Quatrième de couverture :

L’oubli comme seul témoin… Une enquête en forme de labyrinthe.

Une scène de pure folie dans un chalet. Une victime au visage réduit en bouillie à coups de tisonnier.

Et une suspecte atteinte d’une étrange amnésie.
Camille Nijinski, en charge de l’enquête, a besoin de comprendre cette subite perte de mémoire, mais le psychiatre avec lequel elle s’entretient a bien plus à lui apprendre. Car, avant de tout oublier,

sa patiente lui a confié son histoire. Une histoire longue et complexe.

Sans doute la plus extraordinaire que Camille entendra de toute sa carrière…

Partagée pour ce thriller. Autant de violence a t’elle raison d’être ? 

Depuis Fractures (voir plus bas ma chronique coup de coeur) de Franck Thilliez qui m’avait scotchée, j’ai voulu retrouver cet auteur dans ce que j’aime le plus de lui : les thrillers médicaux, dans les abysses de l’âme humaine. J’avais commencé Lucas de lui mais c’était une enquête policière très complexe et je n’arrivais pas à accrocher (je nourris toujours une allergie à l’égard des personnages policiers). Labirynthes est le troisième tome qui peut absolument être lu indépendamment des deux autres.

« La notion de faux souvenir ». « Des spécialistes expliquaient que chaque individu avait des événements profondément transformés, voire inventés, ancrés dans sa mémoire. Le cerveau était malléable, il se réorganisait en permanence, et un souvenir n’était pas une photo précise, comme on l’avait longtemps pensé: chaque fois qu’il remontait à la surface, il se reconstruisait avec de nouveaux éléments, mutait, et était réenregistré ainsi. En définitive, plus on se remémorait un instant, plus celui-ci s’éloignait de la réalité du passé. »

Cinq femmes, perdues chacune à leur façon.

Véra, la psychiatre, recluse dans un chalet en pleine forêt car souffrant d’hypersensibilité aux ondes. Julie, une jeune fille sans histoire kidnappée. Lysine, la journaliste dont on vient d’usurper son identité après un cambriolage qui l’a fait déménager sur le champ. Sophie, une mystérieuse romancière qui écrit des livres sur base de rêves prémonitoires. Et la cinquième, elle est le fil dans le dédale, celle qui apportera la réponse à toutes nos questions.

Messieurs, ne soyez pas découragés, il y a aussi des rôles masculins dans Labyrinthes. Ils ont des têtes de porc ou de taureau et ont perdu toute humanité, corrompus jusqu’à la moelle.

Les chapitres sont courts et chaque personnage féminin prend tour à tour la parole. Pour être certaine de tout suivre, j’ai pris quelques notes sur chacune d’elles pour au fil de ma lecture, prise dans l’histoire, abandonner mon bloc notes.

Dans ce thriller tiré à quatre épingles, l’auteur ne nous ménage pas. Il traite une fois de plus des traumatismes sous toutes ses formes, de la mémoire défaillante en décrivant au fur et à mesure l’origine de tout. Frissons garantis ! Amateurs d’horreurs extrêmes, vous allez être servis car certains passages sont vraiment absolument indigestes. Tellement malsains qu’un gros malaise ne m’a pas lâché durant la seconde partie du livre. Franck Thilliez, très malin n’hésite pas à laisser planer le doute d’ailleurs sur sa propre santé mentale, c’est tout dire ! Voyez donc: « Souvent, elle s’était demandé à quoi ils ressemblaient, ces gens qui écrivaient des histoires aussi torturées. Menaient-ils une vie normale ? Avaient-ils eu des enfances perturbées pour accoucher de telles horreurs? Leurs oeuvres n’étaient-elles que la manifestation de leurs pensées les plus sombres? Maintenant, elle savait. Elle connaissait leurs démons, et ils étaient terribles. »

Les descriptions psycho-médicales sont pertinentes et m’ont beaucoup interrogée mais n’oublions pas que Franck Thilliez n’est ni médecin ni psychiatre, c’est un romancier qui trouve ses sources peut-être sur wikipédia, pourquoi pas. Restons donc prudents devant ses explications médicales qui elles aussi font froids dans le dos. Je me suis reconnue bien évidemment dans certains passages, d’où mon intérêt pour ce genre de polars médicaux. Prenons par exemple ce passage: « J’ai fait tout ce que vous m’avez dit, j’ai suivi votre traitement à base de neuroleptiques et d’antipsychotiques. Ce cocktail qui me faisait grossir et ressembler à une patate, et à cause duquel j’avais l’impression d’être déconnectée du monde en permanence… Un zombie parmi les vivants. » C’était moi il y a un peu plus d’un an. Tout ça pour perdre six ans de ma vie…

Labyrinthes est un livre qui passionnera les amateurs du genre. Il y est question de séquestration mentale, physique, de tortures, d’aliénation, de snuff (meurtres et actes de torture filmés clandestinement, sur fond pornographique), de perte de mémoire, de traumatismes sévères.

Je déconseille ce livre aux âmes sensibles surtout à ceux qui sont en proie à des questionnements sur leur santé mentale, je ne suis pas certaine que ce thriller (qui n’est que fiction ne l’oublions pas) vous serve plutôt que de vous desservir. Je continuerai l’exploration des œuvres de Franck Thilliez malgré tout, c’est un écrivain qui écrit souvent sur les profondeurs de l’âme, il ne peut que s’y être intéressé de près d’une quelconque façon.

Je souhaite néanmoins que les auteurs de polars extrêmes prennent un peu l’exemple de Karine Giebel qui arrive dans ses derniers thrillers à captiver les lecteurs et les bouleverser sans une surenchère dans la violence nauséabonde.

Si vous décidez à vos risques et périls de vous plonger dans Labyrinthes, pensez à la sortie (si vous en sortez indemnes) d’aller prendre un bon bol d’air frais et de regarder la vie colorée qui bat son plein à l’extérieur, regardez-vous dans un miroir et rassurez-vous « je vais bien, tout va bien ». Ca pourrait servir.

Trois petites coccinelles pour ce dernier lu de Franck Thilliez car malgré son emprise addictive, je ne cautionne plus cette surenchère horrifique dans la violence.

Des amateurs de Franck Thilliez parmi vous ?

Quel est votre livre préféré de lui?