Mi-conte, mi-fable asiatique, ce petit livre envoûte
par son histoire et sa plume qui font mouche.
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Cela faisait bien longtemps que je n’avais plus lu un roman asiatique. Quel plaisir de renouer avec cette écriture à part, teintée d’onirisme, effleurant l’âme et le cœur. Merci à @HordeDuContrevent (
des chroniqueurs hors pair ) de m’avoir encouragée à m’aventurer loin de ma zone de confort. Sa chronique a fait mouche !
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Une sécheresse impitoyable s’abat sur un petit village en Chine contraignant tous les habitants à fuir à la recherche d’eau et de nourriture. L’aïeul, lui, refuse de partir d’autant plus que dans son champs un pied de maïs survit. Avec l’aveugle, le chien, ils vont ensemble braver le soleil harassant pour tenir un jour de plus, par la seule motivation de ce pied de maïs. L’aïeul va le chérir avec les moindres moyens disponibles, usant d’imagination pour qu’il grandisse jusqu’à l’automne. Mais la faim, la soif et les rats, féroces tenaillent l’espoir et les maigres forces.
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La relation de l’aïeul avec son chien est très bien rendue. Même si le vieil homme n’est pas toujours tendre avec l’aveugle, le chien semble, à défaut de voir, comprendre à la perfection les attentes de son maître qu’il gratifie de caresses et de fidélité.
L’épilogue m’a émue, je ne m’attendais pas à une telle fin. Cette osmose entre l’aïeul et son chien, fruit d’une solitude redoutable m’a cueillie le cœur lourd.
La description onirique mais fluide du soleil est aussi de toute beauté. J’ignorais qu’il était possible de peser le soleil…
Il y a aussi ces passages haletants face à ces milliers de rats prêts à tout pour survivre.
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Yan Lianke avec Les jours, les mois, les années signe un petit livre sous forme de conte ou de fable. Il met en exergue l’ambiance particulière de cette histoire nous faisant ressentir la soif , la faim et la solitude avec une force imagée et sensorielle surprenante. En lisant ce livre, on bénit l’eau qui coule à flot, nos garde-manger bien rempli et on prie pour que le dérèglement climatique ne nous plonge pas dans un tel monde hostile et apocalyptique.
« Un combat hypnotique universel d’une profonde humanité, une lutte pour la survie sertie d’une écriture poétique et onirique, les images sont surprenantes et d’une beauté simple à couper le souffle. La sécheresse narrée au moyen d’un texte luxuriant et foisonnant dont on ressort les yeux humides d’émotion et le cœur gros. Très gros. »
La chronique de HordeDuContrevent sur Babelio
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