La Coccinelle des livres

Il n’y a pas Internet au paradis

Livre écrit par : Gaëlle Pingault Maison d’édition : Editions du Jasmin
Chronique créée le 30/12/2019 0 commentaire
« Tu sais quoi, Aliénor ? Il faudrait qu'on se trouve une vieille baraque, avec un puits et un bout de terre, au milieu de nulle part. Dans un coin sans Internet. Un paradis, quoi. »
En arrivant chez nous, on aurait juste lu : « Il n'y a pas Internet au paradis ». Ça aurait été un genre de boucle bouclée. Un clin d'oeil pour nous rappeler le sens de nos choix, et celui de nos vies.

Aliénor et Alex rêvaient tous deux d'une histoire hors du monde, hors du temps. D'une vieille baraque dans la brousse sans internet, ils rêvaient en somme d'un paradis.

Quand la vie et l'actualité s'affolent, grèves, guerres, misère et autres malheurs, Alex est une énième victime de plus de ces bourreaux d'entreprise. Harcelé, maltraité, cherchant en vain un sens à sa vie professionnelle, il finit par se suicider. Sans un mot.

Aliénor retrace le fil de leur quotidien où les déboires d'Alex à son travail ne seront jamais explicites, par contre les mauvaises nouvelles au journal semblent donner le ton à l'impuissance, l'amertume et une certaine fatalité.
L'humour sera le bouclier de cette vague d'amertume dans le couple. Il faut bien en rire puisque ils se rient de nous.

Aliénor est acculée dans un deuil qu'elle ne sait comment apprivoiser. Entre colère et tristesse, les souvenirs et l'incompréhension sont laissées aux pieds du suicidé.

Un roman brillamment écrit qui dénonce les diktats économiques, les grands dirigeants au service du pognon plutôt que de l'humain.
Un roman sensible, sensé et intelligent au bord de l'overdose de ces nouvelles hécatombes, de ces gens qu'on piétine, qu'on met à genoux pour mieux les finir.

Il n'y a pas internet au paradis. C'est le prix de la liberté.
Loin de la frénésie des nouvelles accablantes, le silence et le libre choix de ne pas savoir.
Aliénor se questionne :
« Faut-il forcément être hors du monde pour accéder à la douceur et se sentir bien ? »
Chacun détient sa propre définition du monde. En noir et blanc ou en couleurs mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Et certains abandonnent. Paix à eux.


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