La Coccinelle des livres

Bord de mer

Livre écrit par : Véronique Olmi Maison d’édition : Actes Sud Nombre de pages : 141
Chronique créée le 26/12/2022 2 commentaires

4e de couverture


Une femme offre à ses fils deux jours de vacances à la mer. Espérant fuir l’angoisse du quotidien, elle entre dans l’irrémédiable renoncement.

Elle vit seule avec ses deux petits et pour la première fois les emmène en vacances. Cette escapade doit être une fête, elle le veut, elle le dit, elle essaie de le dire.

Ensemble ils vont donc prendre le car. En pleine nuit, sous la pluie, faire le voyage. Mais les enfants sont inquiets : partir en pleine période scolaire, partir en pleine semaine, partir en hiver à la mer les dérange. Et se taire, et se taire, surtout ne pas pleurer, surtout ne pas se faire remarquer, emporter toutes ses affaires pour se rassurer, juste pour se rassurer, pour ne plus avoir peur de la nuit. Car demain tout ira bien, demain ils seront heureux. Au soleil, ils iront voir la mer.

Dans une langue âpre, empreinte de poésie, de tendresse et de révolte, Véronique Olmi compose une histoire simple et bouleversante. Car ce roman est aussi un cri, dérangeant, terrifiant comme une lame de fond, un miroir…

On s’efforce de vivre du mieux qu’on peut mais tout ça disparaît aussitôt. On se lève le matin mais ce matin-là n’existe pas plus que la nuit d’avant que tout le monde a déjà oubliée. On avance sur des précipices, je le sais depuis longtemps. Un pas en avant. Un pas dans le vide. Et on recommence. Pour aller où ? Personne ne le sait. Tout le monde s’en fout.

Comment quantifier les étoiles pour un tel roman ? Quelle critique est-il possible d’amener devant l’horreur absolue ?
Surtout éloignez-vous de ce roman si vous souffrez et broyez du noir, cette histoire ne vous rendra ni joyeux ni croyant.

Cette histoire, c’est celle d’une mère en pleine dépression, foutue, brisée, accablée, annihilée. Sur un coup de tête, elle emmène ses deux jeunes enfants pour une virée au bord de mer. Mais les angoisses sont omniprésentes, le jour se confond avec la nuit, le noir s’insinue dans chaque regard, chaque détail, tout n’est que douleur.
Veronique Olmi nous écrit cette descente aux enfers avec une précision édifiante, elle va jusqu’à bannir la négation dans son phrasé comme si cette négation ne pouvait plus respirer, comme s’il ne restait plus rien à nier.

L’évidence est là : les gens se moquent des visages tristes et gonflés par les larmes, ils crachent sur toute forme de misère humaine. Personne ne veut voir, ni savoir, et encore moins aider. Le monde psychiatrique se moque de la charité, non madame, il ne faut pas pleurer devant vos enfants, cachez vous. A coups de pilules chimiques voilà comment on soigne les hématomes de l’âme.

Quand la solitude cogne trop fort.
Quand la douleur ne sait plus où aller se moucher.
Quand l’avenir sonne sur un mur hostile. .
Quand la nuit n’a plus de frontière.
L’horreur et seulement l’horreur s’abat alors comme un géant démoniaque.

Et même après la vie, ça continue encore à souffrir.

En trois lignes,

Bord de mer c’est…

 

Le coeur au bord du vide

De la souffrance qui suinte

Une vie dont on ne veut plus

 

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