La Coccinelle des livres

Hôtel du Grand Cerf

Livre écrit par : Franz Bartelt Maison d’édition : Seuil
Chronique créée le 01/10/2022 0 commentaire
Quel bonheur d'interagir avec mes amis Babelio et d'être amenée à découvrir de nouveaux livres, nouveaux auteurs. Pour Hôtel du Grand Cerf, je remercie mon ami @Antyryia qui suite à mon dernier post (Au bonheur des ogres) m'a proposé de lire du Franz Bartelt. Il y a un je ne sais quoi de Romain Puèrtolas dans ce livre. C'est un roman policier qui surfe avec moult ingrédients comme l'humour, le second degré et une atmosphère des plus bucoliques. J'aime ces livres étiquetés thriller ou policier qui savent réinventer le genre et proposent du neuf. A l'hôtel du Grand Cerf, la tenancière c'est Thérèse Londroit, elle est sur tous les fronts pour tenir son business avec sa fille Anne-Sophie qui rechigne à aider au service (à 23 ans, ses aspirations sont autres) et sa vieille mère Léontine qui à l'étage, chapelet à la main, sur son fauteur roulant compte et recompte le nombre de pintes de bière vendues aux clients (un passe temps comme un autre, c'est qu'elle s'ennuie la pauvre vieille). Dans ce bourg perdu en Belgique, les villageois sont bien mystérieux. Certains se vouent une haine sans précédent, l'idiot du village passe son temps à chantonner, une taxiwoman consulte une voyante illuminée, l'espoir en bandoulière et pendant ce temps-là un meurtre est commis puis un second, puis une disparation. C'est là qu'entre en scène Vertigo Kulbertus, l'inspecteur, belge une fois, désigné pour l'affaire Reugny. Kulbertus est obèse et fier de l'être, il lui faut ses frittes quatre fois par jour. Il n'est pas compliqué, il consomme les viandes dans l'ordre alphabétique: boulettes, cervelas, fricadelles, steak. "Toujours dans le même ordre. Toujours avec des frites". Et ses litres de bière. A force, faut dire qu'il n'a pas toutes ses frites dans le même sachet le dikkenek. Il rote, il pète, à quinze jours de sa retraite, il en perdrait ses tartines puis c'est qu'il n'a pas sa langue dans sa poche, bref, cet inspecteur c'est une tornade qui nous en fait voir de toutes les couleurs et apporte à cette histoire une consistance appréciable. A côté de lui, il y a Nicolas Tèque, un journaliste français, de Paris carrément avec l'accent parisien et tout et tout (la vielle Léontine ne va pas le rater d'ailleurs, oeil pour oeil...). On l'envoie pour enquêter sur le suicide suspect de Rosa Gulingen, une ex star du cinéma dans les années soixante. On l'a retrouvée noyée dans la baignoire d'une chambre du Grand Cerf le 6 du 6 1960.. Drôle de coïncidence. Depuis, le Grand Cerf, c'est un peu le mausolée à la mémoire de Rosa. J'avais pris soin de noter sur une petite fiche la liste des personnages histoire de n'oublier personne et de mener ma propre enquête. Finalement, l'auteur parvient très bien à nous rendre accessible chacun d'entre eux, à force d'anecdotes, de répétitions utiles. Les personnages sont attachants, singuliers et ne passent pas inaperçus. J'ai beaucoup aimé la première partie de ce roman qui plante le décor, je l'ai préférée à la seconde qui distille indices sur révélations. Tout n'était malheureusement pas toujours très clair à suivre et en refermant le livre, je suis restée sur ma faim n'ayant pas eu toutes les réponses aux questions que je me posais. C'est peut-être le genre de livre qu'il faut lire deux fois pour en assimiler toutes les subtilités. Les indices sont distillés dans un certain brouillard où il suffit d'un moment d'inattention pour en perdre le fil. Malgré mes bémols, j'ai aimé le style rafraichissant de Franz Bartelt qui ne manque pas d'humour ni même de poésie pour camper un thriller policier aux allures anticonformistes à mon plus grand plaisir. J'ai vu sur Babelio que cet auteur a écrit pas mal de livres assez diversifiés. "Depuis qu'elle est morte, elle va beaucoup mieux" sera certainement mon prochain. Sur ce, mes p'tits poyons, je vous fais la baise et vous dis qu'à torat.

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