La Coccinelle des livres

Les trois vies de l’homme qui n’existait pas

Livre écrit par : Laurent Grima Maison d’édition : Librinova
Chronique créée le 12/08/2019 0 commentaire
Trois noms pour trois vies, Tino, Antoine et Günther, c'est l'homme senzanome, l'homme qui n'existait pas. Tino, c'est le vendeur sur les marchés, Antoine c'est l'intellectuel qui rêve d'écrire un roman, Günther, c'est l'homme rebelle. C'est du moins par ces trois prénoms que son père le nommait au fil de ses humeurs. Fils d'un nomade, dépourvu de mère, le narrateur n'aura de cesse de remplir ses poches de trésors gratuits à défaut d'un nom sur une carte d'identité. Tino, puisque c'est ce nom qu'il préfère, vient de perdre son père, un homme profondément humain qui lui avait tout appris. Lorsqu'il dépose le corps de son père à la mer, Tino se promet qu'il vivra, une vie au moins, deux, trois et plus. À bord de son camion Citroën, près du chien, il arpente la France, l'Italie, la Belgique, la Croatie et fera des rencontres qui bouleverseront sa vie. Les trois vies de l'homme qui n'existait pas est un roman patchwork bourré d'humanité et terriblement attachant et émouvant. Il y a aussi des passages truculents où Tino empile son costume de vendeur sur les marchés pour vendre des produits invendables (un seul gant rose en caoutchouc, de la crème solaire qui transforme les enfants en schtroumpfs). Ce roman aborde tant de thèmes, allant de l'anticonsumérisme, la tolérance, la résilience, la créativité, l'amour, l'amitié, la maternité/paternité sans compter qu'il donne la part belle à une nature éblouissante avec une mer en toile de fond, mère de tous les hommes. On en aurait presque le tournis tant ce roman est diversifié avec des passages magnifiques encouragés par des réflexions sociétales, des images à fleur de peau d'une précieuse intensité. On s'y sent bien dans ce roman. Il caresse, il embrasse, il encourage, il éveille, il rassure. Sans nom, sans identité, l'auteur nous passe le message que nous sommes tous des étrangers dans ce monde, qu'il faut composer avec ce que nous jugeons bon pour nous, sans nous faire avoir par les médias, la publicité, un monde hypertrophié où coule à l'excès le superflu. C'est un bon et nécessaire retour à la vraie vie et rien que pour cela, je remercie Laurent Grima d'avoir écrit ce roman dans un phrasé impeccable véhiculant un message qui va au devant de l'espoir, quelque part où bat le poumon de la vie.

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