La Coccinelle des livres

Autobiographie d’un épouvantail

Livre écrit par : Boris Cyrulnik Maison d’édition : Odile Jacob
Chronique créée le 03/08/2022 0 commentaire
Je continue mon exploration de ces ouvrages dits de développement personnel avec ce livre de Boris Cyrulnik, Autobiographie d'un épouvantail. L'auteur dissèque le processus de résilience après des traumatismes dans l'enfance à travers des événements forts: la seconde guerre, le génocide rwandais, les catastrophes naturelles, les attentats terroristes, l'adoption. On y comprendra ici combien la prise en charge psychologique après un drame est primordial afin de sécuriser le sujet. Que l'imagination, la rêverie, le déni sont autant de palliatifs pour panser la souffrance. « En pleine épreuve, la recherche de soutien social, l'humour, le déni, la foi et l'action ont été considérés comme des facteurs fiables de résistance. » Les exemples de l'auteur sont très éloquents, ça en apporterait presque un soulagement psychique à travers l'espoir qu'il véhicule. Réaliser que notre terre a vécu des chaos et cataclysmes sans précédent mais en renaissant chaque fois de ses cendres sous d'autres formes insuffle une envie de croire que l'humain détient lui aussi cette force de renaître du chaos. « Le pouvoir de la vie est si puissant que, tel un énorme torrent, il repart sous d'autres formes après un fracas. » Boris Cyrulnik déculpabilise ses lecteurs également. Il nous offre la possibilité de voir notre existence sous d'autres formes, de raconter notre roman avec d'autres mots afin de supporter l'impensable. « Supposons qu'il n'y ait jamais de chaos dans notre existence, nous vivrions dans une routine anesthésiante, une non-vie avant la mort. Par bonheur, quelques moments de fracas existentiels jalonnent notre mémoire. Nous en souffrons, bien sûr, mais après le coup, quand nous y repensons, ils charpentent notre identité narrative : « je suis celui a qui est arrivé une blessure incroyable. Je suis devenu le héros intime du roman de mon existence. Je sais mieux que quiconque ce qui m'est arrivé et comment j'ai combattu cette souffrance infligée. Je suis passé de la confusion à la clarté. » » J'ai aimé cette mise en lumière de ces petits riens qui nous permettent de tenir debout, déni ou résilience, cette compréhension de la société, de l'humain, de la transmission qui nous fragilise. J'ai passé quelques pages concernant les attentats terroristes qui m'ont moins intéressée. En conclusion, j'ai envie de terminer avec ce passage qui offre à mon sens une bouffée d'air frais qu'il faudrait saisir de toute urgence là où la souffrance continue de suinter douloureusement. « Avec une seule existence, on peut écrire mille autobiographies. Il n'est pas nécessaire de mentir, il suffit de déplacer un mot, de changer un regard, d'éclairer un autre aspect du réel enfoui. »

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