La Coccinelle des livres

Les refuges

Livre écrit par : Jérôme Loubry Maison d’édition : Calmann-Lévy
Chronique créée le 14/10/2019 0 commentaire
Tordu, voilà comment je résumerai ce roman thriller. Découpé en trois parties, les « balises », j'ai été happée par la première partie en me promettant d'aller dormir après la fin du chapitre en cours mais impossible de lâcher ce roman. J'ai donc lu d'une traite la moitié du roman avec addiction et entrain. C'est après que cela coince... Le roman s'ouvre en 2019 sur François donnant un cours devant un amphithéâtre. L'intitulé de son cours, les refuges. Chapitre suivant, c'est Valérie qu'on découvre. Seule sur une île encerclée d'oiseaux, apeurée sur cette île. Ensuite, l'histoire se met en place. On y découvre Sandrine, une jeune femme journaliste dans un trou perdu normand. Suite au décès de sa grand mère maternelle Suzanne, qu'elle n'a jamais connue, elle doit se rendre sur l'île aux oiseaux où habitait Suzanne. Une île qui ne dénombre pas plus de quatre habitants, une réserve presque naturelle, hostile aux visiteurs et à toute entrée sur l'île. Une île inquiétante que Sandrine veut fuir au plus vite. Cette partie m'a passionnée. Sandrine est brillamment décrite, ses peurs, ses mystères, son insociabilité, sa rancoeur pour une grand mère qui ne s'est jamais enquis d'elle. L'atmosphère sur l'île est tendue, grise, asphyxiante à souhait. Il s'y passe des choses étranges sur cette île. le mystère est à son apogée. La tension au maximum. Flash back entre Sandrine et l'année 49 du temps où Suzanne travaillait sur l'île. Les corrélations entre le présent et le passé commencent à affluer avec un côté fantastique, ésotérique, machiavélique. Prenant ! Je m'y serai crue sur cette île. J'avais même peur d'aller dormir. Bref cinq étoiles sans hésiter pour cette première balise. Le ton change moitié du livre. Fini l'île, fini les années 49, je reprends le roman et me retrouve désarçonnée, perdue de ce changement de décor. Le roman revêt alors des allures de roman psychologique. Moi qui aime ça, j'ai été servie ici. Pourtant, j'ai eu l'impression de perdre le fil, de ne plus rien comprendre. Jusqu'à la fin qui est une superbe thèse médicale. Avec des neurones bien accrochés, un recul nécessaire et avec des bouées de secours pour s'y retrouver et corréler l'ensemble, c'est au final un roman surprenant, peut-être un peu trop dispersé pour moi mais sacrément efficace en terme de dépaysement. le roman s'articule aussi autour du poème de Goethe, le roi des Aulnes. Les plus érudits feront certainement le rapprochement que je n'ai réussi à faire. Passage de l'enfance à l'âge adulte, pédophilie, monstres et autres pervers... Jérome Loubry a une imagination débordante, aucun doute là dessus. Les refuges, tout un programme ! Vous pensez tenir l'histoire et non, vous n'y êtes pas du tout. L'auteur vous manipule sans scrupule du début à la fin et je n'ai rien vu venir. Tordu certes mais réussi je pense !

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