La Coccinelle des livres
La fiancée des corbeaux
Chronique créée le 25/11/2018
0 commentaire
René Frégni se dévoile tout en délicatesse durant une année, son carnet à la main, il écrit tout ce qu'on ne voit pas aussi intensément qu'après avoir couché la beauté sur papier. L'encre est pour René Frégni le colporteur de la beauté, la mésange aux ailes déployées, les corbeaux qui dansent autour d'Isabelle, sa belle, sa muse, sa dulcinée.
On sent dans la fiancée des corbeaux toute l'importance des mots et des livres pour ce grand amoureux. Il place les mots sur le trône de la vie. Il les enlace de tout son être, il va jusqu'à érotiser les courbes des lignes littéraires, comme l'encre qu'il associe au sperme bleu. Il observera longtemps de chez lui les va et vient des hommes et femmes allant se soulager aux cuvettes d'à côté. Les femmes semblent le fasciner. Lorsqu'elles se soulagent, il ne retient que la beauté d'un sein ou le galbe des fesses. A côté des femmes, des corbeaux et des mots, il y a tous ces fantômes, ces êtres qui ont traversé la vie de l'auteur, dont il se souvient comme faisant partie de lui.
René Frégni m'avait totalement subjuguée dans - Je me souviens de tous vos rêves - je garde ici pour la fiancée des corbeaux un sentiment plus mitigé expliqué par une profondeur à hauteur humaine et existentielle moins travaillée que dans le précédent récit. Il n'en reste pas moins que cet auteur est un véritable poète, un magicien de la langue française qu'il remplit à merveille du souffle de son âme éprise du beau.