Étranger, victime, bourreau, nous sommes tour à tour l'un ou/et l'autre parfois les trois à la fois. Parce que nous sommes des hommes, parce que nous nous débattons tous dans la société.
Un homme effacé c'est tout simplement et injustement un homme comme un autre, respecté, bonne situation sociale en tant que professeur de philosophie, veuf, pas d'enfant, un homme réservé, timide, qui trouve un certain plaisir à regarder son arbre devant chez lui. Lorsque la police débarque et l'arrête pour détention d'images pédopornographiques, l'homme s'efface, l'homme se mute dans tous les a priori, les scènes du passé mal interprétées.
Je n'ai pu m'empêcher de penser à Meurseult, l'étranger de Camus condamné par la société parce qu'il n'a pas pleuré lors de l'enterrement de sa mère. Damien North ne pleurera pas lui non plus. Il ne clamera pas haut et fort son innocence, il dira « coupable » sans trop hésiter parce que ça coûte moins cher. Il écoutera sagement au tribunal les uns et les autres qui traduiront des actes communs et innofensifs en scènes perverses. Il y a de Meurseult ici parce que Damien North, c'est un peu n'importe qui. Un homme qu'on a accusé parce que -timide, réservé, peu sociable- mais sans autre preuve.
Les hommes jugent sur trois fois rien. La justice juge elle aussi mais quand justice rime avec injustice, on y perd son latin, on bafoue l'humanité, on malaxe l'innocence pour en faire des restes ravagés et meurtris.
La Coccinelle des livres
Un homme effacé
Chronique créée le 11/03/2019
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