La Coccinelle des livres

A trop aimer

Livre écrit par : Alissa Wenz Maison d’édition : Denoël Nombre de pages : 240
Chronique créée le 15/01/2023 0 commentaire

4e de couverture


Elle le rencontre, et c’est un émerveillement. Tristan est un artiste génial qui transforme le rêve en réalité. À ses côtés, la vie devient une grande aire de jeux où l’on récite des poèmes en narguant les passants.
Il ne ressemble à personne, mais cette différence a un prix. Le monde est trop étriqué pour lui qui ne supporte aucune règle. Ses jours et ses nuits sont ponctués d’angoisses et de terreur. Seul l’amour semble pouvoir le sauver. Alors elle l’aime éperdument, un amour qui se donne corps et âme, capable de tout absorber, les humeurs de plus en plus sombres, de plus en plus violentes.
Jusqu’à quel point ? Au point de s’isoler pour ne plus entendre les insultes, au point de mentir à ses proches, au point de s’habituer à la peur ? Est-ce cela, aimer quelqu’un ?
Un premier roman d’une rare justesse sur l’emprise amoureuse.

J’ai poussé la porte vitrée, j’ai pris l’ascenseur, troisième étage, ce trajet parcouru des milliers de fois. La porte était entrouverte, mon pouce sur la sonnette, une voix m’a dit d’entrer, j’ai poussé la porte.

Dans ce premier roman, il n’y en a que pour Tristan, bellâtre souriant, intelligent fantaisiste et poète. La narratrice qui ne sera jamais nommée – accentuant d’autant plus le déni de soi – tombe follement amoureuse de cet homme singulier. Le couple vit au commencement sous de belles étoiles. Leur histoire est belle et la magie opère. Moi aussi je suis tombée dans le piège devant cet homme qui parle aux étoiles, s’offusque des répondeurs robotisés, traque et invente la beauté à tout prix.

Très vite pourtant, le tableau s’obscurcit. Tristan pleure sans raison, s’autoestime, puis les cris, les injures, la violence psychologique. Tristan ne va pas bien. Et comme souvent, c’est auprès de sa proie sous son emprise que les démons émergent. La narratrice devient chose, objet, s’oublie, se ment, se trouve mille raisons pour aider son compagnon.
Il faut vraiment être fou d’amour pour accepter une telle descente en enfer, ne pas en parler, ne pas chercher d’aide, croire toujours que demain sera meilleur. Qui est ici au final le plus à plaindre : celui qui piétine ou celle qui reste et obtempère ?

À trop aimer est un premier roman très bien maîtrisé sur l’emprise amoureuse et les violences conjugales.

 

Les sentiments tels que l’empathie affluent nous prenant en étaux face à cet homme d’un égoïsme sans précédent, devant cette femme qui rétrécit au fil de son histoire où l’amour a cédé toute sa place à la violence et la déchéance humaine.

J’ai aimé ce roman car il ne cache rien des débordements amoureux et de la folie humaine et s’est dressé vivant sous mes yeux ahuris par autant de perversion humaine. Une écriture pleine et aboutie, sensible et redoutable.

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