La Coccinelle des livres

Ecchymoses

Livre écrit par : Carelle. D Maison d’édition : Librinova
Chronique créée le 29/06/2020 0 commentaire
« Rien ne s'efface jamais. Rien ne s'oublie. » Même si on le piétine, l'enfer suinte sous nos pas. Résilience, psys en tous genres, ça ne suffit pas. Quand l'enfance se brise jour après jour dans les coups, la dépravation, les attouchements sous les regards indifférents d'une mère, il ne reste que des ecchymoses. Ceux qui parsèment la peau, le coeur et l'âme. Les enfants maltraités se reconnaissent entre eux. La souffrance réveille les signaux de ceux qui un jour ont connu l'enfer. Agnès et son frère Julien voient leur vie brisée au décès de leur père quand leur mère jette son dévolu sur un monstre de la pire espèce. La vraie nature de l'homme se révèle monstrueuse, faisant vivre aux enfants les pires sévices. Malgré les années, le jour où Agnès croisera à nouveau son bourreau, l'instinct de vengeance et de justice sera le plus fort. Ce roman se décompose entre le passé d'Agnès, sa vie actuelle rythmée par la vengeance et l'enquête policière. Après le consentement, après la golf blanche, le même constat revient : où sont les anges ? Ou est Dieu ? On voit, on sait mais on se tait. Bien sûr, c'est tellement plus simple de fermer les yeux, de ne pas s'occuper des histoires sordides des autres. Bien sûr, c'est encore du chacun pour soi. L'écriture de Carelle D. est directe, pointue, percutante, sans tabou. Elle ne se ménage pas, elle livre sa rage sans s'appesantir. Un roman choc et terrifiant qui derrière l'horreur pointe intelligemment un système défectueux, une société déshumanisée, des enfants martyrisés qui passent sans que personne ne veuille voir leurs ecchymoses. Alexandre Seurat avec son roman « La maladroite » dénonçait déjà cette société sourde et aveugle. Et en fin de compte: «Chaque jour, en France, deux enfants décèdent, victimes de maltraitance. » Et ceux qui survivent, que deviennent-ils... monstres à leur tour ? Boiteux à vie ? Une plaie béante ? Je suis touchée par ce roman de Carelle, parce que ce n'est pas de sa plume que ses mots se sont posés, mais de sa peau écorchée, de son âme énucléée, de son coeur en lambeaux. Il n'y a pas plus beau roman que celui écrit dans le sang de ses plaies. Les droits d'auteur à l'achat de ce livre seront reversés aux hôpitaux de France pour la lutte contre la maltraitance enfantine. Bravo Carelle !

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