La Coccinelle des livres

Après la pluie

Livre écrit par : Chiara Mezzalama Maison d’édition : Mercure de France Nombre de pages : 240
Chronique créée le 14/01/2023 0 commentaire

4e de couverture


Cela faisait des mois qu’Elena savait. Ettore s’était laissé pousser la barbe, portait des chemises aux couleurs criardes, avait changé d’eau de toilette, ne la touchait plus… Le doute avait fait place à la certitude et elle s’était retrouvée au fond du puits où sombrent les femmes… Elle n’avait jamais pensé que son tour viendrait.
Alors Elena s’en va. Laissant derrière elle, à Rome où elle vit, mari et enfants adolescents, elle part se réfugier dans la maison de campagne de son enfance, en Ombrie, pour réfléchir, faire le point sur sa vie.
Mais si son cœur se brise, voilà qu’en même temps les éléments se déchaînent. Sur villes et campagnes brûlées par le soleil vont s’abattre des trombes de pluie. Les fleuves débordent, les routes sont coupées, des maisons emportées. Aux lourdes conséquences du réchauffement climatique semble faire lointainement écho le délitement d’un couple. Comment, quand le temps sera venu, affronter et sans doute réinventer un avenir ?

Quelqu’un s’amusait apparemment à secouer le baromètre et à le rendre fou. Les ours polaires mouraient de chaud et de faim, les poissons s’étouffaient dans le plastique, des villes entières s’étaient retrouvées sans eau, et il y avait encore des gens pour douter ou nier.

Dans un style à la fois épuré et profondément humain, Chiara Mezzalama signe un roman sur les carrefours de vie quand un couple après des années ensemble éclate faute de ne pas avoir su conjuguer sur le même tempo le verbe aimer.

Elena s’en doute depuis des mois, son mari Ettore la trompe. Elle quitte tout brusquement, mari et enfants et part se réfugier dans la maison de son enfance en Ombrie.
Ettore lui n’a rien vu venir, son histoire passionnée avec Claudia vingt ans plus jeune, son couple avec Elena qui sombre car la flamme s’en est allée ailleurs. Chacun fermait les yeux pour les enfants, pour les habitudes, pour le « sait-on jamais ».

Pendant ce temps, sur Rome s’abattent des pluies torrentielles après des jours sans fin de sécheresse. Et ce couple où chacun de son côté sombre de plus en plus.

« Depuis un coin du jardin du Hêtre roux, on voyait la vallée du Tibre ; d’en haut, on aurait cru un petit fleuve, une créature tout à fait innocente qui venait pourtant de se transformer en un monstre affamé, furieux et aveugle. »

 

Il tombe à verse. le ciel est noir. Les arbres tombent. Les gens crient, pleurent. Dehors ressemble à un exode biblique. Les difficultés pour que le couple se retrouve sont nombreuses. Les obstacles partout. La peur s’infiltre. La solitude amène les regrets, la culpabilité.

Il y a dans ce roman beaucoup de réflexions sur le réchauffement climatique, l’écologie y a certainement le premier rôle où les catastrophes naturelles font écho à ce couple qui voyait, qui savait mais n’a rien fait pour éviter le pire.

L’éveil de la conscience résonne à chaque page en faisant plier la nature, diaboliser l’homme qui consomme à tout va en piétinant la terre qui le nourrit et l’a fait naître.

« Comment, quand le temps sera venu, affronter et sans doute réinventer un avenir ? »

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