23:08
      Merci ma belle, ce récit fait vraiment froid dans le dos. J’espère t’avoir donné envie de le lire. Bise.

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