La Coccinelle des livres

Le promontoire du songe

Livre écrit par : Victor Hugo Maison d’édition : Gallimard
Chronique créée le 15/06/2019 0 commentaire
Si le nom de Victor Hugo ne préfigurait pas à l'origine de ce manifeste, on pourrait se demander quelle substance illicite a ingurgité l'écrivain auteur de ce texte...

Nous sommes ici devant des phrases et des phrases autant magistrales que psychédéliques. Victor Hugo se montre historien, spirituel, il revisite la mythologie, il sort des tas de références littéraires, historiques, divines qui rassasieront les érudits et grands intellectuels, je n'en doute pas. Je me suis un peu perdue dans cette énumération de noms, mon seul bémol sur ce manifeste. Car lorsque Hugo se montre poète, il touche droit au coeur.

C'est accompagné de son ami Arago, directeur de l'Observatoire que Victor Hugo plonge pour la première fois ses yeux dans un télescope. Il voit d'abord un trou dans l'obscur pour enfin apercevoir la lune, son relief et enfin son volcan appelé le Promontoire du songe.
Son esprit s'élance, s'évapore, ses idées, ses images se montrent ailées, au dos des poètes, des philosophes, des rêveurs. Il dépose des mots éblouissants sur le songe, du rêve à l'utopie. En point de départ, cette lune, mère nourricière, muse infinie, gardienne du royaume étoilé.
Malgré parfois la difficulté de compréhension devant tout le bagage historique, j'ai aimé ces cent pages. Parce que c'est du Victor Hugo, immaculé, inspiré, vendeur de songes, créateur de l'infini. Tout ici est personnifié avec une très forte connotation imagée, poétique, enivrante.

« L'être commencé homme s'achève abstraction. Tout à l'heure il avait du sang dans les veines ; maintenant il a de la lumière, maintenant il a de la nuit, maintenant il se dissipe. Saisissez-le, essayez, il a rejoint le nuage. du réel rongé et disparaissant sort un fantôme comme du tison une fumée. »

Avec Victor Hugo, c'est toute une époque qui se met en place. Les industries s'élèvent. le vent pousse les hommes dans leurs chaumières rutilantes. Et des chats et des hommes crèvent de faim. Hugo tel l'humaniste que l'on connaît conçoit l'antidote : le rêve. le promontoire du songe.
Victor Hugo l'écrit très bien ici :
« Qui que nous soyons, nous avons ce plafond sur notre tête. Ce plafond est fait de tout, de chaume, de platrâs, de marbre, de fumée , de ruine, de forêt, d'étoiles. »
D'étoiles... oui... Il n'y a qu'à lever les yeux. Nous habitons tous un royaume fait de rêves.

Cent pages qui m'auront éblouie, apaisée, fait réfléchir, fait rêver et où nous devrions tous plaidoyer pour l'imagination plutôt que de s'enliser dans des ressassements vains et stériles.

Et parce que le rêve est fécondité.

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