C’est lors d’une lecture commune, suggérée par une amie sur Instagram, que j’ai extrait ce livre de ma pile à lire. Il y avait belle lurette que je n’avais plus lu du Manel, Ledig, Grimaldi et consorts. Les saisons se sont succédées. Ai-je retrouvé mon bonheur de lectrice avec cet ouvrage et cette catégorie de littérature ?
Mon sentiment est partagé.
Laure Manel nous raconte l’histoire d’Amélie, jeune trentenaire, mariée depuis plus de dix ans à Sylvain et mère du jeune Victor âgé de quatre ans. Ayant rencontré Sylvain à ses dix-sept ans, il fut son premier amour adolescent. Architecte de métier, elle jongle avec la routine quotidienne qui commence peu à peu à la lasser. D’autant plus que les réminiscences de son accouchement traumatisant résonnent en elle chaque jour. Victime de violences obstétricales (un écho au livre d’Alice Moine : Mère nature; voir ma chronique), Amélie ressent l’impératif de redonner du piquant à sa vie et enfin saisir cette occasion de croquer la vie à pleines dents. Découpé entre les flashbacks et la vie d’Amélie, une grande partie du roman tourne autour de cette prise de conscience où elle décide de quitter son mari pour donner un sens nouveau à sa vie. Pour ma part, j’ai trouvé cette partie plutôt longue et manquant quelque peu de relief. Amélie est quasiment le personnage central unique dans ce roman qui se veut introspectif.
Je dois admettre avoir attendu cette petite étincelle (j’avais à l’époque tellement aimé La mélancolie du kangourou) dans cette histoire qui finalement ne surviendra pas. J’ai lâché prise seulement vers la fin du roman (à cinquante pages de la fin) où seulement, j’ai commencé à m’attacher à Amélie et la comprendre sans la juger.
Chacun trouvera sans doute dans ce livre une histoire touchante, émouvante ; une facette réaliste qui peut parler au plus grand nombre. De mon côté, j’ai trouvé l’ensemble gentil-doux-sage avec des passages parfois trop prévisibles. En résumant de mon oeil noir, on quitte son mari sans trop de remords; le mari accepte sans broncher; le petit Victor n’est guère perturbé; Amélie s’épanouit, papillonne, redécouvre son corps et renoue avec la lecture dont notamment celle des versets poétiques du recueil R.M Rilke- Lettres à un jeune poète – tantôt charmants ou tantôt stéréotypés voire mièvres.
L’hypothèse initiale tirée directement des expériences médicales personnelles de l’auteure était intéressante à explorer. Je conçois que vivre des épreuves aussi éprouvantes peut radicalement changer notre perception sur la vie ; cela forge notre conscientisation bien sûr ! Laure Manel explore à sa façon (et je comprends que cela plaise à des milliers de fans) la complexité des sentiments humains avec une certaine finesse et délicatesse. Le personnage d’Amélie est un reflet qui peut sembler fidèle dans lequel beaucoup peuvent se voir projetés ; elle incarne le défi du changement et l’audace nécessaire pour plonger vers l’inconnu malgré nos peurs et nos incertitudes paralysantes . C’est un roman qui nous convie à prendre conscience sur notre existence propre ; sur nos choix personnels ; admettant ainsi que chaque décision que nous prenons façonne notre parcours unique et précieux. La vie n’est pas toujours ponctuée par des moments extraordinaires mais souvent parsemée par des petites victoires personnelles et quotidiennes passant inaperçues aux yeux du monde mais qui pourtant définissent vraiment qui nous sommes.
Mon appréhension sur ce livre reste purement subjective car mes goûts littéraires ont beaucoup évolué ces dernières années. Je ne sais comment qualifier exactement ce genre littéraire: « de plage » ou « de gare » me semblent péjoratifs alors que le livre est loin d’être insipide. Je n’étais simplement pas le bon public cible pour cet ouvrage. Mon oeil noir a fait des siennes.
Laissez-moi un petit commentaire. Aimez-vous cette auteure et ce genre de littérature?