La Coccinelle des livres

Journal d’un amour perdu

Livre écrit par : Eric-Emmanuel Schmitt Maison d’édition : Albin Michel
Chronique créée le 10/10/2019 0 commentaire
Je sors plus que mitigée à la fin de cette lecture. Éric Emmanuel Schmitt exorcise ici le départ en d'autres cieux de sa mère. Aux confins du deuil, du manque, il explore des facettes de l'existence, des souvenirs, de la vie à la mort, de l'art d'aimer, l'art d'approcher le vide pour se remplir du plein d'une existence résolue. Il y a de très beaux passages dans ce récit mais aussi des passages plus sombres avec lesquels je ne suis pas toujours en adéquation. Jugez plutôt : « Seule bonne question : pourquoi n'y a-t-il pas davantage de suicides ? À quoi les gens se cramponnent-ils ? Pour moi, le scandale n'est pas la mort mais la vie. » La vie serait-elle si désespérante qu'il faudrait en finir avant l'heure ? Pas certaine d'y voir beaucoup d'espoir ici. Le récit d'EES s'articule autour de la pudeur, de la distance entre les sentiments et des mots intellectualisés à son paroxysme. L'ombre de l'absente, la mère, semble flotter dans un néant aux contours imprécis. S'ajoute à ce cheminement du deuil, une panoplie de drames, de maladies. La démence de son père, sa nièce atteinte de mucoviscidose. J'ai trouvé le tout assez lourd et déprimant. Et je suis restée détachée tout le long de ma lecture. Je ne suis pas fana de ce genre d'exorcisme thérapeutique où pour en faire un récit d'exception, j'ai besoin du mariage des émotions, de la réalité couplée aux sentiments, aux réflexions trouvées dans le recul, des pensées mûries et travaillées. Doper les ventes à travers le « moi je, tiens voilà un bout de ma vie » ne m'intéresse pas plus que cela. Il m'a manqué ici un peu de tout cela même si je me répète, de très beaux passages surplombent le livre. Mais sans conteste, ma préférence sur ce même thème qu'est le deuil et l'amour maternel chers à beaucoup d'écrivains, ma préférence se porte sur le magnifique Lambeaux de Charles Juliet et dans un autre genre, Ma mère du Nord de Jean-Louis Fournier. Pour conclure, j'ai un peu de mal à retrouver le grand EES de la part de l'autre. Tous ses autres romans semblent être une pâle copie de ce monument de la littérature française. C'est bien écrit certes, c'est touchant, c'est même talentueux mais on est tellement éloigné du château littéraire brillantissime de la part de l'autre....

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