La Coccinelle des livres

Ce matin-là

Livre écrit par : Gaëlle Josse Maison d’édition : J'ai Lu
Chronique créée le 20/02/2021 4 commentaires
Il y a douze ans, Clara assiste presque impuissante à l'effondrement de son père.
Douze ans plus tard, ce matin-là, c'est Clara qui s'effondre.
Gaëlle Josse dédicace ce livre « À tous ceux qui tombent ».

Je suis tombée.
Il y a trois ans.
Effondrée dans ma cage d'escalier. le corps en miettes. L'esprit vidé et aspiré par du trop plein.
Le corps en lambeaux.

Ce matin-là est un roman qui mériterait d'être souligné de long en large tant il n'est que prose et verve.
Mais, effondrés à lécher le sol, avez-vous accès à ces montagnes de prose ?
Je vous réponds en mon âme et conscience : non. Vous n'avez plus accès qu'à un monde en noir et blanc.
Alors pourquoi toutes ces couleurs dans ce livre ? Ces couleurs m'ont sauté aux yeux très vite. Gaëlle Josse décrit tout comme si elle écrivait avec des pinceaux de couleur. du jaune ici, du vert par là, du bleu.
Éblouissant.
Étourdissant.
Évanescent.
Et puis quoi encore ?

Un petit tour à la mer parce que l'envie de voir l'océan vous prend soudainement ?
Ou un détour chez le fleuriste pour acheter un bouquet de tulipes ?
Vous croyez vraiment qu'effondrés par terre, on ait l'envie d'une escapade à la mer ou de bouger chez le fleuriste ?
Non. C'est comme l'été. Il fait peur quand il arrive. Il fait honte et horreur. Car effondrés par terre, on pleure de ne pouvoir toucher ces gens heureux, de ne pouvoir marcher jusqu'au fleuriste du coin, de ne pas suivre le bonheur léger des vagues au loin berçant l'océan.

J'ai lu ce livre par envie et intérêt personnel. Je n'y ai vu que du talent stylistique et très peu d'humanité.
L'effondrement pour Gaëlle Josse est introspectif, impalpable, silencieux. Et très lyrique, presque chantant, très arc en ciel aussi.

J'ai lu ce livre et je n'ai qu'une envie, crier, hurler. Tout mais pas ça. Pas ces couleurs partout. Pas ces phrases imagées métaphoriques à souhait qui enrobent la souffrance. de la simplicité pour que tous ceux qui tombent s'y retrouvent. Parce que la nuit pour beaucoup est parfois très longue. On n'a pas besoin de tulipes, de mer, de chemises jaunes fleuries. Quelqu'un qui pleure et qui a mal peut être très simple. Elle parle avec son coeur, ses tripes et son corps. le cerveau est verrouillé. Ce matin-là fut trop cérébral et lyrique pour me convaincre.

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