Un vrai bon moment de lecture que ce Alabama 1963.
Années soixante, au coeur d'une Amérique ravagée par la ségrégation, Bud est un détective alcoolique, souillon et mal en point. Adela est noire, domestique pour blancs renfermés dans leurs préjugés, sauf quelques exceptions. Quand on signale la disparition d'une enfant noire, la police n'en a que faire. Il faudra attendre la seconde ou la troisième disparition pour que Bud s'en inquiète. Surtout depuis que Adela vient nettoyer chez lui. Deux univers opposés et qui pourtant ont tant à s'apporter. C'est ce que ce livre dégage, un condensé d'humanité, de tendresse, de clichés qui valdinguent. Résonne au loin la voix de Martin Luther King, j'ai fait un rêve
L'histoire est passionnante à suivre, elle se dévore avec ses nombreux passages qui font sourire, l'écriture cinématographique à souhait se voit et se vit avec entrain. Pas l'ombre d'un ennui ici. Moi qui ne suis pas férue de littérature américaine, j'ai repensé à ce si beau film qu'est La couleur des sentiments (je n'ai pas lu le livre) avec ses protagonistes tout en couleur. Les patronnes d'Adela sont aussi très bien campées, l'une clouée a son lit perdue dans ses rêves et visions de médium, l'autre qui préfère astiquer sa maison pendant que Adela sirote son thé.
L'enquête est selon moi prétexte à faire la part belle a ces deux antagonistes que sont Bud et Adela, une manière de faire rencontrer deux mondes qui se comprennent mal, se fuient, se rejettent. Une manière dans ces temps blessés par des préjugés ancestraux de laisser passer la lumière, de vivre auprès de la peur et des idées préconçues afin d'avancer main dans la main, blanc et noir.
Un très beau roman pétri d'espoir, d'humour, de tendresse et d'intelligence. Je recommande sans hésiter.
La Coccinelle des livres
Alabama 1963
Chronique créée le 27/12/2021
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