La Coccinelle des livres

Les âmes et les enfants d’abord

Livre écrit par : Isabelle Desesquelles Maison d’édition : Belfond
Chronique créée le 30/05/2019 0 commentaire
••••••• PÉPITE •••••••
•••Gros coup de coeur•••pour ce tout petit roman dont se dégage une puissance littéraire et imagée exponentielle.
Une réalité affligeante, une société de la honte, trop de yeux éteints, trop de coeurs fermés.
Les âmes et les enfants d'abord, à lire de toute urgence, un plaidoyer de l'infamie.
Venise, Venezia, aiuto, aiuto, détourne tes yeux de tes gondoles, la misère est sur ton sol, elle a mal, elle a froid, elle a faim.

Elle est où l'humanité ?

Les riches debout, les misérables au sol.
Même sous moins quinze, les regards restent hauts.

Et l'humanité ?

Les yeux lèchent les vitrines de Noël, une tasse de café chaude à la main, les poches bien remplies.
À hauteur d'âme, vous êtes là, Madame. Votre infirmité est celle du néant.
Chiffons, moignon, chien affamé, la misère s'écrase sur vous pendant que les néons élèvent les nantis.
Une robe Dior pour le prix d'une maison.
Une Porsche contre des milliers d'affamés.
Les enfants enjambent la misère. Adultes, ils marcheront dessus. Ils ouvriront la misère à coups de talons. le pavé est sale, le trottoir sombre, tache lugubre, ectoplasme édenté, émaillé, invisible.

Ils sont des milliers, des millions comme Cosette à quémander mieux que de la pitié.
Ils sont où les Jean Valjean ?

« Les ténèbres vous mâchent et vous recrachent, pauvre chose. »

Et toi, belle humanité, ou es-tu?

Un jeune père de famille tient sa paume ouverte. Deux photos d'identité, ce qui lui reste de sa femme et de son fils noyés la veille : « regardez comme elle est belle, et lui…si sérieux. »
Elle est là, l'humanité.

« Tant qu'il existera, par le fait des lois et des moeurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d'une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l'homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l'atrocité de l'enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans certaines régions, l'asphyxie sociale sera possible ; en d'autres termes et à un point de vue plus étendu encore, tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. »
Le 1er janvier 1862, Victor Hugo, depuis sa cristal room sur l'île de Guernesey, écrit debout les milliers de pages qui deviendront les Misérables.

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