La Coccinelle des livres

Le festin du lézard

Livre écrit par : Florence Herrlemann Maison d’édition : Antigone14 Editions
Chronique créée le 28/02/2020 0 commentaire
Et bien et bien, pour un premier roman je suis scotchée, abasourdie, moite, pantelante, un pantin désarticulé, c'est l'effet du festin du lézard. Quel roman ! J'ai froid, j'ai peur, je tremble, les larmes montent, la nuit n'en finit pas. Il y a dans ce roman, pour ceux qui connaissent, des remous de « Je voudrais que la nuit me prenne » d'Isabelle Desesquelles. Il y a aussi des vagues qui reviennent de l'enfer de Dante. Un roman dantesque, hugolien, d'une puissance littéraire rarement égalée de nos jours. On tourne les pages avec prudence comme si on marchait sur des braises. Ça fait mal. Ça brûle. Isabelle a vingt-six ans, prisonnière dans une maison aux fenêtres barricadées, emprise aux mains d'une mère qu'elle voudrait voir morte, cette Mère, cet animal au sang froid comme un lézard. C'est noir terriblement noir, on le touche des doigts ce noir, miettes de la peur, de la souffrance, du désespoir, de la souffrance. Jusqu'à demain. Où le jour éclabousse la laideur de l'ombre sournoise. La lumière éclate comme une bulle de savon. La lumière écrase, entortille, embrase. Les saisons se mélangent. Isabelle se confie à Léo. Puis il y a son Cèdre, l'ami. Autant d'anges pour une jeune fille en proie à l'insoutenable. La plume de Florence est celle que j'ai tant aimé dans l'appartement du dessous. Vive, animée, habitée, ensorcelée. C'est un roman hypnotique, enivrant, dérangeant avec la folie en toile de fond, une guerre entre la nuit et le jour, entre l'amour et la haine. Cette fin que dire, si ce n'est que Hitchcock est parmi nous, ses oiseaux parlent pour lui. Ayant eu le cadeau incroyable de discuter avec l'auteure, je peux vous dire que ce roman a dépassé ma compréhension de piètre lectrice. L'auteure est une femme humaine, réceptive à ses lecteurs et qui m'a comblée de joie en discutant avec moi de son roman qui m'a bouleversée. Il ne me reste plus qu'à le relire maintenant. Même si cette histoire va me hanter un moment. Florence, ton roman est un joyau brut, une étoile dans le noir, un flash dans la nuit. Mes mots me manquent, je suis émue. Merci Florence. C'est pour de tels livres que je sais pourquoi je lis, pourquoi j'en ai tant besoin.

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