La Coccinelle des livres

Billie Pretty a disparu

Livre écrit par : Sophie Astrabie Maison d’édition : Flammarion Nombre de pages : 400
Chronique créée le 12/06/2023 15 commentaires

4è de couverture


« Si je m’appelle Billie, c’est grâce à cette chanteuse américaine qui avait la plus belle voix du monde. Billie Pretty. Marcel me racontait cette histoire quand j’étais petite et que je n’arrivais pas à m’endormir. »Depuis qu’elle est enfant, Billie est élevée dans une petite ville de province par Marcel, son grand-père. C’est dans ce milieu modeste où chaque centime compte, où les distractions sont rares, qu’elle grandit.Mais un jour d’été comme les autres, dans l’escalier de son immeuble, Billie rencontre Maxime. Avec lui, elle découvre l’amitié, la confiance et l’amour. Ils vont se perdre, se retrouver, se perdre encore…C’est l’histoire de deux personnes qui s’aiment depuis l’enfance, mais pas en même temps. C’est l’histoire d’une petite fille qui croit en sa légende personnelle même après que celle-ci s’est effondrée. C’est l’histoire de Billie, qui va tout faire pour exister.

Première page 

J’ai 7 ans. Je marche en équilibre sur la bordure de la cour, mes bras tendus à l’horizontale comme les ailes d’un avion. Un pied devant l’autre, j’essaie de fixer mon regard au loin car c’est ce que m’a conseillé

Marcel, regarder loin devant et surtout, surtout ne pas regarder mes pieds. J’avance de plus en plus facilement à mesure que les journées passent. Au début des vacances, je n’arrivais pas à faire plus de trois pas. Aujourd’hui, je fais plusieurs fois le tour de la petite cour carrée de l’immeuble gris et bancal où j’habite. Je me suis promis qu’avant la fin de l’été, j’y arriverai les yeux fermés.

Mon pied dérape de la bordure, à peine quelques centimètres après mon précédent record. Je sors la craie bleue de ma poche et la frotte sur la pierre pour inscrire une nouvelle marque. Je passe la bretelle de mon sac à dos sur mon épaule, je fixe mon casque sur mes longs cheveux bruns et je quitte l’immeuble en glissant sur mon skate.

Billie Pretty a disparu.

Le soleil est déjà haut dans le ciel et chauffe doucement mes avant-bras. Le mois d’août vient de commencer et la ville s’est vidée de ses habitants.

Certaines boutiques ont même baissé leur lourd rideau de fer et un bout de papier flotte, accroché à leur devanture. Tout le monde semble être parti.

Tout le monde, sauf moi. Je préférerais être à la mer, c’est sûr, mais j’aime bien avoir la ville pour moi toute seule. Dans le parc, les animaux sortent de leur cachette, surtout les écureuils qui ont moins de choses à se mettre sous la dent. Alors le soir, pendant le diner, je glisse un morceau de pain dans ma poche. Je fais ce geste discrètement parce que mon grand-père ne supporte pas le gaspillage. Il a connu la guerre et il paraît que la guerre, ça donne faim.

J’arrive sur mon banc préféré, celui à l’ombre d’un grand chêne. J’aime ses branches puissantes.

Rien n’est plus rassurant qu’un arbre et c’est sans doute pour cela que j’aime tant Marcel. Il a un côté vieux tronc.

Comme tous les jours, j’essaie de faire le tour du chêne avec mes bras. J’embrasse l’écorce rugueuse qui sent bon comme la vieille table en bois de la cuisine. J’ai le sentiment que le jour où j’arriverai à l’enlacer complètement, je serai assez grande pour partir.

Extrait

« Je crois surtout que la vie elle s’en fout un peu de tout et que, depuis le début, il n’y a que toi et moi. Je m’en fiche de savoir où l’on va. Je m’en fiche d’aller nulle part. Je sais juste que je veux aller partout si c’est avec toi.»

Chronique 

Depuis quelques jours, le soleil s’en donne à cœur joie, les oiseaux chantent, le bleu du ciel apaise les cœurs tourmentés. J’ai envie de sortir de  ma pile à lire ces livres aux couleurs chatoyantes. Le dernier roman de Sophie Astrabie me fait de l’œil avec sa jolie couverture jaune d’où des oiseaux s’échappent de sa tête. Il y a souvent beaucoup de créativité dans ces livres d’été. Pourquoi les bouder? Entre deux pavés ou deux lectures plus noires, ces livres ont le mérite de nous détendre, de nous permettre de laisser papillonner nos sens dans la jolie nature environnante sans perdre le fil. Que du bonus. Et de temps en temps, ça fait du bien de se reposer le cerveau.


Comment grandit on quand on a quatre ans, sans père ni mère, que c’est un « vieux tronc » prénommé Marcel qui nous élève tant bien que mal. Avec des étoiles fluorescentes accrochées au plafond d’une chambre et cette histoire magique pour seul souvenir d’une mère partie prématurément.
« Billie Pretty était la plus grande chanteuse que le monde ait connu. Elle était petite et ronde, avec de grands yeux noirs et une bouche aussi rouge que mon C15 du temps où il était rouge vif. Quand elle chantait, plus personne ne pouvait être triste. Elle était un pansement en forme d’arc-en-ciel, les premières cerises du printemps, la résolution de toutes les équations. Il paraît même que le président de la République faisait appel à elle pour adoucir les négociations et éviter les guerres. »
La petite Billie a quatre ans quand elle est parachutée chez son grand père, seule famille qu’il lui reste. Son prénom lui viendrait selon Marcel de sa passion de sa maman pour cette chanteuse Billie Pretty.
On va suivre l’évolution de Billie année après année, ses années avec Marcel puis sa rencontre à huit ans avec Maxime, un enfant de son âge en vacance chez sa tante.
Billie, elle est belle, drôle aussi, il n’y en a pas deux comme elle, elle balance des mots que seuls son grand père et elle connaissent mais ça, Billie ne le sait pas. C’est ça l’enfance, un cocon où tout semble léger, comme un nuage de rêves.
C’est le premier roman que je lis de Sophie Astrabie. J’ai aimé ce vent de fraîcheur, ce côté roman de plage auprès de personnages – Billie et Maxime qui grandissent sous nos yeux, sans faire de bruit, juste assez pour s’aimer du bout de l’enfance .
Il y aura des moments phares pour Billie, des écorchures qui abîmeront l’enfance et la feront grandir trop vite. Comme ce jour où Maxime lui dit que Billie Pretty n’existe pas. Comment se construire sans racine, dans un brouhaha de mensonge ?
Sophie Astrabie écrit avec son cœur en bandoulière, sans mièvrerie mais avec suffisamment de douceur pour nous émouvoir et pincer notre cœur à notre tour.
Plus de trente ans de la vie de Billie en moins de 300 pages, ça peut sembler défiler à toute vitesse surtout quand après une soirée, on est déjà à la moitié du livre sans avoir vu le temps filer. Ça pourrait en rebuter certains qui aiment la lenteur et prendre leur temps de s’attacher aux personnages. Ici, tout va vite, on ne sait pas trop à quoi ressemblent Billie ou Max, l’auteure nous dispense de ces détails. Peut-être le seul bémol que j’émettrai sur ce livre. Mais pour lire au soleil sous un parasol, ce roman est juste idéal.
Pour la photo de cet article, Maika et moi nous sommes beaucoup amusées,
en voici la preuve 🙂

L’auteure: Sophie Astrabie 

 

« Je m’appelle Sophie, je suis née en 1988 à Albi. Aujourd’hui je vis à Toulouse.

J’aime les trains de nuit en été, les surfaces lisses pour faire du skate et les salades de riz. J’aime aussi chercher les sosies de gens connus dans les gens pas connus, la décision d’ouvrir une bouteille de vin, les chansons en allemand, éternuer deux fois d’affilée, les rires bruyants, les couvertures Gallimard, l’océan en hiver et le sable plus chaud que l’air.

Je n’aime pas les gens qui s’arrêtent soudainement au milieu du trottoir, la première impression et les mots imprécis. L’industrie du collant, les “comme tu veux”, la betterave, les manches qui roulent sous le manteau et les gens qui ont des oiseaux.

J’aime les lundis matins, les vieilles photos dans les vides greniers et l’odeur de la citronnelle sur les draps en été.

Mais ce que j’aime plus que tout, c’est raconter des histoires.

Alors j’ai créé ce site pour pouvoir raconter encore plus d’histoires dans tous les formats possibles et imaginables. Et parfois les histoires, ce sont les objets qui nous les racontent… »

 

Découvrez-là et toute sa biographie sur son blog: https://sophieastrabie.com/

ou sur Instagram où elle rencontre un beau succès: https://www.instagram.com/sophieastrabie/

Si vous aimez les romans estivaux

 

 

voici quelques suggestions: 

Connaissez-vous cette auteure, Sophie Astrabie?

Qu’avez-vous lu et aimé d’elle ?

Et pour l’été, que me recommandez-vous ?

Commentaires

15 commentaires

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    Sylvie

    le 18/06/2023 à 16:06
    Comme toi, j’aime lire de temps à autre un roman « frais » comme tu dis, et sans prise de tête. Les vacances approchant, c’est tout-à-fait le style de livre qui trouverait sa place dans ma valise. Apparemment, Maika a apprécié aussi !
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      magali

      le 18/06/2023 à 16:06
      Coucou Sylvie, Merci beaucoup pour ton message sur mon bébé blog 🙂 Oui ce livre ou les autres livres de Sophie sont plaisants à lire pendant ses vacances. L’écriture est fluide et l’histoire sans temps mort. De temps en temps, ça fait du bien un livre léger qui apporte cette petite bise fraiche. Gros bisous de Maika et moi 😉
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    Chrystèle

    le 15/06/2023 à 07:06
    Un livre qui semble lumineux, Maika en sourit d’aise (j’adore cette photo) ! Merci Magali pour ce rayon de soleil !
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      magali

      le 15/06/2023 à 22:06
      Merci Chrystele pour ton sourire par chez moi. Ma petite Maika est une boule de poils hyper affectueuse et gentille comme tout. C’est mon petit trésor.
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    Marie-Pierre

    le 15/06/2023 à 05:06
    Aah Magali !! Comment veux-tu que je m’en sorte avec tes enthousiasmantes et si bien écrites chroniques ? Combien de vies nous faudra-t-il pour solder la pile de livres qui nous attendent ? Trêve de réflexions qui ne mènent nulle part, en plus de ta jolie touche personnelle et de celle de Maïka, la couverture est une incitation à la lecture.
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      magali

      le 15/06/2023 à 22:06
      Merci Marie-Pierre, J’ai noté ce livre avec 3 🐞 /5 car ce n’est pas de la littérature en haute voltige. C’est une lecture agréable entre deux romans noirs ou des pavés etc. Ça détend et parfois ça fait du bien ce genre de livre « facile ».
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    Sandrine (100Dreams)

    le 14/06/2023 à 21:06
    La photo avec Maika est trop mignonne. Elle met le sourire, tout comme ton sympathique billet joliment présenté. Merci Magali.
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      magali

      le 15/06/2023 à 22:06
      Merci Sandrine, J’aime beaucoup agrémenter mon blog de quelques photos plus intimes, c’est un chouette souvenir.
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    Theo

    le 12/06/2023 à 17:06
    😎
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    Theo

    le 12/06/2023 à 17:06
    Vraiment chouette la photo de Maika !
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      magali

      le 12/06/2023 à 17:06
      Oui c’est un drôle de clown cette boule de poils 😂
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    Marie

    le 12/06/2023 à 15:06
    Voici une chronique réussie, qui donne envie de connaître Billie et Maxime semblent très attachants. Je note ce titre !
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      magali

      le 12/06/2023 à 16:06
      Merci Marie, ce livre est frais et se lit d’une traite sans temps mort. Si tu as lu de beaux livres estivaux, n’hésite pas à m’en parler. Vive l’été, le soleil et les vacances. ☀️🏖🍦
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    Babounette

    le 12/06/2023 à 14:06
    Une bonne idée de lecture Magali, chronique pleine de fraîcheur. Un livre pour se sentir bien.
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      magali

      le 12/06/2023 à 16:06
      Merci chère babounette, Ça fait du bien de lire de temps en temps des livres légers bons pour le moral. Et toi as-tu des titres que tu me recommandes ? Gros bisous ventilés à toi ⛱

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