La Coccinelle des livres

Archie

Livre écrit par : Alia Cardyn Maison d’édition : Pocket Nombre de pages : 288
Chronique créée le 24/12/2022 0 commentaire

4e de couverture


L’histoire bouleversante d’un jeune qui marche mille kilomètres en quête d’humanité.
Archie, seize ans, est placé en institution. Sa mère, toxicomane, est incapable de s’occuper de lui. Au lieu de consentir à ce quotidien qui l’enferme, Archie lutte. Un jour, un rêve se dessine. Tout quitter pour rejoindre à pied une école où les enfants sont libres d’apprendre ce qui les intéresse vraiment.
Archie entame ce périple sur le sentier des douaniers. À force de silence, son histoire se superpose au ciel, à la mer, à la falaise qui fond dans les flots. Le film de son enfance se déroule, brut et lourd de secrets. Mais aucune vie n’est perdue d’avance. Archie découvre le journal de Madeleine – l’infirmière qui l’a accueilli le jour de sa naissance –, et en chemin, ce jeune poète va se révéler.
Avec Archie, Alia Cardyn offre un récit lumineux et surprenant sur la construction d’un être et de ses rêves.

 

 

L’angoisse me renifle, elle attend que je craque. Je la sens rôder autour de moi. Mon ventre se serre. Je m’oblige à fixer les astres comme si ma place ici était juste. Comme si elle était mon droit. Comme si j’avais un droit, moi, Archie, le roi du néant.

Dans la nuit de nos vies
Il y a toujours les étoiles
Il y a toujours les arbres
Il y a ce chemin qui serpente

Dans le plus sombre de nos heures
Il y a cette minute qui scintille
Elle raconte autre chose
Et parfois, on parvient à écouter

Elle parle de paysages loin d’ici
Elle ressasse leurs promesses
Ils se dessinent malgré nous
Nous sauvent de notre présent

Et si la minute se fait longue
Elle peut éclipser le reste
Parce qu’elle contient l’espoir
De devenir une heure qui scintille

Archie, petit homme de seize ans est placé dans une institution depuis sa naissance. Sa mère, toxicomane ne peut s’en occuper. Archie, petit poète en mal d’amour décide de s’en aller afin de rejoindre une école démocratique. Une école où la liberté règne en maître. Sur sa route, Archie découvre le carnet de Madeleine, l’infirmière qui s’est occupé de lui et de sa maman à sa naissance. Elle y dépose les premiers souvenirs d’Archie auprès d’une mère qui malgré sa souffrance a tenté tant bien que mal de protéger son fils. Pourtant Archie ne cesse de hurler la présence de celle qui lui manque plus que tout depuis son enfance : sa mère. Elle qui refuse d’accueillir son fils, elle qui ne se sent pas à la hauteur, pourchassée par des maux invisibles. Archie n’a qu’un rêve, vivre avec sa mère, qu’ensemble ils soient fous, libres et heureux. Il voudrait que sa vie ne soit plus que cela. De l’amour, de l’amour, de l’amour.

 

Archie m’a touchée en plein cœur. C’est avec la chair de poule que je referme cette histoire ô combien émouvante. Archie, roi du néant travaille à faire de ses larmes des mots et de ses maux, des poèmes. Petit troubadour en détresse, il lit les Lettres a un jeune poète de Rainer Maria Rilke dont il s’inspire pour écrire des poèmes à sa mère quand elle vient lui rendre visible sous son manteau noir où suintent le silence et la peur.

Pendant que l’un trébuche, s’accroche et espère l’amour d’une mère, on s’avance avec émotion dans les confidences de l’infirmière Madeleine. On aperçoit les balbutiements d’un amour fragile. Une bouche, un sein, des peaux qui se lient. Des émotions ressurgissent du temps où notre enfant venait de naître. On ressent les effluves d’un moment précieux de peau à peau, l’alchimie de deux êtres que l’instant présent relie à l’éternité. Et comme l’écrit si bien Alia Cardyn, « Celui qui naît seul mérite toute la lumière du monde. »

C’est un livre précieux que voilà, peut-être mon préféré de cette délicate auteure belge. Les émotions sont à fleur de peau, la détresse palpable, l’amour qui se cache et laisse le jeune Archie en manque, comme depuis sa naissance.

La berceuse de l’amour ne peut rien pour celle qui tremble comme une feuille. Cette mère qui trébuche et a cessé d’y croire.

 

 

« Les enfances tragiques ont ceci de particulier qu’elles s’inscrivent dans un flou. Parce qu’elles ne se vivent pas, elles s’oublient. Le traumatisme est partout. Il brûle, il détruit, il éteint. »

 

Archie, livre bouleversant qui morcèlent avec justesse les blessures de l’enfance, les blessures du manque d’amour. Ne reste que les mots, la poésie pour envoyer valser la grisaille d’une tragédie.

 

Mes autres retours sur les livres d’Alia Cardyn: https://coccinelledeslivres.be/bibliotheque/?search=Alia+cardyn

En 3 lignes, Archie c’est…

Mon livre préféré d’Alia Cardyn.

Une histoire émouvante d’un adolescent qui a soif d’amour.

Une histoire profonde sur la difficulté d’être mère.

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