La Coccinelle des livres

Le premier jour du printemps

Livre écrit par : Nancy Tucker Maison d’édition : Editions Les Escales
Chronique créée le 18/04/2022 0 commentaire
Chrissie du haut de ses huit ans aime faire le poirier avec sa meilleure amie Linda, elle aime beaucoup les bonbons, manger chez ses amis, squatter chez ses amis, être partout sauf chez elle. Dans le quartier des pauvres, il y a la maison bleue de Chrissie, avec un trou dans le toit, des cloportes sur le plancher moisi, des poux sur l'oreiller, des draps constamment mouillés, une odeur pestilentielle, un frigo vide et une mère démissionnaire qui fera tout pour se débarrasser de sa fille. La faire adopter, lui refiler des somnifères,… Chrissie n'est pas aimée parce que sa mère, elle n'a pas été aimée elle non plus. Comment aimer quand on ne sait pas c'est quoi l'amour ?

À huit ans Chrissie tue un petit enfant. Et dans son ventre ça se remplit de papillons, elle a aimé.

Le roman se découpe selon deux époques: les huit ans de Chrissie et l'âge adulte de Chrissie devenue Julia et à son tour mère d'une petite Molly de cinq ans.

« Molly, créature esprit faite de chair déchirée, une plaie en forme de petite fille. »

Chrissie/Julia est terrifiée d'être une mauvaise mère et qu'on lui retire sa fille.

Les deux époques s'étirent pour se rejoindre comme un puzzle. On va suivre la misère de la petite Chrissie, affamée, délaissée, rejetée de tous. On va comprendre peu à peu ce qui a poussé cette gamine à devenir une meurtrière.

« Lorsque je me remémorais ma vie à l'âge de huit ans, je me souvenais de la faim qui me tenaillait les entrailles en tous sens, de la honte de me réveiller dans des draps mouillés, et du sentiment que personne au monde ne voulait de moi. »

Premier roman d'une auteure britannique, j'ai aimé cette histoire terrifiante qui m'a projetée en entière immersion dans le corps meurtri et la tête en souffrance de cette petite fille mal née, mal aimée.

Quelques bémols ont un rien entaché ma lecture. le livre aurait peut-être mérité d'être un peu allégé en terme de descriptions. Certains événements ordinaires prennent des pages et des pages. Ça peut aider à rentrer en totale immersion avec Chrissie ou pas.
J'ai aussi trouvé invraisemblable cette non-assistance face à la misère de Chrissie. Mais bon, la société est tellement pourrie que plus rien ne m'étonne au final.

En conclusion, Nancy Tucker signe un premier roman finement construit où la folie, la haine, la souffrance se disputent la première place d'une enfance mise jour après jour en lambeaux. Avec cette question en toile de fond : peut-on réussir la où les autres ont échoué ?

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