La Coccinelle des livres

A la folie

Livre écrit par : Joy Sorman Maison d’édition : Flammarion Nombre de pages : 288
Chronique créée le 26/12/2022 8 commentaires

4e de couverture


« Ce jour-là j’ai compris ce qui me troublait. Peut-être moins le spectacle de la douleur, de la déraison, du dénuement, que cette lutte qui ne s’éteint jamais, au bout d’un an comme de vingt, en dépit des traitements qui érodent la volonté et du sens de la défaite, ça ne meurt jamais, c’est la vie qui insiste, dont on ne vient jamais à bout malgré la chambre d’isolement et les injections à haute dose. Tous refusent, contestent, récusent, aucune folie ne les éloigne définitivement de cet élan-là. » Durant toute une année, Joy Sorman s’est rendue au pavillon 4B d’un hôpital psychiatrique et y a recueilli les paroles de ceux que l’on dit fous et de leurs soignants. De ces hommes et de ces femmes aux existences abîmées, l’auteure a fait un livre dont Franck, Maria, Catherine, Youcef, Barnabé et Robert sont les inoubliables personnages. À la folie est le roman de leur vie enfermée.

Les grands mélancoliques ont ceci de tragique qu’ils ne sont pas protégés par leur délire comme peuvent l’être les schizophrènes, qu’en ce sens leur douleur est plus préoccupante encore, qu’ils guérissent rarement.

Joy Sorman a passé une année au plus près des fous, chaque mercredi à l’unité 4B d’un hôpital psychiatrique. Ce livre est formidable car Joy, avec beaucoup de bienveillance et d’empathie, humanise toutes les folies, du schizophrène au mélancolique, elle s’attarde à comprendre les profondeurs d’un royaume parallèle. Oui la folie est un royaume car pour Franck, Maria, Jessica et les autres, la folie est un rempart à la réalité qui pour certains êtres fragiles ou fragilisés se montre glaçante et douloureuse. Joy Sorman nous parle de ces êtres aux identités troubles, ces marginaux incapables de vivre dans notre société où la règle première est : la normalité. À la folie renverse les vérités, les préjugés abscons.

« Quand je lui demande qui est fou, le médecin répond le fou est celui qui se prend la réalité en pleine gueule. »

Tout est fluide dans ce livre, visuel aussi avec des scènes qui permettent de visualiser les réflexions émotionnelles et philosophiques de Joy. Un livre pertinent à tous points de vue et qui par moment, déculpabilise d’être défaillant. De nombreux passages font sens, sont parfois douloureux car pour certains, il est de meilleur augure d’être bipolaire que dépressif, schizophrène que mélancolique.

Folie passagère, folie chronique, souffrance ou folie créatrice, ces 274 pages, on les pleure et on les aime à la folie. Tout le monde n’a pas la chance d’être heureux, d’avoir grandi dans du satin, la vie est parfois bien cruelle et certains ne s’en relèveront pas.

Merci Joy d’avoir écouté ces fous, ces malheureux, de les avoir un peu compris, d’avoir eu du cœur quand chimie et temps sont souvent bien insuffisants.

En trois lignes,

A la folie c’est…

 

Un visage différent sur la folie

Un grain de folie plutôt heureux

Une dédramatisation des maladies mentales

 

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